Chapitre VII

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— Tu n'as pas le droit de m'en vouloir. Tu savais depuis combien de temps j'attendais ce moment !

— Je m'en fous ! T'avais promis d'y aller doucement ! J'ai mal !

— Quelle chochotte...

Nous n'avions pas beaucoup dormi cette nuit-là, pour mon plus grand plaisir. Je crois... Ce salaud n'y était pas allé de main morte. D'accord, cela faisait longtemps qu'il voulait qu'on remette le couvert et je méritais bien une petite vengeance, néanmoins ce n'était pas une raison pour m'infliger une telle souffrance ! Je l'avais eu ma punition ! Moi qui voulais quelque chose de long et douloureux, le sort me l'avait littéralement offert. Il me fallait tout de même avouer qu'Alejandro connaissait son sujet. Nous l'avions fait dans le canapé, sur la petite table pour finalement atterrir dans la chambre. La meilleure nuit de tous les temps, ainsi que ses conséquences. Je pourrais toujours me venger plus tard.

Alejandro était dans la cuisine. Vêtu seulement d'un jean. Il faisait du pain perdu avec plusieurs tranches de pain de mie rassies. Ma période croque-monsieurs s'était terminée il y a des semaines. La lassitude l'avait encore emporté. Les gâteaux, les croque-monsieurs, les mecs... Rose avait raison. Je traitais les hommes de la même manière qu'un paquet de friandises. J'en découvrais un nouveau, le trouvais appétissant, le dévorais, retournais en chercher plus, le dévorais encore, perdais tout intérêt pour lui, jetai les restes et partais en quête d'un nouveau paquet plus attirant, plus intéressant, plus susceptible de me rassasier et de me contenter. À force de les enchainer, un par un, les uns après les autres, j'avais perdu le sens du goût... Alejandro en était la preuve. Il n'avait pas été le premier à attirer mon attention, par contre il était le seul à l'avoir gardée au-delà de notre séparation. La fierté masculine...

— Pas trop mal à la tête ? Avec tout ce que tu t'es envoyé hier...

— Si. C'est aussi ta faute, d'ailleurs.

— Haha ! Ose dire que ça t'a déplu !

— Demi-point pour toi.

Mes yeux ne voulaient plus le quitter. Je devais me jeter à l'eau. Maintenant. Le moment était idéal. Nous avions passé une nuit mémorable, nous étions détendus, il ne fallait pas attendre. La première fois, c'était lui qui m'avait demandé. Nous étions rentrés ensemble sous l'insistance d'Alejandro. Le chemin traversait un petit parc avec un étang. Il m'avait pris la main et amené au bord de l'eau. Sa paume moite toujours dans la mienne, il s'était tourné vers moi. Sur le coup, je n'avais pas compris ce qu'il essayait de faire. Après plusieurs secondes d'appréhension, il avait enfin réussi à faire sa proposition. Il avait pris son courage à deux mains et s'était lancé. Je fermai les yeux, inspirai un grand coup... À mon tour d'être courageux !

— Jandro. J'ai un truc important à te demander. Écoute-moi et ne m'interromps pas.

— Ok.

— Ne m'interromps pas, j'ai dit ! Bon... Je te l'ai dit hier, j'ai été un con avec toi.

— Un peu oui.

— Mais tais-toi ! C'est important, merde !

— Alors arrête de tourner autour du pot.

— T'es gentil, toi ! Comme si c'était simple ! Je n'ai jamais fait ce genre de truc...

— Je m'en doute. Regarde-moi, prends ma main et respire. Ça va mieux ?

— Ouais... Tu... Tu veux bien me donner une deuxième chance et me reprendre ? Je me suis juré de changer ! Je te le jure aussi...

— Gabriel, tu connais la différence entre les mots « deuxième » et « second » ?

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant