N'ayant pas supporté de rester enfermé encore toute une nuit dans ma propre maison où même la chambre me fait penser à celle qui hante sans arrêt mes pensées, j'ai pris la décision de retourner dans cette cabane, près de la maison abandonnée, dans l'espoir toujours un peu idiot de l'y retrouver. Malgré tout ce qui est déjà arrivé et même avec ces longs mois sans elle, mes espoirs continuent d'être étouffants et je n'arrive pas à m'en défaire. C'est totalement ridicule, je le sais, et pourtant, je ne peux rien y faire, et c'est terriblement frustrant...
Plus le temps passe, et plus je semble n'être qu'une vague copie de ce que j'étais avant...
Que penserait-elle de moi si elle venait à me voir ainsi... ?
Mon cœur se serre tandis que mes pensées finissent encore et toujours par se détourner de la réalité pour revenir sur ses dernières larmes. C'est ainsi depuis si longtemps... J'en deviendrais fou... C'est tellement frustrant de toujours penser à elle sans pouvoir la voir... Avant, même si je pensais aussi sans arrêt à elle, je savais que je pourrais la toucher le soir-même et, aussi étrange que cela puisse paraître, ça m'aidait à tenir mais maintenant, il n'y a plus rien. Rien qui me relie à elle. Rien qui ne me permette de la rejoindre. Rien qui ne me permette de retrouver ce goût de vivre...
Je suis vraiment pathétique c'est terrible...
Arrivant enfin dans le jardin de cette maison inhabitée depuis un très long moment j'imagine, je sourie quelque peu, les premières images de nous deux m'apparaissant alors comme une évidence, et, instinctivement, je viens m'asseoir là où nous nous étions assis pour la première fois, là où je lui avais livré cette sombre part de ma vie, là où je pensais que nous étions arrivé à un point de non-retour... Visiblement, je m'étais encore trompé...
Tout autour de moi semble cruellement disparaître et mon cœur a de plus en plus de difficultés à y survivre...
A bout de force, je prends sa peluche dans mes bras pour la serrer le plus fort possible contre ma poitrine, sans prêter la moindre attention à ma main douloureusement bandée qui me fait souffrir depuis que je l'ai violemment abattue contre mon mur, sans même réfléchir à cet acte stupide...
Je reste là, comme ça, plusieurs minutes qui me paraissent pourtant être d'une longueur insoutenable maintenant que je suis seul, étant alors en proie à plusieurs questions qui reviennent chaque jour et chaque soir, toujours plus cruellement.
Finira-t-elle par revenir ? Pourquoi a-t-elle fuguée ? Pourquoi n'est-elle pas venue se réfugier dans mes bras... ? A-t-elle réellement arrêté de m'aimer... ? Aurais-je un jour le courage de l'oublier moi aussi... ? Mais que faire si je ne désire pas l'oublier... ?
Tant de questions auxquelles je ne trouve pas la moindre réponse... Et c'est terriblement frustrant mon dieu... J'ai l'impression de ne plus être qu'un pantin. Un imbécile qui subit sans ne rien pouvoir faire... Quand suis-je venu à être aussi ridicule ?
Je me mords la lèvre inférieure avant d'enfouir mon visage contre ce pégase qui lui appartenait, l'impression étrange de pourvoir parfaitement sentir son odeur si envoutante malgré le fait que ce ne soit que mon imagination. Je me demande ce que l'on pourrait penser de moi si on venait à me voir ainsi...
Pourtant, alors que j'étais une fois de plus plongé dans mes pensées, je ne réalise pas immédiatement que quelqu'un se trouve à quelques mètres de moi, m'observant en silence dans la plus grande des discrétions. J'aurai très bien pu ne pas le remarquer du tout si cette personne n'avait pas pris la lourde décision de s'approcher de moi, faisant grincer le bois de la porte de cette vieille cabane devenue mon refuge tandis que je relève rapidement le regard, surpris que quelqu'un ait découvert cet endroit mais surtout qu'il ait osé y pénétrer. Néanmoins, ce n'est que lorsque mon regard rencontre le sien que je réalise, le cœur battant, que mes questions vont peut-être enfin trouver leur réponse.
Abandonnant subitement la peluche sans la moindre attention, je me mords légèrement la lèvre inférieure, ma main me faisant sentir que mon geste était bien trop précipité mais, malgré tout, je ne m'arrête pas et, même si je ne sais pas si il s'agit réellement d'une bonne idée, je ne peux m'empêcher de la prendre dans mes bras. Précipitamment mais surtout douloureusement, je la serre contre mon torse le plus fort possible. La joie qui m'emplit est telle que je pourrais croire que je suis en plein rêve mais la douleur à ma main me permet de réaliser sans grande difficulté que tout ça est bien réel et que je ne suis pas encore totalement fou.
Aucun son ne s'échappe de nos lèvres, le silence régnant en maître sur ce moment de retrouvailles. J'hésite un instant à l'embrasser, mes lèvres ne désirant qu'une chose : retrouver leurs jumelles ; mais la raison finit tout de même par me revenir et, réalisant que mon geste était totalement irréfléchi et qu'il l'avait possiblement dégoûtée, je me retire, lui laissant un peu d'espace pour lui tourner le dos, tentant vainement de cacher cette joie de la retrouver beaucoup trop visible sur mon visage. Je n'entends désormais plus que nos deux respirations saccadées, un petit sourire ses dessinant sur mes lèvres sans que je ne comprenne vraiment pourquoi mais sans oser le cacher.
Après presque quatre mois, elle est enfin là, près de moi. Comment pourrais-je ne pas être heureux d'un tel évènement ?
Je soupire de joie, si heureux que je pourrais hurler, tandis que ma main droite passe dans mes cheveux, les ramenant en arrière avec nonchalance dans l'espoir de masquer un minimum ce plaisir qui me submerge.
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Teach Me Love...
Romance"Sur des milliards de personnes, il y aura eu toi et moi. Seuls contre tous. A vouloir s'éloigner, nous nous serons rapprochés plus que permis et nos vies auront finalement été chamboulées. Nous ne demandions qu'à nous aimer mais personne n'aura jam...