Chapitre V

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Putain de merde ! À cause de la foule, je n'avais pas réussi à la rattraper. Elle s'était faufilée à une vitesse folle dans cette saloperie de boite pendant que j'avais pataugé au milieu des gens, poussant tout le monde sur mon passage. Une fois dehors, elle était déjà dans un taxi. Mes suppliques n'avaient pas réussi à arrêter sa fuite. « Je te demande pardon ». Ce que j'avais redouté arrivait. Fait chier...

Sa chemise noire, son décolleté vertigineux, son jean moulant, ses chaussures noires à talons. Simple, droit au but. Moi aussi, j'avais eu une furieuse envie de l'embrasser durant cette danse. Tant qu'elle avait gardé les yeux fermés, j'avais réussi à m'en empêcher. Lorsqu'elle les avait ouverts, en une demi-seconde, le feu m'avait envahi, son désir m'avait sauté à la figure. Je ne pensais pas qu'elle cèderait. Lors de nos séances, il lui fallait toujours un temps de démarrage. Cette fois, elle n'en avait pas eu besoin. Au moins, j'avais été utile sur ce point. Maintenant, je devais rattraper, encore, une énorme connerie.

Kevin me rejoignit rapidement à l'extérieur, Laura sur les talons. Notre sortie n'était pas passée inaperçue. J'allumai une cigarette, m'assis par terre, dos au mur puis levai la tête vers eux.

— Gabriel, qu'est-ce qui s'est passé ? Je t'ai vu courir après Rose ! Tu lui as dit quoi ?

— Rien... Enfin presque.

— Gabriel !

Je ne pouvais pas leur dire la vérité. Rose m'en voudrait encore plus.

— Je... Je l'ai embrassée...

— Que... Pardon ?

— Je l'ai embrassée ! On était en train de danser, elle était collée à moi, elle me fixait avec... Bref, j'ai merdé.

— Où est-ce qu'elle est ?

— Elle a pris un taxi.

— Laura, tu peux...

Elle était déjà pendue au téléphone. Elle semblait inquiète, Rose avait de la chance de l'avoir. Comme j'avais de la chance d'avoir Kevin.

— Depuis quand t'es amoureux d'elle ?

— Quoi ? Ça va pas, non !

— Alors pourquoi, bon Dieu de merde, tu l'as embrassée ?

Vu son expression, Laura avait réussi à joindre Rose. Tant mieux.

— C'est elle qui m'a embrassé.

— Tu viens juste de dire le contraire.

— Je ne voulais pas le dire devant Laura. Samedi, tu te rappelles que je dois te parler d'un truc ?

— Oh que oui ! Mais quel est le rapport ?

— Tu comprendras... N'en parle pas, s'il te plait...

Il s'agenouilla devant moi et posa ses mains sur mes genoux. Ma confiance en lui était aveugle seulement, j'avais besoin de l'entendre.

— Je te le promets.

— Tu peux aussi promettre de ne pas me détester ?

— De ne pas te détester ? Sérieux, Gabriel, qu'est-ce que t'as...

— S'il te plait...

— Je te le promets aussi.

Les jours suivants, impossible d'aller à l'université. Grâce à Laura, Kevin m'avait donné des nouvelles de Rose. Elle avait prétexté une dispute, j'avais donc eu raison de ne pas en parler devant son amie. Elle avait passé une matinée chez elle mais était venue en cours l'après-midi. Je n'avais pas osé l'appeler. Pas encore. Il fallait d'abord que je parle avec quelqu'un.

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant