Épisode 5

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       SALIMATA 

*Épisode 05*

L'image effrayante de sa mère allongée sur le goudron le visage défiguré et le corps recouvert de sang l'extirpa violemment de son sommeil. 

La cœur battant à tout rompre, Salimata mit du temps à remarquer l'endroit dans lequel elle se trouvait. 

Elle stoppa brusquement tout geste, la peur au ventre 

Où diable se trouvait-elle ?? 

Aux dernières nouvelles, elle s'était plantée sur la route afin de se donner la mort. 

Pendant un instant, elle vraiment être morte, et au paradis tant la pièce dans laquelle elle se trouvait était luxueuse. 

La chambre était immaculée de blanc. Les murs, les meubles étaient d'un blanc tellement éclatant qu'elle eut peur de la salir juste en y posant son regard. Le carrelage d'un noir profond contrastait agréablement avec la couleur blanche qui constituait le reste de la chambre. Le lit dans lequel elle était couchée était tellement énorme qu'il pouvait accueillir facilement 4 personnes. La chambre était illuminée par le soleil brûlant qui s'infiltrait à travers les immenses baies vitrées qui donnaient sur un balcon qu'elle devinait à l'image de la chambre. 

Qui est-ce qui pouvait bien être le maître de ces lieux somptueux ??? 

Elle a beau se creuser la mémoire, elle n'avait pas le souvenir d'un proche ou même d'une rencontre qui pouvait posséder tout ceci. Elle crut qu'elle était victime d'hallucinations probablement causées par le choc qui devait la tuer, mais qui malheureusement n'a fait que brouiller son esprit. 

Mais cette idée s'envola en une fraction de seconde quand la porte de la chambre s'ouvrit sur un homme, dont la carrure imposante taillée dans l'acier la fit sursauter. 

Les images de Aly en train d'abuser d'elle lui reviennent alors en mémoire, et tous ses membres se pétrifièrent sous l'immense peur qui venait de prendre d'assaut tout son être. 

En entrant dans la chambre, Yaya ne s'attendait pas à la voir réveillée. Il avait fait des aller-retours presque toute la nuit pour la veiller. 

Certes elle avait dormi plus de 16 heures, mais Rachelle lui avait fait comprendre que pour elle c'était normal à cause de sa maladie, mais qu'il devait la surveiller de temps en temps, et il avait pris son rôle à cœur. 

Mais à présent la peur qu'il lisait dans les yeux de la jeune femme lui fendait le cœur, il pouvait clairement lire dans ses yeux qu'elle avait peur qu'il lui fasse subir le même traitement qu'elle a reçu de son monstre de demi-frère Aly.  Alors mettant une distance raisonnable entre pour lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre, il puisa dans les tréfonds de son être afin de ne pas l'effrayer. 

-Bonjour, lâcha t-il pour une première approche. Mais un silence pesant accueillit sa phrase. 

Salimata avait légèrement sursauté à l'entente de sa grosse voix, crispant ses doigts sur les draps. 

Malgré la distance qu'il avait mis entre eux, Salimata n'en fut pas moins intimidée par son immensité. Sa peau n'était ni noire, ni claire, elle était au juste milieu, exposant un marron qui contrastait terriblement avec ses yeux noirs. 

La voix de l'homme se souleva encore une fois dans l'air, essayant de la rassurer. 

-Vous ne craignez rien ici mademoiselle, vous êtes en sécurité. 

Salimata aurait presque pu rire si la situation ne menaçait pas de l'achever à tout moment. 

Comment pouvait-elle se sentir en sécurité face à ce tas de muscles ? 

Elle voulait croire à ses paroles, le croire quand il disait qu'elle ne craint plus rien mais hélas, son cœur et son esprit en avait déjà pâtit. 

Les mains crispées sur les draps, elle replia ses jambes, ramenant les draps sur elle comme si ces derniers pouvaient la protéger. 

-Qui êtes vous ?? 

Ce fut les seuls mots qu'elle pur sortir de sa bouche, dans un murmure tellement bas qu'elle eut peur qu'il ne l'ait pas entendu. 

Yaya savait qu'il se risquait à l'effrayer grandement en s'avançant vers elle, mais il devait lui faire comprendre qu'il n'était pas un danger pour elle. 

-Mon nom est Yaya, je vous ai trouvée sur la route hier, enfin.. Vous avez jaillit de nulle part devant moi et je vous ai percuté avec ma voiture, je vous demande pardon. 

Comme elle ne répondit rien, Yaya poursuivit, dans l'espoir de lui faire baisser sa garde. 

-je vous ai aussi emmener à l'hôpital et j... 

Il s'interrompit en voyant l'expression inquiétante et terrifiante de la jeune femme. 

-Je... V.. Vous.. A.. Alors.... 

Salimata était en proie à une angoisse paralysante, si cet homme l'avait bel et bien conduit à l'hôpital, cela voudrait dire qu'il savait... 

Et sa voix qui s'éleva par la suite lui confirmèrent ses doutes. 

-Qui est-ce qui vous a fait ça ???  Murmura Yaya soudain envahi par la tristesse qu'il lisait dans les yeux de la jeune femme. 

À l'entente de sa question, Salimata ne put retenir longtemps les larmes qu'elle retenait depuis maintenant des années. Elle s'était refusée de pleurer même quand Tata Aïcha la brutalisait, mais cette lueur qu'elle entrevit dans le regard de l'homme, avait rompu ses barrières. 

Poussé par un élan de tendresse qu'il ne croyait plus avoir, Yaya s'approcha d'elle, mais se stoppa net en voyant la réaction agressive de la jeune femme. 

Il recula alors de plusieurs pas.

Il était impuissant face à l'inquiétude et le désarroi de la jeune femme.

-je ne vous ferai jamais de mal, je suis un homme de valeur et j'ai des principes. Vous n'avez rien à craindre tant que vous êtes ici. 

Sachant qu'il n'obtiendrait rien de plus de la jeune femme, il quitta la chambre le cœur lourd. 

Salimata regarda la porte qui venait de se fermer la laissant seule dans cette immense chambre, tétanisée par l'idée qu'il l'ait enfermée dedans. 

Le cœur au bord de l'implosion, d'un pas tremblant vers la porte pour vérifier. 

Un soupir de soulagement quitta ses lèvres mais elle lâcha un cri de stupeur quand la porte se rouvrit sur l'homme,  des vêtements qui lui appartenaient sûrement vu les couleurs sombres sur sa main gauche, et de la droite, un plateau rempli de nourritures. 

-C'est des vêtements de rechange, c'est tout ce que j'ai trouvé qui soit à peu près à votre taille dit-il en la regardant de haut en bas, avant de s'avancer jusqu'au lit pour y déposer le plateau. 

Salimata le suivait du regard, les pieds cimentés sur le carrelage froid. 

Dieu, cet homme ressemblait à un guerrier tout droit sorti d'un conte de mille et une nuit. 

-vous devez avoir faim dit-il en lui faisant face. Mangez un peu, vous devez reprendre des forces. 

Yaya l'observa une dernière fois avant de quitter la chambre, sachant qu'il n'en en aurait pas plus pour aujourd'hui. 

À suivre... 

L'oracle 

El-hadji Cheikh Omar Ndiaye 

SALIMATA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant