Salimata.. Épisode 1

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              Épisode 1

Salimata se réveilla avec une douleur atroce dans le crâne, le corps engourdi et très douloureux, elle osa un regard sur ses vêtements qui comme elle le savait déjà, était recouverts de sang. 

Le coups qu'avait portés sa tante sur elle, hier, étaient violents.  Sa tante l'avait toujours battu mais hier elle s'était surpassée. 

Les coups étaient d'une telle violence qu'elle ne pu se lever le matin pour accomplir ses tâches ménagères. 

Jamais elle n'avait ressenti une telle douleur. 

Contemplant le plafond de sa chambre qui n'était autre que la cuisine, son dos en contact direct avec le carrelage froid devenait douloureux à chaque fois qu'elle respirait profondément, comme le reste de son corps d'ailleurs. 

Depuis la mort de ses parents, La vie de Salimata était devenue une succession de malheurs et de drames tous aussi éprouvants les uns des autres. 

D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, Elle ne se rappelait pas avoir connu le bonheur. 

À l'âge de 5 ans, elle avait regardé sa mère mourir sous les roues d'un camion, impuissante. 

Ce drame l'avait hanté des années durant.  Et au moment où elle pensait pouvoir souffler un peu, son père mourut à ses 16 ans. 

À partir de ce jour, Salimata vivait dans une nuit noire sans aucune lueur d'espoir, et cela faisait 6 ans que la jeune Salimata vivait dans un cauchemar éveillée où sa marâtre s'amusait à lui montrer à quel point la vie pouvait être sombre, odieuse, et sans issue. 

Combien de fois avait-elle songé à mettre fin à ses jours ? 

Mais c'était plus facile à dire qu'à faire, car elle était faible, elle avait peur. 

Et c'est à cause de cette faiblesse que Tata Aïcha avait fait d'elle ce qu'elle est devenue, une personne sans valeur, un objet qu'elle utilise à sa guise, rien de plus. 

Elle n'était plus rien, n'avait plus rien non plus. 

Dans la maison, ses droits étaient réduits à néant. Elle n'avait pas le droit de manger ce qu'elle avait elle-même préparé de ses propres mains, NON, Tata Aïcha le lui défendait farouchement. 

Elle se contentait des restes et parfois même il y en avait même pas. 

Elle n'avait le droit d'entrer dans les chambres ou le salon, à défaut de devoir y faire le ménage. 

Et après une dure journée où elle avait accumulé gifles, insultes et humiliations, Salimata n'avait droit qu'à un piètre repas, le nécessaire pour la maintenir en vie lui disait sa tante, pour ensuite partager sa chambre avec les cafards et les petites souris. 

Elle n'avait même pas droit à un matelas. 

Elle ne se plaignait pas, elle était beaucoup trop fatiguée pour en avoir le temps. 

Sa vie était terne, vide, et grisâtre. Sa routine était devenue mécanique, son esprit agissait comme si elle était devenue un robot. 

Détournant sa tête vers la porte de la cuisine, elle constata avec effroi que le soleil était au beau milieu du ciel.  Sentant une panique lourde l'envahir, Salimata rassembla ses forces pour se relever mais en vain, elle n'y arrivait pas cette fois. 

Sachant qu'elle vient de signer de  son arrêt de mort, elle sentit les larmes ruisseller sur ses joues. 

Dès que Tata Aïcha sera réveillée en constatant que rien n'était prêt dans la maison... 

Salimata ferma les yeux en osant y croire.

Un hoquet s'échappa de sa gorge quand elle entendit la porte de sa tante s'ouvrir,puis celle-ci qui déclare presque en hurlant 

-<< WA Mane damey beuggg diomi walla ? Domou kharamm bii foumou nekk ? >>  (suis-je en train de rêver ? Où est cette enfant indigne ??) 

À mesure que les pas de sa tante s'approchèrent, elle sentit une peur accablante lui broyer les tripes.  Elle était morte, elle le savait. 

<<Ey way samba, kone yow da nga diouga goull nii ?? >>. (Donc t'es toujours pas réveillée ?? )  lâcha t-elle. 

Elle ouvrit grandement la porte pour venir jusqu'à elle. 

-<<Dafa mélni limala Def démb doyoul >>  (on dirait que ce que je t'ai fait hier ne t'a pas suffit) lui assèna t-elle d'un ton méprisant.

D'une voix à peine audible, sentant ses forces quitter son corps, elle supplia sa tante. 

-<<Ay Tata tey dama wéroul rek wayé souma tanéh dinaa dioukk>>  (je suis juste malade, mais quand j'irai mieux, je ferai tout ce que je dois faire) 

Un rire puissant accueillit sa phrase. D'un regard où elle montra tout son mépris, Tata Aïcha hurla le nom de son fils en sortant de la cuisine d'un pas déterminé. 

Bien que sa tante soit d'une méchanceté et d'une perfidie sans égale, Salimata préfèrait l'affronter elle, plutôt que son fils parce qu'il était le pire de Tous. 

Il lui faisait volontairement du mal et, Salimata réprimait un haut-le-cœur à chaque fois qu'il coulait sur elle un regard qui ne cachait pas les pensées dégueulasses qui traversaient son esprit sans égard. 

Sa peur n'avait jamais été aussi grande, elle voulait se lever, s'enfuir, partir loin, très loin de ces êtres. 

Mais hélas, la vie n'était pas prête à lui donner un répit. 

Débarquant de nouveau dans la cuisine, elle déclara en la pointant du doigt. 

-Elle refuse de travailler aujourd'hui, cette pute se rebelle, elle m'a même insulté. dit-elle à son fils. 

Elle est là, fait d'elle ce que tu veux.. Tue la même si tu en as envie. 

Elle se retourna pour lui lancer un regard méprisant,  puis quitta la cuisine. 

Tata Aïcha Aïcha avait été la pire garce qu'il lui était donné de voir, Salimata croyait parfois qu'elle était sérieusement dérangée. Sa beauté extérieure n'avait d'égale que sa laideur intérieure. 

À présent seule avec cet homme qui la dégoutait autant qu'il la terrifiée, Salimata ferma les yeux en retenant tant bien que mal ses sanglots. 

Aly resta là, de longues minutes sans rien faire, la regardant comme s'il cherchait le meilleur moyen de la punir. 

Puis soudain il déclara, 

-Je ne vais pas te frapper aujourd'hui dit-il en secouant la tête. J'ai une bien meilleure idée reprit-il le regard assombrit en débouchant sa ceinture. 

Salimata pleurait de plus en plus sachant exactement ce qu'il voulait faire. 

En une prière silencieuse, elle espérait de tout son être que la mort vienne à elle.  Elle voulait crier, hurler sa peine et sa douleur mais à quoi bon se dit-elle ? 

Personne ne viendrait la sauver de toute façon. 

Alors c'est impuissante qu'elle regarda son demi-frère lui arracher son innocence, sa fierté, son honneur, en un mot sa virginité, la seule chose précieuse qu'il lui restait. 

Elle n'avait rien ressenti, ni douleur, ni dégoût, ni haine, rien.. Juste un immense vide. Elle était devenue une coquille vide, même la vie semblait l'avoir quitté. 

Tata Aïcha avait réussi à présent. Elle n'était plus rien, juste une âme en peine qui voulait rien d'autre que  de retrouver la paix, quitter ce monde... 

               

           À suivre...... 

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#L'oracle 

El-hadji Cheikh Omar Ndiaye. 

#Slamansa

SALIMATA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant