Teach Me Love...

Chapitre 10 : Mateo

- Oui mais il faudrait tout de même voir avec eux si cela reste possible parce qu'un voyage ne se prépare pas sur un coup de tête.
- Oui, tu as raison, je vais en parler avec l'équipe et je te tiens au courant.
- Merci parce qu'il est vrai que j'aimerai beaucoup faire découvrir Madrid à ma classe de terminale pour leur dernière année.
- Oui, moi aussi. On n'a plus qu'à travailler pour leur offrir ce plaisir !
- Oui.

Accompagné d'un grand sourire, je sers la main de mon collègue, lui aussi professeur d'espagnol, avant de partir en direction de la salle des professeurs pour poser mes copies dans mon casier. Une fois ceci fait, je repars vers ma salle récupérer ma clé USB lorsque je remarque Allie et Adam qui courent dans les couloirs. Interloqué, je les arrête lorsqu'ils passent à mon niveau et, un air faussement réprimendeur plaqué sur le visage, je leur demande pourquoi est-ce qu'ils s'agitent autant dans les couloirs, au milieu de la foule d'élèves qui attendent d'entrer en cours. Voyant qu'Adam n'a pas vraiment l'air d'humeur à me répondre, je me tourne instinctivement vers Allie qui s'empresse de répondre à ma question après quelques légères hésitations.

- Madame Richard nous a retenus à la fin du cours pour nous demander... Quelques informations, dis-t-elle un peu hésitante, et d'habitude, April reste toujours avec nous lorsqu'un professeur nous demande de rester mais là, madame Richard n'a pas voulu qu'elle reste donc elle nous a dit qu'elle nous attendait devant la porte sauf qu'en sortant, elle n'était plus là et du coup, on s'inquiète.
- Pourquoi ? Elle voulait peut-être juste prendre l'air ou aller aux toilettes.
- Vous ne la connaissez pas aussi bien que nous, ce n'est absolument pas dans son genre, me répond Adam, hautain.

Je ne prends absolument pas en considération son ton plus que désagréable et me contente de leur dire d'aller en cours, je m'occupe d'aller la chercher. Ils ne semblent pas d'accord mais se trouvent dans l'obligation de m'obéir étant donné que je suis un professeur. Je leur demande dans quel cours ils doivent se rendre désormais et, après avoir pris le carnet d'Allie pour connaitre leur emploi du temps, ils partent en direction de leur cours de mathématiques.
Je réfléchi quelques instants à l'endroit où elle pourrait être mais je me démoralise bien rapidement lorsque je me rends compte que je ne la connais suffisamment pas assez pour savoir où chercher, comme l'a si bien fais remarquer Adam. C'est alors qu'une image me revient en mémoire : les escaliers près de l'entrée du lycée. A cette heure-ci, il ne doit y avoir personne et ça en fait donc l'endroit rêvé pour quelqu'un qui souhaite être seul, surtout que je sais qu'elle aime se retrouver seule sur ces escaliers, après l'avoir souvent vu s'y asseoir pour écrire.
Je me précipite pour suivre mon instinct et, en quelques minutes à peine, je me retrouver devant ces fameux escaliers. Je ne la remarque pas tout de suite, étant assise tout en haut de ces escaliers, dans un coin, en silence, ses écouteurs dans les oreilles, son crayon dans la main, son carnet sur ses genoux. Une nouvelle fois, je reste bouche bée en la voyant. Sans que je comprenne pourquoi, je suis de nouveau en train de l'admirer, exactement comme la semaine dernière, à la fin de son cours particulier. Il faut bien avouer qu'elle est très belle lorsqu'elle est concentrée ; je l'avais déjà remarqué dès les premiers cours de l'année mais jamais cela ne m'avait semblé très important, ou peut-être aurais-je tout simplement voulu me le cacher, même inconsciemment, allez savoir pourquoi.
Brusquement, je réalise l'idiotie de mes pensées. A quoi est-ce que je pense... ? Surtout vis-à-vis d'une élève, c'est totalement ridicule et particulièrement fou.
Me giflant mentalement pour oublier toutes ces pensées qui me reviennent étrangement de plus en plus fréquemment, je pense à repartir en arrière pour la laisser seule et ne pas me risquer à de nouvelles pensées mal-placées mais je me souviens qu'elle est censée avoir cours et que je suis censé être celui qui devais la ramener. Soupirant d'exaspération, je m'avance vers elle, montant discrètement les escaliers, si bien qu'elle ne me remarque toujours pas.
Je viens m'asseoir à ses côtés et, doucement, je lui retire un de ses écouteurs. Surprise et sûrement apeurée, elle sursaute avant de refermer très rapidement son petit carnet. Décidément, cette action répétée ne fait qu'accroitre la curiosité enfouie en moi qui s'anime à chaque fois que je vois ce petit carnet fleuri.