Chapitre 26 : Mateo

391 45 11
                                    

- Mateo ! Calme-toi !
- Tais-toi !
- Tu veux finir à l'hôpital ou quoi ?, me crie Carlos.
- Je m'en moque de finir à l'hôpital ou non !, lui hurlais-je à mon tour, frappant une nouvelle fois dans le sac de boxe qui se trouve devant moi avec une haine non dissimulée.
- Tu penses vraiment que ce que tu fais va arranger quoi que ce soit ?, continue-t-il de crier, n'osant pas me toucher alors que je suis à bout de souffle.

Je ne prends aucunement en compte ce qu'il peut me dire, me contentant de frapper toujours plus fort contre ce sac qui se tient devant moi et qui semble plier sous toute cette rage que je ne peux contenir. Depuis plus d'une semaine, c'est ainsi, chaque soir sans exception. Je ne peux tout simplement pas me résoudre à accepter cette impuissance que l'on m'impose, m'empêchant de venir en aide à celle que je ne peux oublier. Ça m'est impossible. Et ça me frustre. Je suis terriblement frustré de voir que c'est elle qui m'a protégé des problèmes que j'aurai pu m'attirer alors que ça aurait dû être moi qui aurait dû la protéger de tous.

- C'est elle qui a décidé de fuir ! Elle aurait parfaitement pu rester ici, avec toi ! C'est elle qui ne l'a pas voulu !

Soudainement, je serre encore plus les poings alors que je frappe le sac une dernière fois de façon bien plus violente et bien plus sèche que tous mes précédents coups, sentant une terrible douleur prendre ma main droite, tandis que mes yeux viennent se poser sur l'homme que je croyais être mon ami, lui jetant un regard des plus sombres, le faisant immédiatement ravaler difficilement sa salive alors qu'il a un léger mouvement de recul au fur et à mesure que je m'approche de lui.

- Ne dit plus jamais qu'elle voulait tout ce qu'elle a pu faire parce que, si elle avait réellement eu le choix, je suis persuadé qu'elle ne serait jamais partie aussi vite par un froid aussi glacé que celui de la semaine dernière. Si elle est partie, ce n'est sûrement pas parce qu'elle le voulait mais uniquement parce qu'elle savait tous les problèmes que j'aurai pu avoir si on l'avait retrouvée chez moi ! Elle était très bien ici, avec moi ! Tu ne sais absolument pas ce que nous avons pu faire la nuit précédente, avant que tu n'arrives à l'improviste chez moi pour la faire fuir en lui disant que ses parents viendraient me causer des ennuis ! Tu ne sais pas à quel point elle a pu pleurer dans mes bras ! Tu ne sais pas à quel point elle peut être mal ! Tu ne sais absolument pas ce que ses parents peuvent lui faire sans que nous ne le sachions ! Tu ne sais rien d'elle ! Tu n'as même pas su voir à quel point elle a pris peur en apprenant qu'elle allait définitivement être coupée de sa ville natale, là où elle avait enfin trouvé quelqu'un qui voulait l'aider, qui pouvait l'aider ! Tu crois vraiment qu'elle est partie aussi vite juste par plaisir ?! Ne me laissant même pas le temps de la retenir ! Tout ça, tout, je dis bien TOUT, tout est de ta faute, tu m'entends ? Si c'était pour elle, pour l'aider, pour la garder près de moi, j'aurai été prêt à assumer n'importe quels problèmes tout comme j'aurai été prêt à attendre ses dix-huit ans si ça aurait pu vous faire comprendre que je tenais vraiment à elle et que ce n'est pas juste pour m'amuser ou je ne sais encore quelle bêtise vous auriez pu inventer ! Mais vous, vous tous... Et toi, toi, mon propre meilleur ami... Aucun d'entre vous, pas même sa propre famille, personne n'a su se rendre compte qu'elle souffrait réellement, et crois-moi, elle souffre au moins autant que moi je l'aime et Dieu seul sait à quel point je peux l'aimer !

Je suis à bout de souffle, le cœur battant terriblement vite sans parvenir à m'expliquer pourquoi, mes pensées s'embrouillant chaque seconde un peu plus en repensant à la semaine passée, lorsque April avait dormi ici, chez moi, dans ma chambre, dans mon lit, m'offrant la chance de pouvoir m'endormir à ses côtés. Chance qui s'était rapidement envolée lorsqu'il était arrivé pour tout détruire, lui faisant réaliser que ce que nous faisions était « mal ». Sûrement pour cette raison qu'elle ne m'avait alors même pas laisser le temps de la retenir après avoir appris de la bouche de mon « meilleur ami » que je risquai de très gros problèmes si quelqu'un venait à trouver une quelconque preuve de sa nuit passée chez moi. Elle est partie sans me laisser le temps de lui faire comprendre que je me moquais éperdument de tous ces problèmes qui pourraient s'abattre sur moi du moment qu'elle aurait été avec moi. Mais je suis certain qu'elle n'est absolument pas partie parce qu'elle le voulait. Elle n'aurait jamais voulu retourner chez elle de plein gré. Si elle s'est enfuie aussi vite de chez moi en apprenant la venue proche de ses parents, qui sont d'ailleurs arrivés quelques minutes après son départ, ce n'était que pour m'éviter de quelconques problèmes, je le sais, je le sens, j'en suis convaincu. Mais ça aurait dû être moi. Elle ne devrait pas avoir à vivre tous ces problèmes par ma faute. Depuis le début, tout est uniquement ma faute. Certes, au départ, ce n'était qu'un simple jeu pour moi, j'ai toujours été comme ça, aimant voir l'effet que je peux produire sur autrui, particulièrement sur les femmes, et je sais parfaitement que je n'aurai jamais dû tenter le diable en voulant voir jusqu'où mon charme pourrait me mener mais j'imagine que ma folie a finalement été punie parce qu'à force de jouer, j'ai finalement perdu...

Teach Me Love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant