Épisode 8

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Le nez collé à la vitre, Salimata regardait l'énorme jardin qui se dressait sous ses yeux. Son souhait le plus cher en ce moment était d'en fouler le sol, sentir l'herbe fraîche sous ses pieds, entourée de toutes ces magnifiques fleurs qui l'appelait incontestablement, mais hélas elle avait peur de croiser une personne de sexe opposé dans cette immense demeure. 

Cela faisait une semaine qu'elle était dans cette maison, une semaine qu'elle côtoyait Yaya et malgré sa peur affolante des hommes, il était le seul qui pouvait l'approcher sans qu'elle ne frôle la crise cardiaque.  Mais elle ne le trouvait pas moins intimidant.  Dieu, comment ne pas faire cet homme était capable de faire plier n'importe qui juste d'un simple regard. Et sa musculature impressionnante la faisait frémir à chaque fois qu'il l'approchait. 

Sa beauté était féroce, virile. 

Il dégageait une aura de puissance et de dangerosité qui laissait sa voix. 

Et cet air de mâle dominant, on pouvait le ressentir à des kilomètres à la ronde. 

De toute sa misérable existence, Salimata avait vu des hommes, mais elle n'en avait jamais vu un comme Yaya. Il avait ce petit quelque chose qui le rendait attirant et effrayant à la fois, et il avait dans ses yeux, cette lueur qu'elle ne connaissait que trop bien : la souffrance. 

Il ne fallait pas avoir des yeux pour savoir que cet homme dont le visage ressemble à celui d'un ange, avait vécu l'enfer, et c'était plus pour cette raison que Salimata se sentait moins seule et en sécurité quand il était là. 

Il était si protecteur et prévenant avec elle que parfois elle avait honte. 

Des fois elle se surprenait même à ressentir un manque profond quand il n'était pas là, mais elle n'avait pas le temps de s'y attarder tellement son sommeil était devenu fréquent.  Elle pouvait dormir des heures et être toujours aussi fatiguée, mais elle le mettait dans le compte de son état et de ses blessures. 

Aussi, Elle n'avait jamais eu l'occasion de parler à Yaya à propos de son état. Elle voulait savoir ce que son médecin Rachelle avait dit à Yaya mais elle avait trop peur, de toute façon c'était déjà peine perdue, puisqu'elle perdait l'usage de sa langue à chaque fois Qu'elle lui faisait face. 

Des coups à la porte l'extirpa de sa torpeur. Elle hoqueta de surprise avant de se précipiter sur le lit pour faire semblant de dormir. 

Comme chaque nuit, il venait la voir pour prendre de ses nouvelles, et comme chaque matin, elle l'attendait avec impatience, le cœur battant à la chamade. Ces moments avec lui étaient les seuls où elle oubliait ses hantises. 

Les draps relevés jusqu'au menton, elle ferma les yeux quand elle entendit la porte s'ouvrir. 

La respiration en apnée, elle attendait qu'il se mette au bord du lit pour la contempler, comme il le faisait depuis une semaine. Elle aimait le sentir proche, le sentir poser délicatement sa main sur sa joue pour la caresser avec beaucoup de tendresse.  Elle savait que son attitude était absurde, mais elle avait besoin de ce contact, et elle savait en son fort intérieur, qu'il ne la toucherait jamais si elle était réveillée, alors elle ne boudait pas son plaisir de le voir lui témoigner autant de douceur. 

Il retira brusquement sa main quand il la sentit se remuer. 

-Bonjour Salimata, lança t-il quand elle ouvrit les yeux. 

Elle frémit à l'entente de sa voix dure, mais douce à la fois. C'était chaque fois l'effet que ça lui faisait. 

Incapable de piper mot tant sa beauté la subjuguée, elle se contenta de le regarder comme une petite folle. 

-Vous avez bien dormi cette nuit ?? Continua t-il d'une voix incroyablement attendrissante. 

Le sourire qu'il lui dressa, lui réchauffa le cœur. 

-Oui souffla t-elle d'une voix à peine audible. 

Yaya la regardait sans vraiment savoir comment s'y prendre avec elle. 

En faite, c'était la première fois qu'il perdait ses moyens face à une femme, et encore moins une aussi jeune. 

Il ressentait un désir profond à chaque fois Qu'elle posait le regard sur lui, et ce manque qu'il éprouvait quand il était loin d'elle, n'en parlons pas. 

Le regard de la jeune femme se porta vers la fenêtre et soudain une idée germa dans son esprit. Elle était peut-être risquée, mais il devait tenter sa chance, saisir cette brèche qui venait de s'ouvrir à lui. Cela faisait quand même une semaine qu'elle n'a pas quitté cette chambre. 

Et aujourd'hui, il avait envie de lui faire découvrir son chez lui. 

-Vous voulez y aller ?? 

Sa voix grave la remena à la réalité, elle l'observa incrédule. 

-Dans le jardin, vous voulez y aller ? 

Elle en avait terriblement envie, mais elle avait trop peur. 

-j.. Je euh ou..ii enfin je p.. Pense que j..je...

Son cœur battait tellement fort qu'elle l'entendait contre ses tempes, elle se mit alors à gratter nerveusement son poignet. 

À cet instant, elle se maudissait intérieurement, mais sa peur était plus forte que sa raison. 

Elle était tellement absorbée par ses angoisses, qu'elle ne le vit pas prendre ses mains dans les siennes. 

Elle sursauta légèrement à son contact, mais le regard qu'il lui adressa suffit à apaiser ses peurs. 

-vous n'avez aucune raison d'avoir peur, je suis là avec vous... 

Il s'interrompt, ancrant ses yeux dans les siens, avant de reprendre doucement. 

-ou c'est de moi que vous avez peur ??? 

Salimata retient brusquement son souffle, quand elle vit cette lueur traverser ses yeux comme un éclair. 

Il avait peur que sa réponse soit positive. 

Et si elle avait peur ?? Elle se posait souvent cette question sans avoir de réponse, mais aujourd'hui cela lui semblait évident 

-Non  , fit-elle 

Elle avait puiser dans ses dernières forces pour ne pas bégayer, il fallait qu'il comprenne une bonne fois pour toute. Elle en avait envie. 

Le sourire qui illumina le visage de l'homme gonfla son cœur d'un sentiment qu'elle croyait ne jamais ressentir: Le bonheur 

Bien que ce bonheur soit infime, il était là, dans son cœur, et c'était grâce à lui. 

Yaya ne pouvait décrire le sentiment qu'il ressentait en ce moment, il avait conscience de ne plus être le même en sa présence, mais il n'en avait que faire parce qu'il aimait ce qu'il devenait, pour elle.  Et tout ce qu'il voulait en ce moment c'était de voir un sourire sincère éclairer ce visage. 

Il se leva d'un bond tirant sur ses mains qu'il avait gardées prisonnières, pour qu'elle en fasse de même. 

Mais le petit hoquet qu'elle émit le fit redescendre sur terre. 

-Quel con !, S'admonesta t-il, il était tellement euphorique qu'il en a oublié qu'elle était encore fragile.... 

À suivre.... 

À la semaine prochaine pour un nouvel épisode... 

L'oracle 

El-hadji Cheikh Oumar Ndiaye 

SALIMATA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant