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            Gabriel. Voilà un nom que je n'oublierais pas de sitôt. Ce salopard aurait pu tout faire rater. Dommage pour lui, son secret était aussi impardonnable que le mien. Il fallait juste le devancer, ce que j'avais fait en appelant Rose immédiatement à la sortie du bar. Elle avait bu mes paroles, surtout lorsque je lui avais précisé que cette brute m'avait fracassé le nez. J'aurais presque eu envie de le remercier. Presque.

Désormais, Rose était à moi. Nous avions rendez-vous devant notre bâtiment principal. Pas question de repousser, elle ne pourrait pas se défiler. Plus que quelques heures et ce cinéma ridicule serait enfin terminé. Excellent timing, mes parents sortaient et ne rentreraient pas avant au moins minuit. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion en or. Dix minutes à l'attendre quand je la vis sortir, les yeux rivés vers le sol.

— Rose !

Sa tête fit un mouvement fulgurant dans ma direction. On pouvait même apercevoir ses yeux pétiller. Mon charme n'avait jamais autant fonctionné qu'avec elle. Pour une vierge, ce n'était pas très étonnant.

J'imagine que Gabriel avait réussi à lui parler. Rien à foutre, elle ne croyait que moi. J'étais son prince charmant, son homme idéal, jamais elle ne remettrait en question ma version des faits. Dommage, mon nez n'était pas cassé, cela aurait joué en ma faveur. Mmmmh... Pourquoi ne bougeait-elle pas ? Aaaah... Évidemment, c'était à moi de bouger mon cul pour aller jusqu'à elle. À quelques pas de lui faire face, elle se jeta sur moi.

— Ah... Euh, est-ce que ça va ?

Qu'est-ce qui lui prend ?

— Oui. Je suis juste contente que tu sois là.

Totalement conquise. Finger in the nose. Une petite phrase, un câlin et tout serait fini. Ce soir, elle serait à moi.

— Moi aussi je suis content d'être là. Surtout avec un accueil pareil.

Et voilà, l'affaire était pliée. Comment pourrait-elle me dire non ? Attention, touche finale.

— On y va ? J'ai mis du champagne au frais.

— Du... Champagne...

Elle était à la limite de la combustion spontanée. Objectif en vue. Le plus dur restait à faire.

— Je suis garé par là-bas. Tu vas m'aider à l'inaugurer en mode décapotable. À cause du temps dégueulasse de ces derniers jours, je n'ai pas pu essayer mon cadeau d'anniversaire.

— Joli cadeau.

— C'est sûr, je n'ai pas à me plaindre. Par contre l'argent de mes parents ne peut pas m'acheter une jolie demoiselle pour m'accompagner. Mmmh... En fait si, mais ce serait bizarre. Au fait... Pourquoi... Avoir cherché un mec comme ça ?

— C'est compliqué...

— Tu peux me le dire, tu sais ? Je ne te jugerai pas, je ne me moquerai pas. Non, attends. Tu me le diras à la maison, quand on sera tranquille, rien que tous les deux, où les oreilles ne trainent pas.

— D'accord... Que je te le dise maintenant ou plus tard, j'aurai l'air ridicule dans tous les cas.

— On fait tous des trucs cons. Regarde-moi, je t'ai laissé entre les mains d'un escroc mythomane alors que je savais qu'il était mauvais. Je t'ai dit de faire attention et je n'ai rien fait pour te protéger...

Merde... J'étais pourtant sûr que ça la ferait chialer. Tant pis, la prochaine fois. Devant ma voiture, elle fit une moue impressionnée. Les voitures de sport, ça fonctionnait toujours. En accord avec mon personnage, je la dépassai pour lui ouvrir la porte.

— Après vous, mademoiselle.

— Merci beaucoup, cher monsieur.

Correctement installés, une pression sur un simple petit bouton et la magie opéra. En quelques secondes, le soleil envahit l'habitacle de la voiture. Rose leva la tête. Elle avait changé de coiffure. Léger mieux mais toujours pas mon genre. Trop... Normale. Rien de surprenant. Aucun effet « Wahou ! », quoi. Je démarrai la bête, fis vrombir le moteur, histoire que tous les regards se tournent vers nous et quittai ma place de stationnement. Nous restâmes complètement muets, seule la radio rompait ce silence embarrassant.

Calés dans mon canapé, l'ambiance se détendit.

— Alors, ça t'a plu ?

— Oui beaucoup !

— Tant mieux. Tu veux boire quelque chose ? Le champagne, c'est pour plus tard.

— Euh... Un Coca, c'est bien. Si t'en as.

— J'ai. Ne bouge pas, je reviens.

Son sourire était si innocent qu'il faillit m'attendrir. Sauf que ma volonté était sans faille. J'atteindrai mon objectif, quoi qu'il m'en coûte. Je vins de nouveau m'asseoir près d'elle, me rapprochant doucement. Il ne fallait pas l'effrayer. Il ne manquerait plus qu'elle prenne peur et s'en aille. J'aurais fait tout ça en vain.

— Rose, ça va mieux ? T'avais l'air en colère tout à l'heure.

— J'ai vu Gabriel ce matin. J'avais envie de l'étriper ! Il a essayé de m'embobiner en me racontant n'importe quoi.

— C'est-à-dire ?

Qu'est-ce que ce sale type avait bien pu lui dire ? Rose ne l'avait pas cru, néanmoins, l'idée était maintenant dans un coin de son esprit. Je n'aurai le droit à aucun faux pas. Si elle commençait à douter, mon plan pourrait être compromis. Et ça, il n'en était pas question !

— Il m'a dit que tu voulais juste coucher avec moi, parce que je suis noire. Que c'était pour ça que tu m'avais approchée.

— Coucher avec toi ? Parce que tu es noire ?

— Oui. Et après le dire à tout le monde.

— Merci de ne pas l'avoir cru. C'est ridicule... On n'est pas dans un film, haha !

— On n'en est pas loin quand même.

— Pas faux. J'aimerais Ryan Reynolds pour jouer mon rôle.

— Et moi ?

— Toi... Mmmh... Emma Watson. Elle serait parfaite en petite demoiselle pure et innocente.

Je pensais pourtant lui avoir fait un compliment... Pourquoi avait-elle l'air en colère ?

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant