OS // Nos Âmes reposées // (Obitine)

52 8 6
                                    


Douleur Douleur Douleur Douleur.

Néant.

Larmes.

Les jardins de Mandalore étaient plus verts qu'ils ne l'avaient jamais été ce jour là. Les arbres étaient fleuris, décorés de milliers de couleurs, le palais semblait scintiller comme s'il avait été taillé dans des cristaux de glace, le ciel était d'un bleu immaculé et étourdissant, et le silence, éternel silence, était étouffant.

Aujourd'hui les Jedi partaient.

Leur vaisseau était arrêté sur la place pavée juste devant elle, les moteurs étaient en marche, les propulseurs crachaient un air si chaud que le paysage au travers semblait fondre. La passerelle métallique, froide et lourde, demeurait vide à attendre le moment opportun pour tout engloutir dans ses affres obscures. C'était la potence de son esprit.

Et Satine, en dépit de tous ses efforts pour cadenasser ses émotions au fond de son âme meurtrie, avait tellement mal qu'elle préférerait en mourir.

Son cœur saignait, mutilé, déchiré, noirci par l'horreur de ces dernières années de chaos qu'elle avait enduré sans rien pouvoir faire. Tout était mort autour d'elle, tout avait brûlé. Et maintenant que le calme était là, que la paix semblait enfin s'étendre dans le système de Mandalore pour en préserver la vie, elle, elle avait l'impression d'être toujours au milieu des cendres et des flammes, seule, perdue. Toujours vivante.

Parce que Obi-Wan allait partir.

Tomber amoureuse de lui n'avait, certes, pas été la meilleure des idées, parce qu'elle avait toujours su, du premier instant jusqu'à aujourd'hui, que cela était et serait toujours impossible pour eux de vivre ainsi. Ils appartenaient à deux mondes différents, lointain, distants, radicalement opposés. Mais voilà, il était arrivé, avec son caractère capricieux, sa force inébranlable, son courage et sa générosité. Il était arrivé avec toutes les nuances d'un esprit rebelle, Il avait été de tous le seul capable de la faire sourire malgré tout, le seul capable de la faire se sentir plus vivante que jamais, même au fond d'une jungle épaisse et humide, même poursuivie par des armées de chasseurs de primes sans aucune morale. Ils avaient couru, fui, sans jamais savoir de quoi demain serait fait, jusqu'à l'épuisement, tenaillé par la faim, la soif et la fatigue, et le destin s'en était irrémédiablement mêlé, comme toujours.

Il avait gardé sa tête hors de l'eau, et maintenant, elle coulait.

Parce que la simple idée de ne plus jamais le revoir lui était insupportable.

La scène était ainsi, comme figée dans le temps pour quelques secondes de plus. Face à face, lui prêt à partir, son regard bleu empli de tristesse noyé dans le sien, qui menaçait de se voiler de larmes d'un instant à l'autre. Elle voulut parler. Sincèrement. Dire quelque chose, n'importe quoi, mais les mots, coincés au fond de sa gorge nouée, ne parvinrent à sortir. Son âme hurlait à la mort, hurlait encore et encore, tellement fort qu'elle en avait la tête qui tournait. Mais ses lèvres restaient irrémédiablement scellées. Et Obi-Wan fit lentement volte face, un pas en direction de son vaisseau, les épaules voûtées et le cœur en brailles.

Les larmes coulèrent alors sur le visage de Satine. Silencieuse. Mais trop grosses pour que son amant les ignore. Tellement lourde qu'elle avait peur de ne pas pouvoir les porter seule.

Non.

Je ne veux pas qu'il parte...je ne veux pas qu'il....
Je veux qu'il reste, je veux qu'il reste.

Je veux qu'il....

« Reste »

Et le temps, suspendu à nouveau, sembla tout geler brusquement. Tout à coup plus aucun d'eux n'entendait de sons, plus aucun d'eux ne sentait la brise, ne distinguait les couleurs et les reflets de la lumière sur la vie. Il n'y avait que Satine, qui pleurait, les poings serrés, sa complainte déchirant le silence comme le cœur du padawan. Et il y avait le jeune Obi-Wan, qui le regard écarquillé, les larmes au bord des paupières, fixait son Maître qui l'attendait dans l'ombre du vaisseau avec une douleur sans pareille.

Le visage de Qui-Gon était, comme toujours, impénétrable et fermé. Il ressemblait à une statue dans un ouragan, toujours droit, toujours debout, alors qu'autour de lui tout était emporté par la tempête, le vent, l'orage, la pluie. La guerre. Mais, lorsque son regard croisa l'affolement dans celui de son padawan, il se contenta de hocher la tête. Et c'était là sa plus grande force.

Va, disait-il, ils le sentaient. Va.

Alors Obi-Wan se retourna, lentement, puis avec une force qu'il ne se connaissait pas décrocha Satine du sol. Ses bras encerclèrent sa taille presque férocement, sa tête disparu dans ses cheveux blonds, ses lèvres à la fleur de la peau claire de la jeune fille, ses yeux toujours résolument ouvert. Et elle, qui sanglotait, s'accrochait à ses épaules larges comme si le lâcher signifiait tomber dans un gouffre sans fin.

« Reste, Reste... »

Et Obi-Wan ne disait rien, il gardait ses bras serrés autour de son petit corps et épongeait ses pleurs en silence, il s'imprégnait de sa chaleur, de son toucher, de son odeur. Il s'imprégnait d'elle tout entière avec un désespoir presque trop gros pour eux deux. Et lorsqu'enfin, les larmes de Satine se tarirent et que ses pieds retouchèrent terre, elle se rendit compte qu'ils étaient seuls. Le vaisseau qui attendait Obi était parti, depuis longtemps désormais. Les jardins étaient calmes, les arbres étaient verts et colorés de mille nuances. La brise soufflait, et le silence, ô doux silence, emplissait son cœur d'une joie sans pareille.

Lorsqu'il lâcha, et reculant plongea ses yeux dans les siens, des fossettes creusant ses joues, elle sut que jusqu'à sa mort cet instant resterait gravé dans sa mémoire, que jamais personne ne pourrait lui enlever cette image de la mémoire tant son cœur en fut submergé.

« Je reste »

« Je reste »

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Ꭶtar Ꮚars Ꭶtory Ᏼook Where stories live. Discover now