Chapitre 2

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Gabriel - Présent

— Alejandro !

J'ai beau l'appeler, il refuse de s'arrêter. Comment vais-je bien pouvoir régler ça ? J'entrevois sa colère. Ses bras sont tendus le long de son corps, les poings serrés. J'accélère le pas et réussit enfin à lui prendre le poignet. Je l'attire contre moi, le plaque contre mon torse avant d'enfouir mon nez dans son cou.

— S'il te plait, écoute-moi...

— J'en ai marre...

— Jandro, je serais revenu, je te le promets.

— Non, ce n'est pas ça. C'est à propos de Rose...

Rose... Celle-là, je vous jure. Il y a des coups de pied au cul qui se perdent. Mais bon, quoi qu'il arrive, j'aurais dû lui en parler. Elle m'a juste mâché le travail, comme d'habitude. J'aurais seulement préféré qu'elle ne le fasse pas en plein milieu du dîner. Elle ne m'a jamais mis autant en colère, malgré la montagne de bourdes à son actif. Je me demande quand même si je n'y suis pas allé trop fort, tout à l'heure.

— Alejandro, qu'est-ce qui se passe ? Tu m'en veux ?

— Non, non ! Ce n'est pas ça ! Que tu sois parti, en fait, je m'y attendais. Quand je suis retourné chez mes parents, t'étais tellement en panique. Je te connais, Gabriel. Et je te rappelle que tu m'as déjà quitté une fois parce que tu avais peur de t'engager. Non, ce qui me fait chier...

Il marque une pause. Il pivote, les yeux rivés sur ma cravate. Ses doigts jouent avec, la lissent, la remettent en place.

— C'est que ce soit elle qui t'aie ramené.

De ? Quoi ? Hein ?!

— Je comprends que personne ne m'ait prévenu mais j'aurais aimé qu'elle n'y parvienne pas. Je serais venu te récupérer et j'aurais été le héros...

— Attends... T'es jaloux de Rose ? Ça n'a pas de sens !

— Oui ! Et ça me fout la rage ! Elle a dit que tu te transformais quand j'étais là sauf que c'est grâce à elle ! D'un côté, t'es gentil avec elle, tu couches avec elle...

— Une fois ! C'était pour l'aider !

— Elle réussit à te convaincre de revenir. De l'autre, j'adore cette fille. Elle est géniale, elle nous a toujours soutenus. Elle était tellement heureuse après l'annonce du mariage, elle m'a carrément aidé à l'organiser ! Comment peut-on ressentir des sentiments aussi contradictoires envers quelqu'un ? Est-ce que ça fait de moi un monstre... ?

Il ne me regarde toujours pas, bloqué sur ma cravate.

— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? On aurait trouvé un moyen de...

— Un moyen de quoi ? De l'éloigner ? Pas question ! T'as besoin d'elle, je le sais. Et puis, ce serait injuste pour Rose. J'en ai parlé avec Kevin. Je sais que tu m'aimes, qu'elle ne cherche pas à s'immiscer entre nous mais c'est plus fort que moi... Parfois, j'aimerais être à sa place.

Des larmes tombent sur sa chemise. Mon homme s'effondre, devant moi, et je ne sais pas quoi faire. J'envisage de le prendre dans mes bras, de l'embrasser, de ne plus le lâcher. À quoi bon. Ce n'est pas de cela dont il a besoin. Il veut des mots, des mots précis, des mots que je n'ai pas.

— Je sais que c'est moi qui ai un problème...

— Ne dis pas ça. Tu es humain, c'est tout. On ne peut pas contrôler ses sentiments. On devrait en discuter tous les trois, ensemble. Le week-end prochain, autour d'un verre, on crèvera l'abcès.

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant