Chapitre Quatorze

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            Les six mois suivant l'affaire Marc, Gabriel et moi n'avions jamais été aussi proches. Nous mangions ensemble tous les midis, nos deux bandes avaient naturellement fusionné. Seul Kevin connaissait la vérité sur notre relation et sur le déroulé des événements. Ainsi qu'Alejandro. La rencontre s'était faite le jour même autour d'un diner. Désormais, je passais plus de temps chez eux que dans ma cage à lapin. Ils avaient décidé d'investir dans un canapé-lit, rien que pour moi. Un soir, Gabriel avait été jusqu'à me proposer de vivre avec eux. Juste avant que Jandro ne s'étouffe avec sa bière. Quoi de plus normal... Avec toutes leurs péripéties, il méritait bien de garder une certaine intimité.

À la suite de notre sortie en boite, Laura et Kevin s'étaient envoyé des centaines de messages. Une simple relation d'amitié, selon eux. Mouais... Si nous attendions encore un peu, j'étais sûre et certaine qu'ils auraient une bonne nouvelle à nous annoncer.

Quant à Marc, il n'avait pas survécu aux moqueries quasi quotidiennes de Gabriel. À chaque fois qu'il l'avait croisé, il l'avait salué d'un retentissant « Salut Marcouilles ! ». Comme il venait me voir tous les jours, les deux mâles s'étaient souvent côtoyés. Les gens avaient doucement commencé à se poser des questions jusqu'à découvrir une partie de la vérité. Les rumeurs avaient alors eu raison de lui et le beau gosse avait décidé de continuer les cours dans une fac parisienne, loin de son tortionnaire.

Malgré les événements passés, mon idée folle ne m'avait pas quittée. Après tout, notre contrat n'avait pas été rempli. Il fallait que j'en parle à Gabriel. Or, maintenant qu'il sortait avec Alejandro, la tâche serait plus ardue.

En fin de journée, je le retrouvai au Joe's bar. Il était déjà là, accoudé au comptoir, le nez dans son téléphone. Une pinte de bière à moitié vide témoignait de sa patience. À quelques pas de lui, j'aperçus un sourire et ses doigts tapèrent frénétiquement sur l'écran.

— C'est Jandro ?

Il sursauta en me découvrant si proche.

— Sérieux, Rose ! Tu veux ma mort ou quoi ?

— Oh, t'exagères ! Alors, c'est lui ?

— Oui ! Il m'offre un avant-goût de ce soir.

— Justement, à propos de ça...

Il se tourna et arqua un sourcil.

— Quoi ? Tu veux te joindre à nous ? Pas sûr que Jandro accepte...

— Ben... C'est presque ça...

— Attends, t'es sérieuse ? C'était une blague !

— Je sais, espèce d'idiot ! Je voulais parler de... Toi et moi...

Mes yeux étaient rivés sur nos chaussures, plus simples à affronter que son regard perçant. Soudain, je sentis sa main attraper la mienne.

— Rose... Tu veux dire... T'aimerais qu'on couche ensemble ?

J'acquiesçai en silence. J'avais honte de ce que je ressentais. Jamais je n'avais été si près du but et cela m'obsédait depuis des semaines. Pendant des années, cette idée m'avait pétrifiée mais avec lui... Seulement, ça n'était plus possible. Hors de question de faire ça à Alejandro. Il comptait beaucoup trop.

— Non, oublie... C'est stupide.

— En fait... Moi aussi.

Mon sourcil se haussa de surprise.

— Quoi ?

— Ouais... Ça fait plusieurs fois que... Je rêve de toi. De nous. Ensemble. Bizarre, hein ?

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant