Chapitre 2 : Les Putes.

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Les mains enfoncées dans ses poches, le bonnet vissé sur la tête Gringe marchait dans les rues froides et calmes de Caen.
À chacune de ses respirations un petit nuage de fumée blanche se formait devant sa bouche.
Plus il avançait, plus il se demandait ce qu'il s'était passé tout à l'heure. C'était chelou. Pourquoi est ce que ce moment avait duré aussi longtemps ? Pourquoi il ne l'avait pas repoussé plus tôt ? Enfin, il allait bientôt pouvoir se vider et oublier tout ça. Oublier le sentiment qui lui tordait de ventre. Ce sentiment qu'il ne savait pas identifier. De l'angoisse ? De l'incompréhension ? Du désir ? De la peur ?

Bref. Il était arrivé aux putes.

Une gamine s'approcha de lui. Ses cheveux blonds étaient détachés et tombaient le long de son dos. Elle avait le nombril à l'air, des hanches prononcées et une poitrine pulpeuse.
Guillaume pensa une seconde à Orel. Sans savoir pourquoi son regard vert scruta différemment la prostituée avec plus de désir. Une pensée lui traversa l'esprit.

- T'acceptes la sodomie ?

*

Gringe poussa la porte de l'appartement qu'il habitait avec Orel. Il le trouva d'ailleurs assit dans le canapé. Il était immobile. Ça arrivait tout le temps à Orel, des périodes de gros bugs. Pendant longtemps Guillaume s'était demandé ce qui se passait par là tête de son ami dans ces moments là mais il avait très vite compris qu'il ne saurait jamais. Quand Orel buggait comme ça ne servait à rien d'essayer de lui parler, pendant ces moments il avait l'air vulnérable et perdu.
Enfin.
Guillaume s'asseya lourdement sur le canapé.

- T'étais où ?

C'était la voix d'Orel. Guillaume ne s'attendait pas du tout à ce qu'il parle si bien qu'il sursauta de surprise.

- Heu. Dehors.

Habituellement Gringe n'avait pas honte de dire à son ami qu'il s'était rendu aux putes. Alors pourquoi se sentait-il coupable ?

- Je me doute bien. Repondit Aurélien avec un petit sourire amusé. Mais où ?

Le plus grand hésita un moment les lèvres pincées.

- Aux putes.

Les épaules d'Orel s'affaissèrent. Évidemment. Il ne savait même pas pourquoi ça le dérangeait. En général, ça le gênait pas mais là, ça le gênait. Ça le faisait chier même.

- Pourquoi ? Demanda Gringe.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu m'as demandé, d'habitude tu t'en fous d'où j'suis.

- Comme ça.

Guillaume hocha la tête peu convaincu alors qu'Aurelien se leva du canapé. Le regard de l'homme au bonnet se posa, sans qu'il s'en rende compte sur les fesses de son ami qui se retourna brusquement.

- Heu Gringe, j'me dis-.
Attends. Est ce que t'étais vraiment en train de me mater là ?

Pris en flagrant délit l'intéressé leva les yeux vers son pote, les pommettes rougissant légèrement.

- N-N'importe quoi. J'suis pas dép' et puis, c'est pas comme si ton cul valait le coup d'oeil.

- Blasphème ! Pleins de personnes m'ont dit que j'avais un cul de fou, j'étais sûr que même toi tu ne pourrais pas y résister ! S'écria Aurélien triomphant en croisant les bras sur sa poitrine. Et puis, si tu dis qu'il "ne vaut pas le coup d'œil" c'est que tu l'as déjà regardé !

Guillaume se tassa.

- Lâche moi Orel.

Il couvrit ses yeux à l'aide de son bonnet, coupant ainsi court à la conversation et s'endormi.

*

Cela faisait 5 bonnes minutes qu'Aurelien se tenait debout, bras croisés sur sa poitrine, face à Gringe depuis que celui ci s'était endormi. Même quand il dormait il avait l'air de mauvaise humeur, c'était dingue ça. Le plus petit enleva doucement le bonnet de son ami, découvrant ainsi ses cheveux. Pourquoi mettait il toujours un bonnet ? Il était très bien sans. Enfin. Gringe avait l'air beaucoup trop paisible. Orel prit son élan, et se jeta de tout son long sur Guillaume.

*

- PUTAIN. T'ES VRAIMENT UN SALE C-. L'ex endormi se stoppa.
Son pote était au dessus de lui, tout sourire. Torse contre torse, ventre contre ventre. Genoux contre genoux.
Gringe en avait le souffle coupé. Son cœur commença à battre fort. Trop fort. Selon lui, c'était dû à la surprise. Aurélien avait l'air très content de sa blague, quelques uns de ses cheveux bruns qu'il laissait pousser depuis un bout de temps efleuraient les pommettes de Guillaume. Sans avoir calculé son geste, il lui remit une mèche de cheveux derrière l'oreille ce qui surpris son ami. Le regard d'Orel avait commencé à scruter le bas de son visage.

Et puis.

Le drame.

Gringe poussa violemment son ami du canapé et courut se réfugier dans la salle de bain, claquant la porte derrière lui.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant