Partie 12 : Un fiancé à double tranchant.

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Le trajet me parut long avant d'entrevoir l'allée menant au manoir. Le chauffeur était loin d'être un bavard ! Il ne parlait pas et ne répondait que par des monosyllabes lorsque je lui posais des questions du genre « Vous travaillez depuis longtemps pour Kyle ? ». D'ailleurs sa réponse à cette question avait été un froid « Oui. » et c'est tout... Mais j'avais l'impression qu'il en savait beaucoup et qu'effectivement, il devait travailler depuis des années pour mon fiancé. Après les très courtes réponses de cet homme énigmatique à mes questions, nous repartions dans un silence pesant, alors, au bout d'un moment, j'avais arrêté d'essayer de commencer une discussion. Pourtant, j'en avais des questions à poser ! Rien que l'allure du chauffeur de Kyle était inquiétante, en quelque sorte. Il était grand, vraiment très grand, et baraqué aussi. Son ton était froid comme ses yeux. Il faisait très professionnel mais en même temps, je sentais qu'il n'était pas là que pour me conduire à l'Université, je pouvais sentir ou deviner qu'il avait bien d'autres compétences...

En l'examinant de manière attentive, je me dis qu'il avait l'air d'avoir la bonne quarantaine. Peut-être avait-il été également au service du père de Kyle avant d'être au sien. Les traits de son visage étaient durs et il dégageait une aura de quelqu'un qui avait vécu des choses vraiment difficiles dans la vie. Je pus découvrir également qu'il avait une petite cicatrice assez épaisse au niveau de sa tempe droite, ce qui illustra mes pensées. Je ne l'avais encore jamais vue car il portait toujours une casquette comme souvent en portent les chauffeurs mais aujourd'hui, il ne l'avait pas mise. Quel genre de vie avait-il ? Qui était-il vraiment ? Pas un simple chauffeur, ça c'était sûr, il n'y avait pas de doutes pour moi...

Alors que j'étais plongé dans mes pensées, la voiture se dirigea vers l'entrée du manoir. En entendant le bruit de gravier, je revins à la réalité et eus la surprise de m'apercevoir que se trouvaient plusieurs grosses voitures noires qui étaient garées dans la cour. Le temps que la voiture s'arrête, la porte de la demeure s'ouvrit, laissant passer plusieurs personnes qui étaient généralement vêtues de la même manière, c'est-à-dire en costume noir, même les quelques femmes que je pouvais voir n'étaient pas en robe mais habillées à peu près de la même manière que les hommes. Je pus remarquer que la majorité était typée comme mon fiancé. Puis, dans tout ce groupement de personnes à l'allure, somme toute, pas très amicale, je vis soudainement deux hommes immenses porter un corps masculin seulement vêtu d'un pantalon noir, et qui était inconscient et... ensanglanté ? Mais qu'est-ce qui s'était passé ici ? Je commençai à paniquer et j'essayai d'ouvrir ma portière pour aller voir mais je découvris avec surprise que celle-ci était verrouillée.

-Qu'est-ce que ça veut dire ?, demandai-je au chauffeur en me tournant vers lui. Pouvez-vous m'ouvrir, s'il vous plaît ?

-Non. Je vous ouvrirai lorsque tout le monde sera parti. C'est pour votre propre sécurité, me répondit-il sur un ton froid en me jetant un coup d'œil à travers le petit miroir.

Ma sécurité ? Je ne répliquai pas, je ne comprenais rien de toute manière mais je pouvais au moins déduire que j'étais en sécurité dans cette voiture aux vitres teintées avec un chauffeur qui avait la carrure d'un garde du corps ! Alors je décidai d'attendre patiemment que toutes les voitures soient parties et me remis à regarder tout ce qui se passait dans cette cour. J'avais l'impression qu'un film se déroulait devant moi, que rien n'était réel, c'était très étrange comme sensation. Je pus voir avec un grand soulagement que l'homme qui avait l'air d'être gravement blessé, était toujours en vie, ses yeux s'étaient rouverts et il avait été mis avec précautions sur la banquette arrière d'une voiture. Ses blessures avaient l'air grave, il semblait être blessé au torse sur lequel se trouvait beaucoup de sang qu'on tentait de comprimer avec ce qui ressemblait à des bandages ou du tissu, je ne voyais pas très bien et tout se passait vite. J'eus le temps aussi d'apercevoir comme des petites blessures sur ses bras, puis la voiture démarra en trombe. Ils allaient sans doute à l'hôpital. Enfin... Peut-être pas dans un hôpital officiel dans lequel les policiers pourraient poser trop de questions... Une fois qu'il n'y eut plus une seule voiture, j'entendis le clic annonçant que la portière était déverrouillée et je me dépêchai d'atteindre la porte et d'entrer dans le manoir à la recherche de mon fiancé.

Tu es à moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant