-Ouais c'était cool ! Faudra qu'on se refasse ça un jour !
Je me tourne vers Adam qui semble toujours existé par la journée que nous venons de passer au parc d'attraction, un sourire collé aux lèvres.
-J'avoue qu'on s'est franchement bien amusés !, poursuit Allie.
Ils commencent tous deux à se parler avec gaieté de toutes les attractions que nous venons de faire alors que je continue de les observer jusqu'à ce qu'on arrive enfin devant chez moi. Ne voulant pas les déranger dans leur discussion si vivante, je leur juste un faible salut avant de sortir mes clés de mon sac à dos rouge et de rentrer dans ma maison où mes parents m'attendent de pieds fermes.
-C'est à cette heure-ci que tu rentres jeune fille ?, lance brutalement mon père, pointant avec agacement sa montre du doigt.
-Désolée, on n'avait pas vu l'heure passer.
-Ce n'est pas une raison ! Tu sais à quel point je me suis inquiétée pour toi, moi ?, gronde ma mère. Tu n'as même pas pensé à m'envoyer un petit message pour prévenir ton retard !
-Je vous ai déjà dit que j'étais désolée.
-Parles-nous sur un autre ton !Exaspérée par cette envie irrépressible chez mon père de toujours vouloir avoir le dernier mot, je soupire dans l'espoir qu'il comprenne mon ennui plus qu'apparent, ce qui achève de l'énerver pour de bon.
-Dépêche-toi de monter dans ta chambre ! Tout de suite !
-Avec grand plaisir !Je ne leur jette même plus un regard et monte immédiatement dans ma chambre pour m'y enfermer avec force, laissant claquer ma porte dans un bruit sourd, lequel est rapidement suivi de pas lourds et rapides s'approchant dangereusement de moi. Soudainement apeurée, je me dépêche de fermer la porte de ma chambre à clé, juste assez rapidement pour éviter que mon père n'ait le temps d'y pénétrer. L'entendant désormais hurler de l'autre côté de ma porte, je me laisse glisser le long du mur opposé, une boule au ventre à l'idée qu'il réussisse à ouvrir ce seul obstacle qui me sépare de sa colère noire.
Mes jambes se collent à mon torse avant que je ne laisse ma tête venir se nicher contre mes genoux. Petit à petit, des larmes viennent coller sur mes joues alors que je me maudis une nouvelle fois d'avoir eu le culot de le défier.
Ses cris se calment enfin après quelques minutes qui me paraissent durer une éternité alors que j'entends désormais la voix douce de ma mère lui parler très doucement. Intriguée, je me rapproche discrètement de la porte pour écouter ses paroles qui, pour une énième fois, se moquent éperdument de moi.-Laisse-la et pense un peu à Ben, tu sais très bien que ce n'est pas bon pour lui de vous entendre vous disputer.
-Oui, tu as raison, excuse-moi.Je devrais avoir le cœur brisé de voir que, même dans ce genre de situations, ils pensent d'abord à mon frère plutôt qu'à moi mais j'en ai tellement l'habitude que maintenant, ça ne me fait plus rien. Au contraire, j'en viens même à apprécier ce genre de situations. Au moins, ils ne se préoccupent pas de moi et je ne crains rien tant que je reste enfermée dans ma chambre. J'aurai juste à faire en sorte qu'il ne me croise pas durant deux ou trois jours et il aura tout oublié d'ici quelques jours.
Enfin bref, ça ne sert à rien de me prendre la tête pour ce genre de choses, je suis bien contente qu'il m'ait oubliée et c'est tout ce qui importe, même si je ne dois pas manger ce soir, ça ne sera pas la première fois.
J'attrape rapidement mon téléphone qui se trouvait encore dans mon sac et regarde l'heure. 22h23. Une idée quelque peu folle me passe par la tête : sortir en douce par la fenêtre pour aller m'enfermer dans cette cabane reculée pour enfin être seule, isolée de toute cette connerie environnante qui prend de plus en plus de place sur cette terre, mais cette idée me sort rapidement de la tête en pensant à tout ce qui pourrait m'arriver si je sortais seule dans la nuit. Ça serait sûrement totalement fou de ma part...
