Chapitre 8 : Renaissance.

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La télécommande s'écrasa violemment sur le mur derrière Orel et plusieurs morceaux s'ecrasèrent dans toute la pièce dont l'atmosphère devint soudainement tendue et menaçante. Le caennais refugia sa tête dans ses épaules, les yeux écarquillés par la surprise son regard passa des débris de télécommande à son ami qui restait doucement assit.

- Maintenant que j'ai ton attention et que tu me regardes enfin nous allons parler.

- Attends t'as fait se boucan juste pour que l'on parle ?

Le regard sombre de Guillaume intima à Aurélien de se taire. L'angoisse lui tordit le ventre il n'avait absolument aucune envie de parler. Les séquelles de la soirée etaient encore bien trop presentes dans l'esprit du plus jeune.

- Tu te souviens de quoi concernant la soirée ?

Le cœur d'Orel ratit un battement et ses lèvres restèrent closes. Son regard se détourna de celui du barbu et ce fut un verre cette fois ci qui s'écrasa contre le mur. Très vite le caennais posa ses yeux sur Guillaume de nouveau mais c'était plus fort que lui. Un sentiment de culpabilité s'empara à nouveau de son corps. Il le revoyait sous lui, les traits tordus de douleur. C'était insupportable. Il ferma les yeux et un son le reveilla, un second verre fit son envol et percuta le mur. Si il ne parlait pas, bientôt l'ensemble de l'appartement serait bientot détruit.

- Hum. D-De pas grand chose. C'est gênant on est obligé d'en parler ?

Seul une inspiration plus qu'agacée lui répondit et Guillaume saisit la bouteille en verre sur la table.

- Ok. Ok. Je - il déglutit, comment étais ce possible que ce soit aussi difficile d'en parler ? - me souviens seulement de quelques morceaux. Que.. hum, la situation a dégénéré. Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé et ce que j'ai pu te faire subir.

L'homme au bonnet jeta la bouteille et se passa les mains sur le visage. Quelques instants s'etirèrent. Son esprit fonctionnait à toute allure. Il était désolé ? Il n'avait donc même pas envisagé le fait que ce soit Guillaume qui avait commencé, qui l'avait emmené dans son lit, qui lui avait demandé de venir en lui. Il ne savait comment gérer l'information.

Gringe se leva lourdement et Orel l'imita, les mains devant lui, l'air un peu flippé.

Le plus vieux pétait les plombs, cette semaine qu'il avait passé en étant un fantôme pour son ami et qu'il passerait sûrement en tant que tel le rendait fou. Il avait juste besoin d'éclaircir les choses au risque que ce soit la fin "d'Orel et Gringe".

Il s'avança de plusieurs pas, faisant légèrement reculer Orel.

- D'accord. Maintenant qu'on en a parlé tu vas peut être enfin arrêter de faire comme si je n'existais pas. Ou comme si tu avais trop honte de me regarder non ?

La voix de Guillaume était tendue, plus forte. Menaçante.

- Je peux pas.

Les épaules d'Aurelien s'affaissèrent. Il regarda son ami tourner en rond dans la pièce avant de gratifier le canapé d'un énorme coup de pied avant de revenir vers le caennais.

- Quoi ? Qu'est ce qu'il y a je te dégoute maintenant c'est ça ?

Il poussa violemment le plus jeune vers le mur.

- C'est pas ça. Je me dégoûte. Regarde toi, t'as pas pu t'asseoir pendant trois jours sérieux. J'me souviens de presque rien. Qu'est ce que je t'ai fait ? Ça se trouve je t'ai fait bien pire que ce dont je me souviens. Et puis, j'avais trop peur que si on en parle, ça change tout et, j'avais raison ça change tout.

Le sang de Guillaume ne fit qu'un tour, il hurla à quelques centimètres du visage d'Orel.

- D'où ? D'où ça change tout ?

- Maintenant tu me fais peur.

*

Très vite, la pression retomba et il resta devant Orel, les bras ballant. Toute sa colère l'avait quitté. Son regard divaguait sur le visage de son ami qui semblait en effet, un peu appeuré. Le caennais ouvrit la bouche.

- Écoutes, je suis désolé que ce qu'il s'est passé ou ce que j'ai pu te faire t'ai autant affecté. Je- je m'en veux.

- C'est pas ça.

- Mais si. T'es dans tout tes états. Regarde toi, clairement j'ai cru que t'allais me tuer hein.

Aurélien pouffa légèrement dans une tentative plutôt ratée de détendre l'atmosphère.

Gringe, sans prévenir, posa ses lèvres sur celles d'Orel. Il n'aurait probablement plus jamais aucune occasion de le faire et, de toute façon, tout était niqué. Ça ne sera plus comme avant. "Orel et Gringe contre le reste du monde" était parti en miette. Ses lèvres bougèrent legerement. C'était tendre, léger, vital. Tout le contraire des événements qui avaient pu se dérouler il y a quelques minutes de cela. Son cœur rata un battement quand une main se glissa doucement sur sa nuque. Son passage engendra des frissons qui s'étendirent sur tout le corps du plus vieux. Le baiser se rompit lentement et les regards se croisèrent. Celui de Guillaume était doux et presque apaisé et quand à celui d'Aurelien il était soulagé mais empli d'incompréhension.

- Je me souviens moi. Je me souviens de tout. J'avais pas tant bu que ça. Ce qui s'est passé, j'ai fait en sorte que ça se passe. J'ai eu mal, certes et j'avoue que t'as pas été super tendre mais je ne regrette pas.

- Attends. Tu veux dire que tu m'en veux pas ? Que c'est pas fini ?

- Au contraire, ça vient de commencer.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant