Épisode 7

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 Assise devant son énorme écran plat, téléphone à l'oreille, Tata Aïcha coordonnait le "Nate" de tontine qu'elle dirigeait elle-même. 

Elle était une femme très influente, mais c'était principalement parce qu'elle exerçait sur son entourage une certaine pression. Personne n'osait la contredire nak, homme comme femme, parce que si elle ne savait pas des choses compromettantes sur le père, elle en avait sur la mère, ou juste pour certains, elle les en  avait sortit d'une situation plus que périlleuse, alors elle n'hésitait pas à se servir de ça contre eux. 

Elle dirigeait d'une main de maître.

Elle n'avait jamais connu le bonheur. À l'âge de 15 ans alors qu'elle n'était encore qu'une petite fille, pleines d'ambitions et de rêves, ses parents l'avaient mariée de force au vieux Bakary, un cinquantenaire parce que ce dernier avait beaucoup d'argent. Elle avait donc vu tous ses rêves s'effondrer en un claquement de doigts. 

Pendant que ses amies allaient à l'école, elle était obligée rester au foyer. Au lit, son mari qui avait des enfants beaucoup plus âgés qu'elle ne le ménageait aucunement. 

Pendant que ce vieux la remplissait pleinement, et avec force, gémissant  comme un phacochère en rut, elle pleurait toutes les larmes de son corps tant la douleur était insupportable. Le vieux Bakary faisait exactement comme s'il prenait une femme de son âge, ignorant délibérément la fille qui criait sous lui.

À son 17ème anniversaire, alors que ses camarades se préparaient pour le bac, elle, se dandinait  avec un ventre qu'elle peinait à porter .

Cette grossesse la dégouttait, elle n'en voulait pas et faisait tout pour y mettre un terme sauf que Dieu en a décidé autrement, et elle fut contrainte de la mener à bout, accouchant d'un petit garçon qui dès qu'il ouvrit la bouche pour sortir ses premières pleurs, elle faillit l'étrangler.

Elle voulait s'en débarrasser mais sous la menace de ses parents, elle fut obligée de le garder. La rancœur qu'elle accumulait dans son cœur prit le dessus sur sa tête. Des nuits durant, elle échafaudait son plan, prenant le temps de de penser à tous les détails usant de son esprit perfectionniste. 

Plus les jours passèrent, et plus son plan devenait fin, ingénieux.  Et quand elle décida de le mettre à exécution, son mari mourut si naturellement que personne n'avait pu avoir des soupçons sur un éventuel meurtre.

Ce jour là, elle s'était réveillée avec la ferme intention de fourrer son mari dans un trou, alors elle était très souriante, docile, exécutant les moindres désires de ce charognard. 

En fin d'après midi elle demanda de l'argent, promettant à son mari un dîner succulent. 

Flatté par le nouveau comportement de sa femme, Bakary affichait un sourire béat sans se douter que ce serait son dernier repas.  Alors le soir comme promis, Tata Aïcha se mit aux fourneaux , faisant rôtir le poulet sous son nez pour titiller le vieux, qui avait même appelé ses parents pour leurs faire part du comportement fabuleux de leur fille dernièrement.  Elle lui souriait, savourant d'avance sa victoire. 

L'odeur alléchante du repas sillonnait la maison camouflant l'odeur nauséabonde de la mort qui s'était invitée à la partie attendant sagement le moment propice pour accomplir son travail. 

Elle était aux anges, car avant de rôtir le poulet, elle avait bien fait le "Moussal " avec une bonne dose de poudre anti rats. Elle avait hâte d'éradiquer ce vieux pervers qui lui avait tout pris comme un vulgaire rat. 

Le soir, monsieur se régala comme un ogre, ajoutant à ce dîner un bon dessert, suivi de deux tasses remplies de bissap. 

Sourire aux lèvres, il s'est endormi sur son lit et ne s'était jamais réveillé. 

TATA AÏCHA était satisfaite, elle disait même qu'elle avait été trop indulgente, car ce vieux bouc était mort le ventre plein et sourire aux lèvres. 

Après la mort de son mari, elle était retournée chez ses parents, héritant de la gigantesque fortune de ce dernier, prête à leur mener la vie dure comme il se doit. 

Elle s'était remariée une deuxième fois, une troisième, s'assurant bien de ne jamais tomber enceint, les enfants c'était pas son délire. 

Sa beauté faisait qu'aucun homme ne pouvait lui résister. Dès qu'elle avait jeté son grappin sur un homme, c'était mort, elle l'aurait par A ou B. 

Et le père de Salimata a eu le malheur de tomber sur elle. 

Pour ce coup ci, elle n'avait pas à manigancer la mort de qui que ce soit puisque le vieux était cancéreux, il n'y avait donc aucune entrave entre elle et la fortune de ce dernier. Sauf qu'elle n'avait pas prévu Salimata qui était devenue un obstacle majeur à tous ses plans. 

Mais elle haïssait plus Salimata parce que cette dernière avait tout ce qu'elle voulu avoir étant jeune.  Elle était jeune, belle et pleine de vie. 

En faite, elle l'a jalousait fortement. 

-"WA sama mère, thiey sama yaye dafa djongoma nak"  (oh ma mère elle est belle) fit Aly en se laissant tomber sur le fauteuil à côté d'elle. 

Touchée dans son ego, elle lui offrit un grand sourire, réajustant son grand boubou getzner sur ses épaules. 

-"ioe tamitt, sa yaye nguey wakhal dh.. Louma namm rek"  "AaH tu t'adresses à ta mère, évidemment que suis belle" 

Aly la regardait dodelinant de la tête, il  était aussi sournois que sa mère et savait exactement comment faire pour la piquer à vif. 

-"wayé légui nga thiolé dh.. Où est Salimata ? 

D'un claquement de doigts, son humeur frôla Zéro 

-Way way Aly loula dal ? Ioe meunoma dimbali nguir yalla ? Doma bayi al Salimata ? (Aly qu'est ce qui te prend ? Tu ne peut pas arrêter de me parler de Salimata ?)   je m'en contre fiche de cette traînée, elle n'a qu'à crever je ne m'en porterai que bien mieux. 

Une vive colère s'était emparée d'elle, entendre le nom de cette fille lui était insupportable. Elle regardait son fils comme si elle allait lui sauter à la gorge, mais ce dernier affichait un sourire plus que satisfait. C'était exactement ce qu'il voulait, énerver sa mère pour mieux l'achever. 

-"wakh nga nii beu paré" ? (tu as fini)? 

Je voulais juste te mettre en garde ma petite maman, mais puisque tu es si sûre de toi, et que tu penses que la situation est sous contrôle, je pense que n'auras aucun mal à gérer la police quand Salimata t'aura dénoncée. 

"Mane nak mangui dem" ( je m'en vais) 

Il n'attendit pas la réponse de Sa mère, qu'il quitta doucement le salon souriant jusqu'aux oreilles, ravi d'avoir une fois énervée sa mère. 

Les yeux fixés sur la télévision, Tata Aïcha regardait les images sans vraiment les voir. Son fils était peut-être un sombre connard, mais pour une fois il avait raison. Elle devait trouver Salimata 'coûte que coûte, cela en valait de sa sécurité et de celle de sa fortune... 

À suivre... 

L' oracle 

El-hadji Cheikh Omar Ndiaye 

SALIMATA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant