18 Juin

Chapitre 9

- Mince, j'en ai vraiment partout et même dans le soutif. Comment je vais faire pour finir mon service ?!

Je dis ça carrément à voix haute tellement j'ai les boules. Je me regarde dans le miroir, tourne sur moi même...

Pfff

Bordel qu'est-ce ce que ça me saoule, c'est pas comme si je pouvais appeler quelqu'un pour avoir du rechange.
C'est vraiment une sale journée. Je me suis pris la tête avec mon père ce matin, pour des conneries en plus. Déjà que je ne le vois pas souvent. Plus ces histoires de piratage de compte. J'ai eu énormément d'amis qui ont été accepté et des statuts postés qui ne sont pas de moi. Ils ne sont pas négatifs, mais ça me fait flipper. J'y pense souvent  voir presque tout le temps.

Quelqu'un entre à ce moment là et je sursaute violemment. 

- Mince, désolé je voulais pas te faire peur.

Ce n'est "que" Guillaume. Il aurait pu frapper à la porte tout de même...

Je souffle et il se rapproche doucement. Je pense qu'il va se moquer de moi.

- Je t'ai appelé plusieurs fois et comme tu ne répondais pas, je me suis inquiété.

Il se rapproche de moi jusqu'à poser sa main sur mon épaule et la presse pour me faire réagir ... Je n'ose toujours rien dire.
Si je dis quoique ce soit, je sens que je vais pleurer. Je me force à me calmer, à penser à quelque chose d'agréable. Je ne peux pas craquer devant lui.

- Qu'est ce qui ne va pas Alex ? Contrairement à ce que tu pourrais penser, je te connais. Je vois bien que tu n'es pas bien depuis deux semaines...

Son ton est tellement doux et avenant que j'en ai les larmes aux yeux. Je n'avais pas remarqué qu'il m'observait.

- Allez viens là.
il prend mon épaule et me tourne face à lui et commence à m'attirer vers lui, mais je résiste et esquive sa main d'un roulement d'épaule. Je n'ai pas trop l'habitude de ce genre de soutien, j'ai du mal à exprimer ce que je ressens. Il continue sans insister. On se connaît mais pas tant que ça. Même si cela s'améliore puisqu'on se voit régulièrement.
J'ai vu la scène du couple. Tu es passée au mauvais endroit au mauvais moment. On ne t'avait jamais lancé de sauce en plein visage ? Ce n'est pourtant pas ton premier service... Il m'est déjà arrivé bien pire. Tu sais...

Il me regarde et face à mon mutisme, poursuit

Un jour, je pense il y a au moins un an, je servais en salle pour dépanner. Je devais m'occuper de la table de ce qui me semblait être le père et sa fille qui dinaient seuls. Lors de la commande du dessert, la fille était partie aux toilettes alors j'ai dis : Et votre fille prendra un dessert ? Je me suis fait insulté et il m'a versé son verre sur ma chemise. Depuis je reste au bar.

Je rigole un peu malgré mes larmes. Je vois bien qu'il tente de me remonter le moral. Mais je n'arrête pas de penser à cet homme au chapeau et au fait que quelqu'un me surveille...
Il y a deux soirs, j'ai eu l'impression d'être suivie et d'avoir vu un homme avec un canotier.
Je n'en suis pas sûre et j'ai l'impression que ce n'était pas le même que le soir. Je crois que c'était juste pour me faire peur, qu'une personne joue avec mes nerfs et c'est réussi...

Je sursaute au toucher de Guillaume. Il me tient le bras et me rapproche de lui. Je ne le pensais pas aussi avenant. C'est quelqu'un de véritablement empathique.

- Al. Viens dans mes bras et détends toi. Tu en a besoin...

Je le regarde et lui présente mes habits couverts de sauce. Bizarrement, j'ai envie de ça, ce qu'il me propose. Il acquiesce de la tête et j'entre dans le cocon qu'il fait avec ses bras.
Au début ce n'est pas naturel, je sens que Guillaume est tout autant crispé que moi.