Teach Me Love...

Chapitre 36 : April

Oh mon dieu... Que suis-je supposée faire...? Elle vient de nous voir... Et son expression ne me dit rien qui vaille...
Je me mords la lèvre inférieure, ne sachant absolument pas où regarder alors que le regard de ma mère ne cesse de jongler entre monsieur García et moi, me rendant de plus en plus mal à l'aise tandis que Mateo lève les yeux vers le ciel, visiblement exaspéré par la situation des moins inhabituelles.
Subitement, ma mère se racle la gorge, détachant finalement son regard moi pour le laisser détailler l'homme à mes côtés. Que ce soit son visage, ses mains ou tout simplement son corps, ses yeux ne laissent rien passer, inspectant minutieusement le tout comme s'il n'était qu'un objet exposé dans une vitrine. Mais, visiblement, cela ne le met en rien mal à l'aise. Bien au contraire, comme pour la défier, il plonge son regard dans le mien. Un regard des plus lancinants qui provoque en moi quelques frissons des plus délectables. Et, instinctivement, dans mes pensées ressurgissent les images de ce baiser échangé il y a quelques minutes à peine, laissant un petit sourire à la fois gêné et pourtant joyeux se glisser sur mes lèvres. En quelques secondes à peine, le même sourire vient se dessiner sur ses lèvres si parfaites, me laissant dans l'attente si difficile à combler d'un nouvel échange entre nous deux qui ne semble pas avoir la chance de pouvoir voir le jour si tôt...

- Il me semble que vous vous êtes trompé de porte, monsieur, lance-t-elle sèchement à Mateo. April, ton père nous attend. Retournons à table.
- J'arrive...
- Maintenant.
- Maman...
- Dépêche-toi.

Sans plus attendre, elle quitte la pièce, nous laissant dans un silence pesant qui me fait oublier jusqu'à la présence même de mon ancien professeur à mes côtés. Pourtant, bien vite, je me ressaisis, soupirant d'incompréhension face à la réaction étrange de ma mère.
Je sais que je l'ai déçue... Je l'ai vu dans son regard... Mais, contrairement à ce qu'elle peut penser, ce n'est vraiment pas ce que je voulais. Je ne voulais pas qu'elle l'apprenne ainsi... Je tenais vraiment à tout lui dire de vive voix pour être honnête avec elle mais... Mais je ne comptais le faire qu'une fois que tous risques pour lui étaient épargnés... Je ne voulais mentir à personne mais je voulais encore moins que, par ma faute, celui qui m'a si souvent aidé et pour qui mon coeur n'a de cesse de s'emballer ne se retrouve dans l'embarras...

- Je suis désolé... Tout est de ma faute...
- Non. Ce n'est en rien votre faute, fis-je dans un soupir, les larmes aux yeux. J'espère juste qu'elle n'en parlera pas avec mon père...

Prenant ma main dans la sienne, il la ramène avec délicatesse près de son visage dans l'attente de pouvoir déposer ses lèvres sur cette dernière dans un doux dessin qui a pour effet de me faire légèrement sourire malgré cette boule qui me sert toujours l'estomac.

- Tu aimes les étoiles, non?
- Pardon?
- La nuit, la neige, le froid, l'hiver... J'imagine que les étoiles aussi. Tu es une personne avec une sensibilité accrue donc je t'imagine à la perfection écrire sous une nuit étoilée, finit-il, un petit sourire dessiné sur ses lèvres alors qu'il me laisse de plus en plus perdue. Alors laisse-moi te promettre que, peu importe ce qui nous arrivera, nous finirons par écrire ensemble notre histoire sous la lumière des étoiles.

Il finit par lâcher ma main après y avoir glissé une feuille et, déposant un dernier et court baiser sur mon front, il quitte les toilettes, la main dans les cheveux et visiblement tout autant chamboulé que moi par les derniers événements.
Mon coeur toujours fou dans ma poitrine, ayant visiblement envie de s'échapper de cette dernière, je finis par quitter moi aussi les toilettes, le mot qu'il vient de m'offrir dans ma poche alors que je retourne près de mes parents et de mon frère sans oser poser mon regard sur quiconque se trouvant autour de cette table.
Cependant, incapable de rester dans l'ignorance de l'endroit où il se trouve, mon regard se met inconsciemment à chercher celui que je viens de quitter et, lorsqu'il le trouve enfin, je me rends compte que ce dernier également ne peut s'empêcher de m'observer. Nous restons quelques instants ainsi avant que je ne réalise que, tout comme moi, il n'est pas seul à sa table, étant entouré de celui qui m'avait précédemment chassé de la demeure de mon ancien professeur mais aussi et surtout de madame Richard, me faisant difficilement ravaler ma salive.
Que fait-elle avec lui...?
La découvrant, je ne peux m'empêcher d'être blessée même si je sais que cela est ridicule, un pincement me serrant le coeur.