Chapitre 4 : la soirée

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« Il n'existe pas de tribunal pour condamner les actes de métissage. Chaque peuple applique ses propres règles. Il est possible d'agir en amont, en séparant les amants avant qu'un fruit immonde naisse de cet union ou en agissant directement sur l'enfant né et en punissant les parents pour cet acte odieux. Chacun doit prendre conscience que le fruit qui sortira de ce métissage sera pervertie et maléfique. Les exemples ne manquent pas... Les fées ne sont-elles pas issues du mélange entre un elfe et une sirène ou un sorcier ? Alors pour remédier à ces catastrophes, il conviendra de punir les amants par la mort, leur chatiment saura dissuader d'autres espèces à tenter le mélange qui engendrera notre mort. »

  Extrait de l'histoire des peuples

***

« Merde »

Le mot est sorti comme d'une autre bouche que la mienne. Je ne peux pas m'échapper mais pourquoi est-ce que je le ferais ? Il faut que je cours mais non, j'ai envie de monter dans sa voiture. Je ne le connais pas ? Si j'ai l'impression de le connaitre plus que je ne me connais moi-même. Illusion ? Non, enfin peut-être. Je dois prendre une décision là alors j'y vais.

NON

Je reste plantée sur le trottoir. Ma propre personnalité doublée est pour une fois en confrontation directe. Faut que je retourne voir la psy, ça devient inquiétant. L'ordre de ne pas bouger a été tellement intense que mon corps a refusé de s'avancer. Que dois-je faire, alors ? Fuir. Mais pour aller où ? Loin. Voilà je recommence à me disputer avec moi même. J'aimerai faire quelque chose mais ma double personnalité s'y refuse.

Ma psy m'a qualifié de schizophrène mais elle m'a dit que j'étais guéri... A l'heure actuelle, j'en doute fortement.

- Je ne te ferai aucun mal... me rassure-t-il.

Oui, je le sais.

T'as qu'à croire !

Schizo ! C'est sûr ! Je suis bonne à interner !

J'arrive enfin à m'avancer, mes jambes me semblent lourdes et ma démarche gauche. Qu'est-ce que je risque ?  A ton avis ? J'arrive à la portière et une bouffée d'angoisse m'envahie. Je dois être rouge de honte. Je n'ose pas ouvrir la portière afin de le rejoindre, je n'ose pas où je ne le peux pas ? Mais il met un terme à mes doutes et m'ouvre la porte.

Lorsque je m'installe à côté d'Eden, une joie presque brulante mélangée avec une crainte presque névrotique me submerge. Je suis bouillante, comme si j'avais de la fièvre. Il enclenche la première et son bras me frôle. Ca me trouble à nouveau et je sens une soudaine ébullition de mon sang.

J'essaie de paraître cool à ses côtés, comme si j'avais l'habitude de monter à côté d'inconnu. Mais il n'est pas un inconnu, si ? Pas entièrement en tout cas. Je tente un léger regard vers lui, pour me raviser aussitôt. Ne pas le regarder ! Ne pas le regarder ! Il semble concentré sur la route, il ne remarquera pas si je le regarde, juste un instant. Furtif. Rapide. Invisible.

Son profil parfait me donne envie d'y rester accrochée mais je viens déjà de passer pour une névrosée sur le trottoir, je ne vais pas également accentuer le sentiment par un regard de perverse obsessionnelle.

Aucun mot n'est prononcé durant le trajet, je lui jette des regards, essayant de ne pas paraître folle à lier et lui reste sérieux, les yeux braqués sur la route.

Il s'arrête devant chez moi. Malgré moi, je suis soulagée et une autre partie de moi aurait souhaité que la route dure beaucoup plus longtemps, son parfum m'enivrant à chacun de ses mouvements. Il ne me regarde toujours pas, il semble perdu dans ses pensées. Je m'apprête à sortir lorsqu'une question me vient :

Atlantes *Shalia (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant