Chapitre 23

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Au moment où la personne annonce d'une voix métallique,

Oui

au même moment,de manière totalement synchronisée,Selen repose son téléphone pour se lever et faire signe à son copain pour qu'il la rejoigne. Bordel de merde.

Nous nous tournons l'un vers l'autre brusquement.

Nous nous regardons, nous nous fixons.

Nous sommes ébahis par ce que nous comprenons.

Nous sommes à la fois, détendue et stressés. Détendue parce que ce n'est pas elle et stressés parce que justement ce n'est pas elle.

Nous nous focalisons à ce moment là, à nouveau sur la conversation en cours, nous pouvons entendre son environnement, mais cela ne nous donne absolument aucun indice. Il ou elle respire profondément, bruyamment. A part sa respiration, on entend rien d'autre. Aucun élément qui aurait pu nous donner le moindre indice.

Pourquoi appelles-tu Alexandra ?

La personne inconnue à l'autre bout de la ligne, qui peut être dans son canapé, dans un centre commercial, un restaurant, en voiture, n'importe où. Elle s'adresse à moi, elle me tutoie, connait bien évidemment mon prénom. Ce qui la positionne en tant que dominateur. Elle s'adresse au final à nous, sans le savoir. Sinon, je pense qu'il ou elle, aurait certainement utilisé le prénom "nous", pour une fois, espérons, que c'est nous qui avons une longue d'avance. La modulation de la voix semble être fait grâce à une application, elle n'est pas clairement identifiable. 

Je ne suis toujours pas en capacité de dire quoi que ce soit, mais mon cerveau quant à lui, tourne à dix mille à l'heure. Guillaume me lance un coup de coude dans les côtes pour me faire réagir.

Ce qui ne fonctionne absolument pas.

Je suis incapable de prononcer le moindre mot. Pourtant le compteur tourne, l'heure tourne, même si cela ne fait que 6 secondes que nous sonne en ligne avec. Les secondes défilent si lentement que cela me semble irréel. Tout est irréel et je souhaite tellement me réveiller brutalement dans mon lit et que toute cette histoire ne se soit jamais passée.

Mais la voix métallique me rappelle à l'ordre 

Tu comptes rester silencieuse, comme la dernière fois Alexandra ?  C'est toi qui me contacte après tout, j'espérais que tu aurais commencé à enquêter sur mon compte ... 

Le son de cette voix me perturbe, au-delà que cela soit un son désagréable, cette voix rend la personne réelle, c'est bel et bien quelqu'un qui s'adresse à moi. Cette voix semble agressive, contrairement, au sens des phrases.

Elle l'est parce qu'elle existe, elle l'est parce qu'elle appartient à une personne qui s'en prendre à moi. Elle l'est parce est menaçante. 

Elle rigole durement, comme si elle se moquait de moi. Je dis elle mais cela pourrait être un homme, mais au fond de moi, je sens qu'il s'agit d'une femme. Un homme aurait été dans la confrontation directe, mais dans la menace en utilisant des moyens détournés. Surtout que si aujourd'hui, elle prend la peine de parler, c'est qu'elle a anticiper le fait que je puisse réessayer de l'appeler.  

Mais apparemment tu es bien moins intelligente que ce que tes notes reflètent. Je suis un peu déçue que tu ne prennes même pas la peine de te poser des questions. .. Cela dit, tu ne semble pas très courageuse, un peu comme ta mère...

Guillaume me redonne un coup dans les côtes, me fait des grands gestes avec les mains qui signifient que je dois répondre, pour que je réagisse. Mais malgré tout, mon silence nous permet d'avoir des éléments, cette personne connaissait ma mère et elle ne me surveille pas tant que ça, sinon elle se rendrait compte que j'ai commencé à enquêter. Ce qui prouve que nous sommes plutôt discrets. Je me dis que mon téléphone ne doit pas être sur écoute, mais mon ordinateur oui, puisqu'il n'est jamais venu à la maison, alors qu'à contrario, j'ai toujours mon téléphone sur moi. De plus, elle connait mes notes, mon profil scolaire certainement, mais ce n'est pas trop difficile. Ma belle-mère est une vrai pipelette, elle parle des ses deux enfants un peu partout. Mais surtout cette personne connaissait ma mère, je bous intérieurement. Même si j'ai très peu connu ma mère et que je lui en veux, que cette personne puisse porter un jugement négatif sur elle me mets hors de moi. Je m'apprête à répondre quelque chose lorsqu'elle rétorque avec une intonation narquoise

As-tu perdu ta langue ? Tu arrives facilement à la foutre dans la bouche de ton mec pourtant !

Cela me coupe dans mon élan, malgré moi je rougis.

Je rougis de gène, parce que je n'ai pas l'habitude qu'on puisse exposer ma vie privée ainsi.

Je rougis parce Guillaume est proche de moi et que d'une manière je me sens coupable de ne pas l'avoir écouté.

Je rougis d'énervement également parce que justement on expose ma vie privée.

Je rougis parce mon coeur bat tellement vite, que le sang tape au niveau de mes tempes que je perds tous mes moyens.

J'arrive à reprendre contenance lorsqu'il me prend la main, comme il le fait si souvent. Il emmêle ses doigts aux miens et je le laisse faire. Il exerce une pression suffisante pour que cela fonctionne et que je reprenne mes esprits, cependant la voix continue

C'est dommage que ton futur prétendant se soit cogné si durement la tête par terre, un si malheureux accident. Mais maintenant que tu as écarté les jambes pour la première fois, autant continuer non ?

Je suis horrifiée par les propos tenus, et je lui réponds, enfin en même temps que Guillaume me relâche la main, durement, comme si elle l'avait brûlé, comme si les propos de la personne l'avait touché. Il se détourne légèrement et je répond enfin, au bout de presque 25 secondes de conversation, et les seuls mots qui arrivent à passer mes lèvres sont profondément débiles, alors que nous avons longuement discuté sur la répartie à avoir

Arrêtez .... Pourquoi ? Pourquoi moi ?

Je l'entends rire, d'un rire mauvais. Glaçant. Un rire qui ne ment pas, qui ne veut pas prétendre autre chose. 

Un rire qui se veut menaçant avant tout. Et il l'est.

Oh, ne t'inquiète pas, tu le sauras bien assez tôt...

Et la personne raccroche au bout de 26 secondes de communication, certainement l'appel le plus court et en même temps le plus long de toute ma vie...

18 JuinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant