Chapitre 19 : Tonyo.

753 62 76
                                    


C'était quand même assez utopiste d'avoir pensé qu'ils dormiraient bien dans le vieux canapé en cuir marron.

Orel, en bon garrot, était affalé sur le bras de Gringe qui pensait sérieusement devoir s'amputer pour enfin bouger.

Il n'avait plus de sang dans le bras.
Niet.
Une colonie de fourmis avait très vite prit possession de celui ci et se baladait tranquillement à l'intérieur. Il avait mal au dos, à la nuque, aux épaules. Il avait à la fois dormi extrêmement mal et extrêmement bien.

Il se remora la nuit avec un petit sourire.

Le coupant dans son souvenir, le caennais glissa du canapé et resta inerte et endormi par terre. L'hémoglobine remonta alors dans le bras de Guillaume qui soupira de soulagement. Pas d'amputation pour aujourd'hui

Il jeta un regard au pied du canapé et y trouva paillasOnrel, joue collée contre le sol, fesses vers le ciel.

Le barbu prit son téléphone posé sur la table afin de capturer le sublime postérieur de son colocataire.
Quelques petites manips plus tard, il pouvait maintenant se pavaner avec un tout nouveau fond d'écran de fessier galbé

Il secoua le normand du bout du pied.

- Allez lève toi là.

Aurélien répondit par un semi-grognement/gémissement râleur.

- Mmmmmh.

Il se tourna afin de se coucher sur le dos, plongeant son regard dans celui de Gringe.

- Dis moi, on était pas sensés me réserver pour une occasion particulière ?

- C'etait l'inauguration des Johnny, c'etait particulier.

- Des quoi ?

- Des Johnny !

- Ah oui c'est vrai. Oh putain je suis quand même vachement drôle.

- T'es aussi drôle que modeste.

Il y eut un petit silence, témoin du long temps qu'il avait fallu à Orel pour comprendre la phrase.

- Allez quoi. Ose me dire que je suis pas drôle.

- Que je suis pas drôle.

- Ahah. C'est marrant. Et tu sais pourquoi ?

- Pourquoi ?

- Parce que c'est une blague que j'aurais pû faire.

Le basané lâcha un long soupir désespéré laissant dériver un peu son regard sur le corps d'Orel.

- Je te laisse, j'vais me doucher.

- Ouais vas y tu pues

- Toi aussi je te signale..

- Non moi je ne pue pas après avoir transpiré.

- Non j'avoue, toi c'est tout le temps.

Gringe entra dans la douche, adressant un bon gros fuck à Orel qui, le considèrant comme un signe d'amour, posa alors une main sur sa poitrine en faisant mine d'être ému.

C'était quand même cool de vivre avec Gringe. La nuit dernière n'avait rien changé entre eux. Ce qui se passait entre les deux compères semblait être quelque chose d'évident. Comme une petite pousse qui attendait de pouvoir enfin traverser la terre et qui venait enfin de se révéler à la surface. Pour l'instant cette petite pousse était encore toute verte et fragile mais Orel avait bien l'intention de la cultiver et d'en faire un grand chêne fier.

Le normand se posa dans le canapé, les jambes écartées, fervant pratiquant du manspreading. Il zappa de chaînes de chaînes afin de trouver n'importe quel programme inintéressant sur lequel il pouvait mettre sur off son cerveau vide.

Il tomba alors sur un documentaire extrêmement intéressant portant sur les rats diffusé sur une chaîne très sérieuse d'adulte : Guilli.

C'est alors que le basané rentra de la douche, propre comme un sous neuf et embaumant le Dop au citron. Il s'affala lourdement dans le canapé, faisant grincer 1, 2, 3, 4, 5 ressors de celui ci. Un record. C'était un peu comme les ricochets mais version flemmard.
Le normand ouvrit la bouche :

- Eh Gringo.

- Ouais Orel ?

- T'entends ce rythme endiablé ?

Un sourire fendit le visage du barbu.

- Ça, ça fait danser les casseurs ça.

Alors que l'echainement des choses aurait voulu que les deux compères se lèvent du canapé en esquissant une danse passionnée, ils restèrent fessier enfoncé dans le sofa, faisant un gros Fuck à l'echainement des choses.

Le barbu glissa une main dans la chevelure du Normand qui posa sa tête sur le ventre de Gringe avant de dire très sérieusement

- Arrête ça ou je vais bander à chaudes larmes.

- Parce que je caresse tes cheveux comme un pd ?

- Exactement.

Orel avait ce don pour remonter à la surface des privates jokes qui avait eu lieu il y a des années de ça et avec un sérieux magistral.
Il pouvait oublier absolument tout. Surtout des évènements tels que : aller au travail, une date d'anniversaire, de fête... Mais il n'oubliait jamais les blagues.

- C'est quand même à chier Guili. Pourquoi on regarde ça ?

Le barbu haussa les épaules sans répondre à la question rethorique de son compère. Il faut avouer qu'il était plus concentré sur le fait de contenir sa gaule que de regarder le pauvre dessin animé.

- Gringe arrête de bander tu me caches la télé.

- T'es gentil mais si t'avais pas ta tête aussi proche de Popol aussi.

- Popol ? Il est chier le nom que t'as donné à ta teub.

- Parce que t'as mieux toi p'tetre ?

- Tonyo.

- Tonyo ?

- Parce que Bite Tonyo.

- Rho putain.

Le ventre du basané hoqueta plusieurs fois, entraîné par un rire incontrôlable faisant sautiller la tête d'Orel qui restait imperturbable, les yeux rivés au dessin animé.

Le coupant dans son élan rieur, le téléphone du plus âgé vibra.

- Ah c'est Léa. Elle veut qu'on se voit. C'est vrai que je l'avais un peu planté la dernière fois. Faut que j'y aille moi.

- D'acc'.

Le barbu se leva, enfila son manteau et s'apprêta à partir.

- Attends !

Il pivota vers Orel.

- Tu fais pas la bise à Tonyo pour lui dire au revoir ?

Gringe lâcha un rire qui, si il n'était pas 15h, aurait pu réveiller tout les habitants de l'immeuble.

- Espèce de prédateur sexuel.

Il partit, sourire aux lèvres.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant