Chapitre 20 : Eclipse.

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Gringe n'eut même pas le temps de sonner à la porte de l'appartement de Léa que celle ci ouvrit la porte en fracas et se jeta sur ses lèvres. Elle lui vola un baiser passionné avant de se décoller à lui plongeant ses yeux clairs dans ceux du basané.

- Salut beauté.

Elle lui offrit un sourire rayonnant.
Elle était rayonnante.

Il s'était toujours demandé pourquoi elle restait avec lui. Il s'était parfois surpris à penser que, peut-être, il n'était qu'un faire valoir pour elle : Un être pathétique sur lequel s'appuyait l'être lumineux pour rayonner de plus belle.
Tout le monde adorait Léa. Elle avait ses défauts mais elle transpirait la joie de vive et l'énergie pure alors que Gringe n'était que tristesse et apathie. C'était la rencontre de l'enfant soleil et de l'enfant Lune. Une éclipse.

Ça rappellait étrangement à Guillaume la chanson de Charles Trenet que sa mère lui chantait quand il était petit.

Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil l'attend
Ici-bas souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là
La lune est là, mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver il faut la nuit
Il faut la nuit mais le soleil ne le sait pas et toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil l'attend

Le sortant de cet ancien souvenir, Léa claqua des doigts.

- Ohoh Guillaume, ici la Terre, j'appelle la Lune.

Le barbu ricana, inconsciemment, la jolie blonde était complètement dans le thème de son subconscient. Il posa ses lèvres sur la joue de la jeune femme quand un homme venant de l'intetieur de l'appartement arriva.

- Bon bah je vais y aller. Merci, c'était cool.

Il fit la bise à Léa et s'éclipsa (c'est le cas de le dire ahah) laissant les deux amoureux seuls.

L'homme au bonnet le suivi du regard et attendit qu'il parte vraiment avant de se pencher vers la blonde.

- Attends, t'as couché avec LUI ?! P'tain tu devais vraiment avoir la dalle.

Elle ricana en l'invitant à rentrer.

- Oui. J'avais vraiment la dalle. En même temps, la dernière fois tu m'avais délaissé pour rejoindre Orel. (Voir Chapitre 12 : Séparés) D'ailleurs, ça s'est arrangé ?

- Ouais. Ca s'est bien arrangé.

Le visage de l'homme au bonnet se fendit d'un sourire naïf que Léa ne manqua pas d'apercevoir. Elle arqua un sourcil interrogateur.

- Et... ?

- Bah et quoi ? Rien ?

La furie blonde ouvrit la bouche, l'air offusqué posant ses doigts délicats sur sa poitrine.

- COMMENT ? Tu ne me racontes rien ? Règle n°1 de la relation saine du couple libre : On s'aime, on va voir ailleurs juste pour le sexe et on se raconte tout.

Pour la première fois de sa vie Léa vit les pommettes du barbu rosir. Elle insista.

- Rho allez raconte !

Gringe se plia au exigences de la femme et lui raconta sa soirée avec une petite gène palpable. Il ne savait pas exactement pourquoi il lui racontait tout. Ça avait toujours été comme ça avec Léa, obnubilé par sa beauté et son charisme il avait toujours fait ce qu'elle voulait. Il ne pouvait rien y faire elle était hypnotisante. À la fin de l'histoire, Léa laissa s'échapper un sifflement étonné.

- Eh ben mon couillon. J'espère ça va pas devenir gênant avec ton pote maintenant. Il manquerai plus que ça t'imagine.

Gringe hocha la tête l'air reveur. Si elle savait. C'était loin d'être gênant. C'était parfait. Cependant, le doute s'insinua dans son esprit. Est ce qu'Orel trouvait leur relation gênante ? Il était peu gêné en général mais Orel avait tendance à intérioriser tout. Surtout sa tristesse qu'il taisait dans son ventre sans cesse. Peu de gens le savaient mais au fond Orel comme Gringe étaient deux grosses boules de tristesse. Quand ils étaient ensemble celle si devenait plus supportable bizarrement. Comme si ces des charges négatives s'annulaient.

Enfin. Tout en ayant ça dans la tête, Guillaume fit l'amour à Léa. Et juste au moment de finir, un visage lui vint en tête, et ce n'était pas celui de Léa.

***

Après quelques instants restés sur le canapé de daim brun, le basané posa ses lèvres sur la joue couleur porcelaine de la jeune fille avant de se lever du meuble qui grinça de plaisir, laissant la femme seule et nue dans le salon.

- Je vais prendre une douche.

Les yeux dans le vague, celle ci fixait un point imaginaire sur le mûr. Elle faisait toujours ça lorsqu'elle réfléchissait. Comme si elle mettait sa vision en mode "off" pour se concentrer sur ses pensées. Du plus longtemps qu'elle se souvienne, Léa avait toujours été appréciée et couvée par ses proches. Elle a été ce que l'on peut dire, une petite fille gâtée par la vie. Belle comme un cœur, aimable et vivace. Elle savait qu'elle plaisait et s'était comme une habitude pour elle qu'hommes comme femmes se retournent sur son passage.
Ainsi, elle n'accordait pas souvent d'importance aux gens. Elle n'accordait pas vraiment d'importance à l'homme qui était en train de se savonner dans sa salle de bain à l'instant meme. Elle avait mis le grappin sur lui et elle le sentait. Il était fou d'elle. Il ne lui avait jamais résisté, ou très peu. Il avait accepté de la partager avec d'autres hommes tout en ayant l'impression qu'il l'obtenait. Qu'il était mignon...

Mais lorsque Gringe lui avait parlé de sa nuit avec son colocataire, Aurélien, elle avait vu une lueur dans ses yeux sombres. Une lueur jusqu'à lors qui lui était destiné qu'à elle. À elle seule. Lorsqu'ils avaient couchés ensembles dans le canapé. Il n'était pas avec elle. Il était avec lui. Elle le voyait, le sentait, l'intuition. Quelque chose avait manqué. Il lui appartenait. C'etait à lui d'avoir peur de la perdre. Elle était incroyable, se rendait il compte de ce qu'il était en train de perdre ?
Il s'en rendrait compte. Guillaume revint, propre comme un sous neuf. Il embrassa Léa sur les lèvres, elle le retint, refermant ses fines mains sur son visage, glissant ses longs doigts dans ses cheveux bruns. Imposant sa trace, greffant son parfum, elle referma aussi sa bouche sur son cou laissant ses marques sur la peau de sa proie. Elle le laissa enfin partir, desserant sa prise, choisissant que c'était fini. Elle le regarda passer la porte. Lui jeter un regard amusé comme d'habitude juste avant de partir.
Elle était brillante, solaire, cachant Gringe. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. C'est ce que tout le monde croyait. Et c'est là qu'elle compris.

Elle avait beau être aussi lumineuse que possible, durant une éclipse, c'est la Lune qui cache le soleil.

Johnny Dep'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant