Chapitre 21 : La louve.

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Lorsque Gringe rentra, il était encore un peu désemparé par la façon dont Léa l'avait embrassé avant qu'il ne parte. Elle avait imposé sa marque dans le cou du basané, le marquant au fer rouge pendant quelques instants. Il posa deux doigts sur le suçon qu'il n'avait pas vu mais qui était sûrement d'un beau violet bleuté. Elle ne l'avait jamais enlacé comme ça. Comme si il lui appartenait, et il ne savait pas si ça lui plaisait ou pas.
Il s'essuya les pieds sur le paillasson ricard qu'ils avaient volé à... À qui déjà ? En tout cas il savait qu'ils l'avaient volé. Et il entra dans l'appartement. L'odeur de celui ci lui fit un bien fou. Un mélange de tabac froid, d'odeurs corporelles et du vieux febrez senteur jasmin qui essayait de camoufler tout ça lorsqu'une meuf venait.
La télé était allumé sur une vieille émission pour gosses. Ces émissions qui ont perdu en qualité avec le temps et dont les dialogues ne se resuments qu'à des onomatopées et les actions à se taper dessus, les personnages prenant alors n'importe quelles formes : ronds, triangle, carrés, plat parfois aussi. Gringe trouvait ça stupide. Comment faire comprendre la mort aux gosses après ça. Leur faire comprendre que : "non Thimothée, si tu tapes avec un marteau sur ton hamster il ne deviendra pas plat avant de retrouver sa forme initiale. Il éclatera et t'arrosera de ses viscères. Bonne nuit mon cœur."
Enfin. En attendant il n'avait pas de gosses donc les mioches pouvaient bien regarder tout ce qu'il leur plaisait, il n'en avait rien à foutre. Est ce qu'il voulait des enfants ? À vrai dire, il n'en savait rien. Il avait déjà Orel.

Orel. Celui ci était affalé dans le canapé, les yeux scotchés sur son téléphone sûrement bien plus intéressant que le programme tv. Le plus grand s'approcha et déposa un baiser sur le front du normand qui verouilla assez rapidement son téléphone avant de lui adresser un sourire qui se voulait décontracté, un sourire comme d'habitude. Mais le rictus flétri que Guillaume vis n'avait rien à voir avec ça.

Le basané pris sa place sur le sofa et fronça les sourcils.

- Qu'est ce qu'il y a ?

Le plus petit haussa les épaules. Le regard se fixant sur la télé.

- Bah rien.

Le regard de Gringe se fit insistant si bien qu'Orel lui tendit son téléphone sans dire un mot.
Il le pris, le deverouilla grâce au code. Le code du téléphone de son camarade était simple : pas de code. À quoi s'embeter d'en mettre un si c'est pour forcément l'oublier ? Le seul code qu'il y avait dans cette maison. C'était celui du Wifi. Le basané l'oubliait tout le temps. Qu'est ce que c'était déjà ? Enfin.
Le téléphone s'alluma et le plus vieux parcouru l'écran des yeux. Depuis ce temps, Aurélien avait détaché son regard de la télévision pour observer le visage de son compère, non sans remarquer au passage l'énorme suçon de la taille d'une pièce de 2€ dans son cou.

Assez imprévu, ce qu'affichait le mobile était des photos de deux hommes aux visages déformés, couverts d'ecchymoses, le nez explosé laissant se déverser deux rivières rougeâtre par les narines. L'un des deux avait même une entaille à la joue faites sûrement avec un couteau ou bien un tesson de bouteille cassé. Ses yeux exprimaient une colère noire. Un air de défi aussi.
Ce n'était pas beau à voir. Le barbu glissa son doigt sur l'écran afin de découvrir le texte en dessous des photos et son regard s'assombrit.

"Un couple homosexuel agressé en plein Caen.

Dans la nuit de Samedi à Dimanche. Julien Garnier et Tom Dubois, se sont fait violemment agresser par 5 inconnus juste à la sortie de l'Embuscade. En effet, il était 1:45 lorsque les... "

Gringe n'eut pas besoin de lire la suite. En effet, il avait tout de suite reconnu ces deux visages. Ceux des hommes qu'il avait croisé dans les toilettes de l'Embuscade. La louve et son louveteau. (Voir Chap 16 : l'Embuscade). Il inspira, essayant de calmer la haine qui lui avait envahi la tête. Et la peur aussi. Peur qu'il n'arrive quelque chose à Orel peut être. Il leva son visage sur son homme. Qui lui adressa un petit sourire.

- Ca craint hein

- Ouais mon pote. Ça craint du boudin.

Les deux compères connectèrent leurs épaules. Les yeux rivés sur la télévision qui avait été mise depuis peu en mode silencieux.

- On va les retrouver ces enculés.

Le plus petit adressa un regard au basané.

- C'est pas nos affaires.

Celui ci plissa les yeux et rentra les lèvres. Se mordant l'intérieur des joues. Son esprit bouillonnait mais il était étrangement calme.

- C'est nos affaires à partir du moment où ils peuvent te faire du mal.

Le normand ne répondit pas. Gringe ne s'attendait pas à une réponse. Ce regard que lui avait adressé un des deux hommes à l'embuscade. Celui de la louve protégeant son louveteau. Gringe le comprenait. Maintenant, c'était lui la louve.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant