Chapitre 33 : April

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Un bruit sourd, sec et effrayant. Cruel, court mais pourtant si terrifiant me prend de court, me réveillant en sursaut alors que j'étais si paisiblement endormie. Le tonnerre vient s'abattre sans la moindre discrétion sur l'internat tandis que des éclairs vifs illuminent le ciel à travers la fenêtre de ma chambre. Le doux silence paisible du moment où je m'étais endormie est désormais passé, ne laissant place plus qu'à une terrible mais pourtant agréable symphonie de grondements. Pourtant, parmi les sons forts émanant de cet orage pour le moins inattendu, un rire particulièrement agréable vient se faire entendre, caressant avec douceur mon oreille, faisant écho à ces fins doigts venant effleurer ma joue pour lentement placer quelques mèches de cheveux qui m'empêchaient de voir clair derrière mon oreille.

- Hola, mi rosa.

En entendant sa voix grave venir m'étreindre, quelques frissons parcourent mon corps tout entier pourtant bien au chaud dans les bras de celui qui me protège du froid. Pourtant encore à moitié prise dans les bras de Morphée, un petit sourire vient se glisser sur mes lèvres rien qu'en sachant que je suis en train de me réveiller dans ses bras. Peu importe que le temps ne soit pas clair et que ce ne soit pas le soleil qui vienne me réveiller comme dans toutes ces scènes qui se plaisent à être dessinée dans mon esprit, laissant les orages venir prendre leur place, car dans toutes cette images inscrites dans mon cerveau, jamais je n'aurai osé penser qu'il serait là. Mon cœur seul est capable de me faire réaliser par ses battements beaucoup trop frénétiques qu'il est bel et bien réel et que jamais mon imagination ne sera à la hauteur pour imaginer quelqu'un aussi désirable que lui.
La voix encore quelque peu enrouée par la fatigue, j'articule tout doucement quelques mots afin de lui demander l'heure. Question à laquelle il ne répond qu'une fois avoir récupéré son téléphone qui se tenait caché dans l'une de ses poches : 5h03. Il est encore très tôt. Nous n'avons visiblement pas beaucoup dormi mais, à vrai dire, peu m'importe, cela ne fait que me laisser plus de temps pour profiter de lui.
Des pensées bien trop égoïstes en tête, un court bâillement s'échappe de mes lèvres, lui faisant lâcher un petit rire à la fois attendri et amusé par ma réaction infantile alors que je m'étire difficilement, prise dans ses bras forts qui ne semblent pas vouloir me lâcher, pour mon plus grand plaisir. Soudainement, venant briser ce cocon si parfait qui s'était installé autour de nous, un éclair bien plus agressif que les autres se fait entendre, comme pour nous faire comprendre que nous ne sommes pas les seuls présents sur cette terre comme nos gestes pourraient le laisser entendre. Ne nous y attendant pas le moins du monde, un court sursaut nous fait nous rapprocher encore un peu, nos corps étant si proches que je peux sentir sa respiration directement venir s'abattre sur mes lèvres, mais contre toutes attentes, ce n'est autre qu'un rire partagé qui se fait entendre dans la pièce, la gêne résonnant tout de même dans nos voix.
Me serrant un peu plus dans ses bras, sûrement pour me rassurer d'une quelconque peur que je pourrais être susceptible de ressentir, il susurre à mon oreille de ne pas m'inquiéter car il est là, tout près de moi, comme si j'étais une enfant, me faisant sourire sans que je ne sache si c'est de plaisir, d'amusement ou d'attendrissement.

- Je n'ai pas peur vous savez ?, soufflais-je dans un souffle amusé.
- Ah oui ? Alors pourquoi avoir sursauté ?, s'amuse-t-il en caressant mon crâne.
- Je vous retourne la question, fis-je en souriant.

Un petit rire s'échappe de ses lèvres qui viennent rapidement être humidifiées par sa langue. Ce geste si lent illuminé par les éclairs traversant la fenêtre de ma chambre a tout de suite l'effet d'une bombe en moi, mon corps frissonnant de tout son être rien qu'à cette vue si délicieuse et, prise dans l'idiotie de cet instant, les mots s'échappent de mes lèvres sans même que je n'y prête la moindre attention.

- Vous ne voudriez pas qu'on aille sous la pluie ?
- Pardon ?, s'étrangle-t-il presque.

Ce n'est qu'en entendant sa voix à moitié étouffée que je réalise ce que je viens de dire, me giflant alors mentalement avec une violence sans nom pour avoir été si irréfléchie.

Teach Me Love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant