18 Juin

Chapitre 19

Je n'ose plus bouger. Tout se passe au ralenti devant moi, le prof qui le met en PLS, le sang qui s'écoule de son nez, se mêlant au liquide luisant et à l'eau de la piscine sur le bord. Je suis encore sous le choc. C'était dans ma serviette, pas la sienne, ni celle de quelqu'un d'autre. Le sang bat à mes temps, j'ai du mal à comprendre ce qu'on me dit, alors que ce n'est pas moi qui ait chuté.  Son corps est parcouru de tremblements, tout comme le mien, mais pas pour les mêmes raisons.

Je pense que ça m'était destiné. On me prend par le bras, c'est Marie, qui m'emmène sur le côté pour laisser les autre s'activer, puisque je suis incapable de faire le moindre geste. Les pompiers arrivent rapidement, ou le Samu, je ne suis pas en capacité de faire la différence. Ils s'affairent autour de lui tandis que la classe sort rapidement, avant de revenir sous les cris du prof qui n'arrive plus à gérer sa classe désormais. Il essaye de faire sortir puis monter les élèves dans les gradins, mais personne n'écoute. Des filles crient à cause du sang, même si, dans l'absolu, il n'y en a pas tant que ça.

Je suis inquiète en le voyant passer devant moi, ceinturé sur le brancard, inconscient, malgré ses remarques. C'est un accident horrible. J'espère, comme tout le monde j'imagine, qu'il n'y a pas de traumatisme crânien, mais vu son état ... Il est blanc, trop blanc pour que tout aille bien. Il a convulsé tout à l'air, mais sa poitrine se soulève toujours. 

Je suis horrifiée par ce qu'il vient de se passer, j'ai du mal à m'en remettre, surtout que s'il ne m'avait pas doublé, pour me faire une blague idiote pour piquer ma serviette et certainement la jeter dans la piscine, ça aurait été probablement moi à sa place.

Une fois qu'il est évacué, le prof nous demande de tous nous asseoir dans les gradins afin de discuter de ce qu'il vient de se passer :

- Est-ce que quelqu'un a la moindre idée de ce qu'il s'est passé?

Tout le monde se regarde, mais personne ne répond. Il continue, regarde tous les élèves avant de se focaliser sur moi. Ce qui est légitime après tout, il était juste devant moi.

- Je vous préviens, ça m'a tout l'air d'une mauvaise blague qui a très mal tournée. J'espère que ce n'était pas intentionnel. J'espère pour vous tous, que Maxime n'aura rien. Je vous ai déjà dit qu'on ne courrait pas sur les bords. C'est très glissant et très dangereux... Vous êtes au lycée merde ! En terminal !

Il s'arrête et son regard est toujours fixé sur moi.

- Donc Alexandra, si effectivement c'est toi qui l'a poussé, j'aimerais que tu sois honnête et que tu le dises maintenant... C'était toi la plus proche... Cela ne peut être que toi...

- Non, je vous assure, il a couru pour me piquer la serviette et lorsqu'il la déplié il a glissé en arrière.

Je me défends comme je peux, mais je suis calme trop calme. Mais je n'ai pas de réelles explications à lui donner. Je n'arrive absolument pas à réfléchir, ni à comprendre. Tout s'est passé si vite. Je ne dois pas paraître convaincante puisque le prof me regarde toujours de manière accusatrice. Certains élèves semblent dire que j'y n'y étais pour rien, mais personne ne semble s'y risquer et dire clairement que je ne l'ai pas poussé.

- Dans tous les cas, il y a eu un blessé, j'espère que ce sera pas trop grave mais au vu de la chute, je suis inquiet pour lui. Alexandra, je vais te coller, même si je n'ai effectivement pas de preuves. 

Je souffle, malgré tout je comprend. Ne serais-ce que pour l'exemple.

- Bon allez vous rhabiller, prenez une bonne douche chaude, remettez-vous je vais prévenir l'administration et on va vous libérer pour les deux dernières heures. On va espérer que ce n'est pas grave.