Pourtant, il suffit d'un simple coup d'œil par ma fenêtre pour que ces peurs s'effondrent en mille morceaux. L'obscurité de la nuit semble me tendre les bras et, sans hésiter une seule seconde, j'attrape mon sac à la volée et ouvre ma fenêtre. Je sors discrètement avant de refermer la fenêtre du mieux que je le peux puis, prenant appui sur le rebord de ma fenêtre, j'attrape une branche de l'arbre et saute. En quelques instants, je suis sur la terre ferme, non sans avoir le cœur qui bat avec ardeur tant la peur de me faire surprendre était grande. Sans même me retourner, je commence à courir pour me diriger le plus rapidement possible dans mon refuge.
Une fois devant, je vérifie comme à mon habitude que personne ne voit avant de pénétrer à l'intérieur de cet endroit secret et de m'y enfoncer une fois de plus. Une fois que j'y suis enfin installée, je soupire de satisfaction : par chance, il ne m'est rien arrivé ce soir.
Cette pensée en tête, je sors mon téléphone ainsi que mes écouteurs tout en reprenant mon souffle avant de lancer la musique. Une fois ceci fais, j'attrape mon petit carnet qui se trouvait jusqu'alors dans mon sac ainsi que mon crayon et me mets à écrire tout ce qui me passe par la tête.« Alors que la nuit tombe, emmenant avec elle ses astres brillants reflétant les âmes perdues dans le néant infime de l'humanité, les masques tombent pour ne plus laisser voir que nos vrais visages à la lumière pâle de la lune. Plus besoin de se cacher sous un masque orné de choses que nous ne sommes pas pour être comme tous les autres lorsque cette douce lumière calme et apaisante nuancée de blanc et de bleu vient nous honoré de sa présence. Le silence s'installe pour laisser place à une vague de pensées toutes plus folles les unes que les autres. Notre esprit en proie à chaque démon que nous essayons de cacher durant la journée, nous tentons du mieux que nous le pouvons de tout oublier désespérément sans jamais y parvenir parce qu'ils seront toujours bien plus fort que nous. »
Mon regard se lève tout seul pour jeter un œil au ciel qui brille par la fenêtre. Je réalise alors qu'il me reste encore une semaine à tenir pour que ces vacances se terminent enfin. Plus qu'une semaine avant que je ne puisse retourner en cours et ne plus supporter ma famille 24 heures sur 24. Je ne suis pas vraiment sûre d'y parvenir mais en soit, est-ce que je peux y faire quelque chose ? La réponse à cette question viendra peut-être bien un jour, qui sait... Une chose est sûre, c'est que je l'espère plus que tout, du plus profond de mon cœur.
Les yeux toujours rivés vers le ciel étoilé, je décide finalement de sortir de ma cabane pour tout simplement aller m'assoir sur l'herbe. Un petit vent frais vient s'abattre sur mon visage pour mon plus grand plaisir. Me sentant déjà bien mieux qu'il y a quelques minutes, l'image de mon père énervé et de ma mère en pleurs à ses côtés me revient en tête brusquement, comme pour me rappeler que je ne pourrais jamais me détacher de ces conneries qui rythment ma vie. Je soupire. Est-ce qu'un jour seulement, je pourrais vraiment s'avoir ce que ça fais de se sentir vivre ? Je n'en peux plus de toujours chercher à survivre, je veux plus, bien plus. C'est très certainement naïf de penser ça mais je ne voudrais que ça. Peu importe le reste, je voudrais juste que la vie m'offre ce cadeau pour une fois.
Alors que mes pensées vagabondent encore, je me remets à écrire, l'idée ridicule que, peut-être un jour, je trouverais enfin quelqu'un avec qui je pourrais m'installer ici-même pour regarder le ciel étoilé nous éblouir tel un ange sans la solitude et la tristesse pour seuls compagnons. J'espère ce moment plus que tout même si je sais très bien qu'il ne s'agit qu'un rêve qui ne se réalisera jamais de plus à ajouter à la longue liste que je traine derrière moi depuis si longtemps.
C'est donc ainsi, à la lumière faible de la nuit si belle, que j'écris jusqu'au lever du soleil sans m'importer du temps, du lieu ou de l'heure.
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Teach Me Love...
عاطفية"Sur des milliards de personnes, il y aura eu toi et moi. Seuls contre tous. A vouloir s'éloigner, nous nous serons rapprochés plus que permis et nos vies auront finalement été chamboulées. Nous ne demandions qu'à nous aimer mais personne n'aura jam...