Partie 2 : L'accord.

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Je me figeai un instant et le regardai, interloqué. De quoi parlait cet homme ? Il devait me confondre avec quelqu'un d'autre mais pourtant, il connaissait mon prénom. Peut-être était-ce juste une coïncidence ou une blague de mes amis ? Ne voyant aucune réaction de ma part, il s'avança encore vers moi, jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres. Il tendit sa main qui ne tenait pas la rose et m'effleura la joue. C'est à ce contact que je semblai enfin recouvrer le contrôle de mon corps qui jusque-là était figé et je reculai vivement.

-Vous devez vous tromper de personne. Maintenant, laissez-moi passer s'il vous plaît, je dois rentrer ! m'exclamai-je, un peu choqué par ce qu'il se passait.

Je le contournais quand je sentis sa main m'attraper durement et me tirer contre son torse. Je le regardai un peu effrayé, son regard était devenu froid et sa tête se pencha contre mon oreille.

-Joshua, je te conseille de ne pas m'énerver, murmura-t-il d'une voix glaçante. Tu m'es promis et il est temps pour toi de remplir ton rôle. Alors maintenant, prends cette rose et entre dans la voiture, m'ordonna-t-il en me tirant jusqu'à la portière ouverte.

J'étais coincé entre la voiture et son corps, je n'avais d'autre choix que de grimper mais je pouvais peut-être appeler à l'aide, pensai-je tout d'un coup en regardant autour de moi, paniqué. Il comprit sans doute mon intention car il poussa un soupir qui ressemblait à un grognement et posa sa main sur ma bouche en me faisant entrer de force dans la voiture. À peine la portière était fermée que la voiture démarrait. Il avait pris place à côté de moi et paraissait nonchalant, calme, contrairement à moi qui était collé contre la portière à le fixer. Il regardait la rose rouge et il se tourna alors vers moi, son regard s'était adouci.

-Tiens, prends-la, elle est pour toi.

Il me dit ces mots en me tendant la rose.

-J'en ai retiré les épines pour ne pas te blesser. Je compte faire la même chose avec toi, fit-il en souriant de manière narquoise mais ses yeux étaient froids.

Retirer mes épines ? Il voulait dire qu'il comptait m'apprivoiser comme si je n'étais qu'un animal ? me demandai-je en la prenant. Elle était belle, j'avais toujours aimé les roses et ce qu'elles symbolisaient mais j'avais du mal à en apprécier le parfum et la beauté en cet instant, ma main tremblait.

-Où m'emmenez-vous ? demandai-je effrayé, je ne comprenais rien à ce qui était en train de se passer.

-Nous allons chez moi, me répondit-il posément comme si tout cela était normal.

Il regardait par la vitre, je ne semblais plus l'intéresser, ce qui me calma légèrement. Je soupirai et fis donc comme lui et me tournai pour regarder la route. Si je voulais réussir à me sauver ensuite, il fallait que je comprenne où nous allions, en espérant que ce ne soit pas très loin...

Au bout d'une heure, j'étais totalement désespéré. La voiture avait pris tellement de chemins différents dans la cambrousse propre à ma région que je n'avais aucune idée de l'endroit où nous nous trouvions. Ayant perdu espoir, je me mis à pleurer doucement et il s'en rendit compte. Il se tourna vers moi, soupira et me tira à lui. Il mit sa main sur ma nuque et me caressa doucement afin de m'apaiser. Mes sanglots redoublèrent un moment, mes nerfs étant mis à rude épreuve, puis je me calmai. Cette douceur dont cet inconnu faisait preuve me rassurait, bizarrement.

La voiture s'arrêta enfin et l'homme me lâcha et sortit. Ma peur qui s'était endormie se réveilla d'un coup et j'étais complètement tétanisé lorsqu'il m'ouvrit la portière pour que je sorte. En voyant que je ne bougeais pas, il m'attrapa doucement mais fermement par le bras et me fit sortir. Puis il posa ses lèvres sur mon front et sa main descendit de mon bras jusqu'à ma propre main qu'il prît dans la sienne. Je ne pus m'empêcher de rougir, ce qui le fit sourire et il me guida sur le chemin caillouteux entouré d'arbres. La voiture démarra derrière nous, son chauffeur allait sans doute la garer quelque part et je me retrouvais seul, main dans la main avec cet homme déroutant. Nous marchâmes quelques minutes pour arriver devant une immense demeure qui était cachée par la verdure, on ne pouvait pas la voir de la route. Je m'arrêtai quelques instants afin de l'admirer. À la belle architecture élégante, je devinais qu'il s'agissait d'un manoir.

Tu es à moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant