Teach Me Love...

Chapitre 3 : April

A peine arrivée chez moi, je monte immédiatement dans ma chambre pour m'enfermer. J'adore rester dans mon coin, seule, et m'enfermer dans mon monde pour réfléchir, écrire, penser de temps à autres.
J'attrape rapidement mon petit carnet dans mon sac de cours avant de balancer ce dernier contre ma porte où il vient s'écraser dans un bruit sourd. Intrigué par le bruit, mon frère, Ben, crie pour me demander ce qu'il se passe. Je lui réponds, en criant également, que ce n'était que mon sac que je viens de balancer contre ma porte. Il ne prend même pas la peine de me répondre, c'est vrai qu'il a l'habitude maintenant. D'ailleurs, je me demande même pourquoi il continue de me poser la même question tous les soirs puisqu'il reçoit tous les jours la même réponse, c'est vraiment un abruti...
Je ne fais pas plus attention à cet épisode répétitif qui commence à devenir comme une petite tradition entre nous deux et me laisse tomber sur mon lit avec lourdeur. J'attrape mon téléphone avant de mettre la musique à fond dessus. Une fois ceci fait, je reprends mon petit carnet dans mes mains avec mon crayon à papier et commence une nouvelle fois à écrire. J'adore écrire tout ce qui me passe par la tête même si ça part parfois un peu loin.
Mon téléphone se met brusquement à sonner, me faisant sursauter alors que j'étais concentrée sur mes pensées. Je l'attrape, légèrement exaspérée du mauvais timing de cette personne avant de me raviser en voyant qu'il s'agit d'une invitation à un appel commun entre Allie, Adam et moi. Avec un petit sourire, je décroche. A peine ceci fait, je me fais littéralement agressée par mes deux amis.

-Ma petite alien ! Pourquoi t'es partie aussi vite tout à l'heure ?
-Trop de trucs à faire.
-C'est-à-dire ?
-Laissez tomber.

Ils commencent à m'agresser littéralement mais je ne leur dis rien, après tout, il n'y a vraiment rien de particulier à dire. Je tente de changer de sujet mais bien vite, cette piètre tentative se retourne contre moi. En moins de temps qu'il n'en faut pour que je le réalise, notre conversation a viré sur notre nouveau professeur d'espagnol et je me retrouve à être charriée par Allie sur mon gros bug dû à la beauté époustouflante de cet homme presque irréel. Tout de suite intimidée par les souvenirs de lui, je me renferme immédiatement.

-Idiote, c'est notre prof, qu'est-ce que tu sous-entends?
-Rien, rien.

Elle a beau dire qu'elle ne sous-entend rien, je comprends rapidement à son ton plus que mielleux que c'est faux. C'est alors que je me rends compte qu'Adam ne parle plus depuis tout à l'heure. Intriguée, je l'appelle.

-Adam ?
-Oui ?, me répond-t-il après quelques minutes de silence.
-Non rien, c'est juste que je me demandais si tu étais encre là.
-Oui, je ne suis pas parti.

Bizarrement, sa voix est plus faible que d'habitude. Je lui demande s'il va bien mais il ne me répond pas. Je ne cherche pas à en savoir plus, ne voulant pas le déranger mais dès lors, la conversation devient un peu gênante. Je n'ose pas vraiment pas parler, mal à l'aise à cause des insinuations d'Allie mais aussi à cause de la réaction d'Adam alors qu'Allie essaie tant bien que mal de détendre l'atmosphère mais sans grande réussite et qu'Adam reste silencieux.
Heureusement pour moi, ma mère m'appelle justement à ce moment-là pour que j'aille manger. J'utilise alors cette excuse pour mettre fin le plus rapidement possible à cette drôle de conversation avant de sortir de la chambre en traînant le pas. Je ne peux m'empêcher de repenser à la drôle de voix qu'Adam avait à la fin de notre conversation. Il n'avait vraiment pas l'air bien... J'irai lui parler demain, je n'aime pas le savoir mal.
Quelques instants plus tard, je me retrouve à table avec mes parents et mon frère qui, comme à son habitude, parle sans s'arrêter sans manger. Il va encore être le dernier à terminer son repas, c'est désespérant. Puis surtout, c'est vraiment chiant. Quand il parle, c'est comme si je n'existais pas. J'ai l'habitude depuis le temps mais disons qu'au bout d'un moment, ça deviens lassant.

-Et toi April ! Raconte-nous !

Je sursaute, n'étant pas prête à être inclue aussi brusquement dans la conversation. N'ayant pas suivie la conversation depuis le début, je demande à ma mère de me répéter sa question qui, comme j'aurai dû m'en douter, était de savoir comment ma première journée s'était déroulée. Je relève la tête avant de commencer à parler.

-C'était plutôt cool. J'ai retrouvé monsieur Johnson, mon prof de maths de l'année dernière, et cette fois, il n'y a aucun cours où nous sommes séparés avec Allie et Adam !
Parce que, en effet, l'année dernière, en espagnol et en anglais, nous n'étions pas dans la même classe parce qu'ils ont voulu tester le fait de mélanger deux classes pour les cours de langue. C'était vraiment la pire connerie que je n'ai jamais entendu.

-D'ailleurs, en parlant de langues, t'as qui comme prof d'espagnol cette année ?, me demande soudainement mon frère.
-García.
-C'est qui ça ?

Je rigole en entendant sa question mais c'est alors que l'image de mon nouveau professeur vient s'imposer à moi comme une évidence. Bordel... Qu'est-ce qu'il était beau putain !

-April ! Je t'ai posé une question !, me dit mon frère en agitant sa main devant mon visage comme pour me sortir de ma rêverie.
-O-oui ! Désolée je réfléchissais ! Euh... Ah oui ! Donc, comme je disais, mon prof c'est monsieur García, c'est un nouveau et il est espagnol.
-La chance, moi jamais j'avais des espagnols putain...

Je ris encore une fois en l'entendant se plaindre. Il n'est vraiment pas croyable... Dire qu'il a 22 ans, c'est vraiment impossible... !

-Ouais, en plus il est hyper sympa. D'ailleurs, il m'a proposé de m'aider à m'entraîner pour les compréhensions orales latines, genre tout ce qui viens de l'Amérique Latine, si jamais je prends LV1 espagnol.
-Oh mais c'est très gentil ça !, s'empresse de dire ma mère.

Je me tourne vers ma mère pour lui faire un sourire qui montre que je suis complètement d'accord avec elle.

-C'est vrai qu'il est vraiment très sympa.

Et canon. Euh... Mais à quoi je pense encore... ?
Ma mère me fais un grand sourire, heureuse de voir que cette dernière année de lycée commence bien pour moi, mais elle n'a pas le temps d'approfondir la question parce que mon frère recommence à prendre la parole. Ils se remettent tous à parler et mon père semble soudainement très intéressé. Peut-être que ce n'est que de la jalousie mal placée mais... Le voir si enjoué à l'entente des paroles de mon frère alors que les miennes l'ennuyaient presque me rends un peu triste. Enfin... Ca a toujours été comme ça donc pas besoin de me lamenter sur mon sort plus longtemps.
Je m'empresse de terminer mon assiette pour remonter le plus rapidement dans ma chambre sous les protestations de mon père qui ne supporte plus que je passe ma vie enfermée dans ma chambre mais, sincèrement, je m'en moque totalement. J'ai tellement l'habitude de l'entendre me crier dessus pour un tout et pour un rien que je ne m'y attarde plus le moins du monde. De toutes-façons, il ne fait jamais rien au final. Que de la gueule, rien d'autre, croyez-moi. Enfin bon, après je lui dois quand même un minimum de respect vu que c'est mon père mais j'avoue que des fois, j'ai vraiment envie de le taper ou de partir en lui claquant la porte au nez. Il pense que, étant mon père, il peut abuser de son autorité sur moi et me forcer à faire ce qu'il m'ordonne de faire sans que je n'ai le droit de contester sous peines de représailles telles que me priver de sortie ou de téléphone. La seule chose qu'il ne sait pas, c'est que toutes ces choses matérielles ne m'intéressent pas la moins du monde. Il n'a jamais compris ce qui compte vraiment à mes yeux et je pense d'ailleurs qu'il ne le comprendra jamais. Personne ne pourrait le comprendre. C'est tellement ridicule que personne ne s'en rendra jamais compte, j'en suis sûre. Pourtant, je ne sais pas si je suis heureuse ou dégoutée à cette idée que personne ne pourrait me comprendre...
Je soupire lourdement à cette pensée avant de reprendre mon petit carnet et de me remettre à écrire comme je le faisais avant d'être interrompue. Rapidement, je finis par m'endormir sur mon carnet où plusieurs pages sont une nouvelle fois remplies d'une part de moi.