Chapitre 10 : Papillon de nuit

801 79 46
                                    


Le regard fixé vaguement sur le papillon de nuit posé sur le plafond, ce petit rebel se battant contre les lois de la gravité ; Orel rêvassait, une main plongée dans Sa chevelure brune.
Sa tête était posée sur son épaule.
Sa main suivait les lignes de la mâchoire du caennais.

- À quoi tu penses ?

Si tu savais.

- Rien de spécial. À l'avenir.

- À notre avenir ?

Aurélien pinça légèrement les lèvres seul traître du trouble intérieur qui l'habitait.

- Oui. Oui à notre avenir.

Mensonge. Il n'y avait pas d'avenir pour eux. Enfin, ce n'était pas possible.

Son regard se posa enfin sur la personne qui l'acceptait bénévolement dans lit

Elle était quand même jolie Marion. Elle avait un petit sourire calme qui l'écoutait toujours avec attention quand il se sentait sombrer. Des petites pommettes toujours un peu roses qui tranchaient avec sa peau très claire et qui soulignaient tendrement ses deux petites billes noires qui lui servaient d'yeux. Elle était d'une beauté douce qu'on apprends à apprécier de jours en jours. Une beauté qui attirait la tendresse. On était loin de la beauté brute de Gringe. Lui il rayonnait, il coupait le souffle, il avait cette aura puissante qui lui donnait un puissant charisme.

Aurélien soupira et posa avec affection ses lèvres sur le front laiteux de Marion.

*

Alors que Gringe arriva enfin au point de rendez vous, une furie blonde au chignon complètement désorganisé se jeta sur lui et colla ses lèvres sur celles du barbu dans un baiser passionné. Elle adressa en passant un énorme doigt d'honneur à un couple de retraités les fixant avec effroi allant même jusqu'à attraper la fesse de Guillaume pour les déstabiliser. Le basané la repoussa doucement.

- Wohoh. Tout doux. T'es toujours obligée de te donner en spectacle hein ?

Léa lui adressa un sourire fier. Et un doigt se posa sur le bout du nez de Gringe. Doigt relié à un bras entièrement tatoués jusqu'à l'épaule de la dites Léa.

- Évidemment trésor. C'est parce que tu m'as manqué.

Elle glissa ses doigts dans ceux du rappeur non sans avoir adressé un baiser de loin au couple qui les avaient fixés.

Le basané roula des yeux avec un sourire amusé. Un sacré phénomène qu'était sa copine. Libre, énergique, tumultueuse, marginale, c'était une vraie tempête. Elle donnait toujours un coup de fouet à Gringe, lui donnant la dose d'énergie dont il manquait.
Mais ce n'était pas Orel.

- Tu m'emmènes où cette fois ?

Elle lui adressa un clin d'oeil.

- Rêve Party.

Il n'aimait pas trop ce genre de fête mais ça allait forcément être une bon souvenir avec Léa, il la laissa donc l'emmener sans résister.

- Quoi de neuf sinon ?

La rappeur haussa les épaules tentant de garder une attitude décontractée.

Si tu savais.

- Pas grand chose, comme d'habitude.

Pendant leur longue marche, Guillaume fit le point sur sa relation avec Léa. C'était un couple libre.
Ils s'aimaient hein. Juste, ils avaient tout à fait le droit l'un et l'autre d'aller voir ailleurs et cela lui plaisait bien comme relation, enfin pour l'instant. Il savait qu'il n'allait pas rester toute sa vie avec Léa. Un jour il se poserait avec quelqu'un et là pas d'infidélités ou de libertinage. Ce sera une relation basée sur la confiance.
Et un jour, ça arrivera. Mais pas maintenant.

Léa était bénéfique dans sa vie. Même si elle allait voir ailleurs, elle n'en était pas moins là pour Gringe quand il avait besoin d'elle. Et puis elle était une sécurité. Grace à elle, il n'était jamais seul.

*

Comment est ce que ce papillon faisait pour tenir comme ça la tête en bas ? Et puis, à force d'être à l'envers son sang devait totalement descendre dans son dos. Est ce que c'était pas un peu dangereux pour son organisme ?
Est ce que les insectes ont du sang au moins ou c'est autre chose ?

Tant de questions qu'il aurait voulu soumettre à Gringe.

Gringe.

Il devait en parler à Marion. Il se sentait mal de rester avec elle alors qu'il ne pensait qu'à Gringe. Certes, il n'avait aucune certitude que son acolyte ressente le même sentiment qu'Orel. Il n'y avait eu qu'un baiser. Un chaste et innocent baiser. Enfin et une soirée un peu arrosée mais n'ayant que très peu de souvenirs, le caennais ne la nota que très peu. Bref, il ne pouvait pas continuer cette relation avec sa copine.
Enfin, future ex. Future ex dont la tête était toujours posée sur l'épaule. Il l'a remua légèrement et commença à s'exprimer avec une voix douce.

- Marion, il faut qu'on discute.

Elle se redressa doucement et s'assit en face d'Orel avec un petit regard interrogateur.

- Oui ?

- Je- Je trouve que ça ne fonctionne plus trop. Je pense qu'on devrait arrêter.

Habituellement c'était lui qui se prenait des râteaux. Si le rôle du largué était horrible il se rendit compte que le rôle du largeur était aussi difficile à endurer. Il jeta un regard désolé à Marion qui encaissait le choc comme elle pouvait.

- C'est tout ? Comme ça ?

Le caennais serra les poings. Il savait qu'elle était forte et qu'elle ne montrerait rien devant lui mais là, maintenant, elle paraissait tellement fragile.

- Comme ça. On s'ennuie. On ne s'aime plus. On n'avance pas. Je pense qu'on a besoin que nos chemins se separent

Marion secoua la tête négativement à chacune de ses phrases.

- Tu t'ennuies. Tu ne m'aimes plus. Ne m'inclues pas là dedans s'il te plaît.

Un silence pesant s'installa dans la pièce qui était maintenant devenue irrespirable pour Aurélien.

- Donc c'est fini ?

Il hocha la tête, évitant le regard de Marion.

- Alors si on a des choses à dire, c'est maintenant, après on ne se voit plus et la culpabilité nous quitte avec l'être aimé ?

Nouveau hochement de tête mais cette fois ci, ses deux yeux interrogateurs posés sur la jeune fille en face de lui.

- Je t'ai trompé, une fois, ce n'était pas calculé.

Une petite pointe de déception et de jalousie piqua le cœur du Normand. Mais d'une certaine et étrange façon il était rassuré, elle avait aussi une part sombre, ce n'était pas que lui le mechant dans l'histoire.

- Avec Gringe.

Le petit papillon de nuit tomba du plafond.

.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant