Chapitre 5 : Merde.

941 76 65
                                    


Le plus jeune frappa à la porte de son acolyte, une petite question derrière la tête. Sans avoir de réponse il resta debout les bras ballants devant la porte à la peinture blanchâtre émiettée. Décidément, tout avait l'air sois vieux, sois à jeter, sois abîmé dans cet appartement. Y compris les habitants même du fameux appartement. Au bout d'un certain temps, la voix du barbu se fit entendre.

- Vas y entre.

Le plus petit ne se fit pas prier et entra avant de s'allonger sur le dos sur le lit. Il était bien le lit de Gringe. Correction, il était bien le lit d'Orel que Gringe lui avait piqué. C'était la seule chose de l'appartement qui n'était ni vieille, ni à jeter, ni abîmée. Le caennais avait promis qu'il donnerait son lit si jamais il perdait au ni oui ni non contre Gringe.

A t-il perdu ?
Oui. (Perdu.)

-Bon. Commença le barbu. Quel bon vent t'amène ? Cette pièce n'est pas trop sale pour toi ?

- Nan ça va t'inquiète. J'me disais. Est ce que si j'étais une meuf, on baiserait ?

- Ça dépend si t'es bonne ou pas mon pote.

- Et si j'etait bonne ?

- Bah ouais grave. Mais t'est pas une meuf, et t'es pas bonne. Désolé Orel.

- Tu brises tout mes rêves là.

Guillaume rigola légèrement. Il etait habitué à l'ironie de son ami mais là c'était bizarre. Il n'eut pas le temps de réfléchir à cela que le chevalier des questions revint à la charge.

- Eh. Tu t'es branlé quand tu t'es enfui dans la salle de bain et après m'avoir jeté hyper violemment au sol.

Le ventre de l'homme au bonnet se tordit. Ça n'était pas une question. Orel savait. Il lui suffisait de mentir. De dire la vérité englobée par un mensonge non vérifiable.

- Ouais c'est exact. Je dormais et tu m'as réveillé tu te souviens ? Et bien j'avais fait un rêve trop cool où j'baisais avec Hermione mon pote. Et j'avais besoin d'évacuer tu comprends.

- Aaah oké. J'ai cru tu m'kiffais j'ai eu peur. J'me suis dit : "Merde, j'ai un anus sensible, il va me violer. Je veux que rien entre dans mon cul" et puis j'me suis rappelé que t'avais une petite bite.

Guillaume tenta de masquer sa gêne par un rire faux. Mais Aurel disait complètement n'importe quoi.

- T'as bu ?

- Grave. Quand tu es partit vexé comme un pou parce que j'ai dit que t'étais sale. Ça m'a soulé, j'ai bu. Tu peux venir, il y a déjà un mojito sans menthe et sans citron pour toi dans le salon. Et après ça on peut sortir.

Le barbu se leva avec un rire franc cette fois, un rire qui découvra ses dents. Dents qui impressionnaient beaucoup le caennais par leurs étonnantes blancheur pour les dents d'un fumeur.

- Allez. Je peux pas refuser ça.

*

Aurélien émergea doucement de son sommeil cependant, il garda ses yeux clos. Il fronça les sourcils. Il avait une migraine. Merde. Une grosse migraine. Son corps entier était une migraine. Oula, c'était insoutenable. Afin de mesurer son degrés d'alcoolémie il bougea un doigt. Il avait bien bu comme un trou. Il avait une migraine du doigt. Il soupira, murmurant des paroles incompréhensibles. Il était tellement en train de décuver qu'il avait l'impression que son lit aux lattes cassées ça et là et aux draps sales était confortable. Une goutte de sueur perlait de son front à son nez avant d'atterrir sur le matelas. Il faisait chaud quand même. Il avait super chaud. Tellement chaud qu'il voulait se mettre à poil

Attends une minute.
Il était à poil.

Merde. C'est pour ça que son lit avait l'air si confortable. C'était pas son lit en fait. Et ce truc poisseux qu'il sentait contre son dos. C'était pas sa couette. C'était un autre corps.

Merde.

Il n'osait pas se tourner vers l'inconnue dont il avait squatté le lit. Il n'osait pas ouvrir les yeux non plus.
Il espérait juste qu'il avait pas couché avec une moche. Une once de culpabilité s'empara de lui quand il eu une pensée pour sa copine. Il s'était promit de ne pas la tromper. Eh bah Merde.

Il était plongé dans ses pensées quand le corps se colla à son dos. Pas quand le corps. Quand "ça" se colla à ses fesses. Quand un torse, dénué de toute poitrine se colla à lui.

Merde.

C'était une blague ?

C'était pas n'importe quel corps. Cette odeur. Ce lit.

Merde. Aurélien se détacha vivement de l'étreinte et roula par terre ce qui réveilla évidemment "le corps".

- Putain mais qu'est ce que ?

"Le corps" se pencha afin de voir quelle bonne meuf il avait amené dans son lit.

Une bonne meuf ? Non.

Quelle ne fut pas la surprise quand Gringe nu, se trouva nez à nez avec Orel nu.

Merde.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant