Chapitre Trois

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                 D'après l'heure, le cours devait être terminé maintenant. J'envoyai à Laura le numéro de la salle où je m'étais réfugiée. Je n'avais trouvé aucun reste de maquillage chez Gabriel. Mon amie était toujours très bien apprêtée, espérons qu'elle ait quelques ustensiles miracles dans son sac. Il fallait juste éviter Marc entre-temps... Marc ! J'avais oublié de reporter notre rendez-vous de ce week-end ! Pas grave, je le préviendrai tout à l'heure.

En rangeant mes affaires, j'entendis des bruits de talons dans le couloir. Je pariai sur ma copine et... Bingo ! Elle passa sa jolie tête par la porte. Lorsqu'elle me vit, un sourire se dessina sur son visage. Un teint blanc ivoire, de beaux yeux caramel, des lèvres maquillées de rouge, réhaussées par de longs chevaux noirs. Être entourée de gens beaux, ça fout un coup.

— Alors... On a découché hier ? Chez qui ? Marc ? C'est une de ses chemises ?

Elle prononça son nom avec un clin d'œil. Comment avait-elle pu, ne serait-ce qu'une seconde, penser que j'avais dormi chez lui ?

— Euh non... Chez un nouvel ami que tu ne connais pas. Il m'a prêté de quoi m'habiller.

— Un ami que je ne connais pas ? C'est rare ça.

— Moi aussi je peux faire des rencontres !

— Mais oui, je sais. Tu me le présentes quand ?

— Bientôt.

Ou jamais... Une petite partie de cache-cache plus tard, Laura sortit un mascara, un crayon noir et des lingettes. Une vraie femme. Je courus jusqu'aux toilettes en priant pour qu'il n'y ait personne. Heureusement, pas âme qui vive. Ma réputation était sauve. Avec les lingettes, je nettoyai mon visage des restes d'hier. Un peu de crayon, une tonne de mascara et me voici à nouveau présentable. J'étais fin prête pour affronter cette nouvelle journée.

— Je n'avais pas vu que t'étais en jupe. C'est la première fois, non ?

— Oui... J'y étais obligée. Ses pantalons auraient été dix fois trop grands.

— La jupe est à lui ?

— C'est un kilt ! Ça n'a rien à voir !

— Ok ! Ne t'énerve pas, tes amis ont le droit d'avoir les passe-temps qu'ils veulent.

Sourire aux lèvres, elle me jeta un regard plein de sous-entendus. Gabriel travesti ? Je paierai cher pour voir ça.

Cela faisait longtemps que les cours n'avaient pas été aussi intéressants. Pour une fois, j'avais de l'inspiration pour ma dissert'. La psychologie infantile n'avait plus aucun secret ! Mais avant... Je devais parler à Marc à propos de ce week-end. Sur les conseils de Gabriel, mieux valait reporter notre après-midi ensemble. De plus, il m'avait invitée à une fête tout à l'heure, alors pas besoin d'inventer une histoire saugrenue. Ah, le voilà...

— Tu ne m'aurais pas évité aujourd'hui ?

— Non... Enfin si. Ce week-end, je ne pourrais pas venir. J'ai oublié que j'avais déjà quelque chose de prévu. Désolée de ne te prévenir que maintenant.

— Oh, c'est pour ça. T'inquiète pas, des week-ends, on en aura d'autres. Par contre ce soir, je ne peux pas t'inviter au bar, repas de famille, tu vois le genre... Mon frère est rentré de Corée du Sud ce matin.

— T'en fais pas, on se fera ça une prochaine fois. À demain alors ! Et encore désolée.

Il glissa ses doigts entre mes cheveux et me déposa un léger baiser sur le front puis s'éloigna. J'étais soulagée d'avoir décalé notre rendez-vous. Cela aurait été une plantade monumentale, c'est une certitude. Vu ma réaction devant ce simple contact, mon corps aurait fondu entre ses mains. Malgré tout, je ne faisais que repousser l'inévitable. Gabriel devait absolument parvenir à me déflipper.

Je préfère les poils - Et si je me laissais pousser la moustache ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant