Chapitre Dix

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            Je n'avais fait qu'appréhender notre séance de cet après-midi. Se faire embrasser par un semi-inconnu, des gens le faisaient tous les jours avec de vrais inconnus. Ce n'était rien de grave, au contraire. Se faire tripoter était une autre histoire. Même si Gabriel et moi étions maintenant amis, cela ne rendait pas la chose moins gênante.

À chaque rencontre, je regrettais mon idée saugrenue. La fois dernière, il avait réussi à me faire changer d'avis. Cela m'étonnerait beaucoup qu'il y arrive aujourd'hui. J'avais déjà vécu ce genre de situation. Des catastrophes monumentales. De gros obsédés, aucune délicatesse. Gabriel n'avait rien à voir avec eux, je l'avoue. La situation, elle non plus, n'avait rien à voir. Nous ne sortions pas ensemble, je n'étais pas amoureuse de lui et lui n'était carrément pas attiré par les filles. Je me demandais vraiment comment il réussirait à rendre cette épreuve supportable.

J'arrivai chez lui un peu avant dix-sept heures. Quand la porte s'ouvrit, Gabriel était torse nu, uniquement vêtu d'un jean délavé, laissant dépasser un boxer bleu. Oh, et une serviette sur la tête.

— T'as vu, je me suis fait tout beau rien que pour toi.

Appuyé sur le chambranle de la porte, il me fixait. Le jeu avait commencé. Il tira sur sa serviette et secoua ses cheveux encore humides. Une vraie scène de film. Juste pour moi. Sa main attrapa la mienne, me guida à l'intérieur. Rapidement, je me retrouvai assise à califourchon sur lui. Son regard devenait de plus en plus intense, alors qu'il m'observait de haut en bas. Ses mains vinrent agripper mes hanches avec puissance et douceur. Gabriel m'attira vers lui jusqu'à ce que nos poitrines se touchent. Son front se posa contre le mien. Tous ses mouvements faisaient naître en moi une vague de chaleur. Elle traversait tout mon être, se faufilait dans chaque recoin, chaque repli de ma chair, de mon esprit. Ses prunelles étaient aussi profondes que celles d'un prédateur face à sa proie. Si je me risquais à y plonger, je savais que je n'y survivrais pas, que je n'en ressortirais pas indemne. Même s'il n'y avait pas d'amour entre nous, quelque chose se développait au fur et à mesure de nos rendez-vous. Cela s'était intensifié ce week-end, durant cette soirée abominable et ce dimanche extraordinaire. Gabriel avait évidemment son sourire fétiche vissé au visage. Sa langue se fit un chemin entre ses dents, comme pour venir me saluer avant d'entamer les choses sérieuses. Je sentis la chaleur de ses mains remonter jusqu'à ma nuque.

— Mon corps ne te donne plus autant envie de vomir on dirait ?

Son rire était guttural, vibrant et terriblement envoutant.

— On dirait bien oui. J'ai eu tort... Mais princesse... Toi, tu vas regretter de m'avoir raccroché au nez.

D'un coup, il me souleva et me fit basculer sur le dos. Il se pencha au-dessus de moi, plus carnassier que jamais, m'embrassa langoureusement. Cette fois, je me laissai faire sans opposer de résistance. J'attrapai ses cheveux pour le maintenir contre moi. Ses doigts passèrent sous ma chemise, coururent sur mon ventre, le caressèrent doucement. Gabriel quitta ma bouche et se dirigea vers mon oreille droite.

— Ça y'est, on est allés doucement. On peut passer aux hostilités.

La bête entreprit d'embrasser la moindre parcelle de mon cou, passa à mon menton, au coin de mes lèvres, le bout de mon nez puis mon front. Son regard plongea à nouveau dans le mien. L'excitation était palpable. Je n'arrivais pas à déterminer si elle était feinte ou non. Cela ne me dérangeait pas, ni lui ni moi ne prenions tout cela vraiment au sérieux. Nous jouions ensemble. Pas en dehors de nos séances, je l'espérais. Aucune peur ne venait s'insinuer entre nous. Gabriel prenait soin de moi. Même en cet instant. Il ne franchirait pas mes limites, je le savais.

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant