Anaëlle ne savait pas vraiment quoi faire : son champ d'action lui paraissait extrêmement faible à présent. Elle se trouvait dans l'enceinte d'une des meilleures écoles de magie de la planète, s'apprêtait à rencontrer la mère d'un puissant sorcier qui se ferait bientôt appeler Lord Voldemort, et ceci grâce à l'une des Reliques de la Mort. Son destin semblait la dépasser de loin, et la course qu'elle avait entreprise contre lui depuis le début de son existence lui paraissait vaine.
Après ce qui semblait être une éternité, Tom Jedusor fit tourner la pierre noire trois fois dans sa main, et une silhouette apparut devant lui. La femme qui se tenait maintenant face aux deux adolescents paraissait jeune mais fatiguée et malade. Elle avait un peu l'apparence d'un fantôme encore à la frontière du monde des vivants.
Une profonde nostalgie prit possession des yeux de Tom pendant plusieurs secondes. La jeune préfète de Serpentard n'avait jamais vu son camarade comme ça, mais elle comprenait parfaitement ce qu'il ressentait sûrement. Comment serait ma vie si je n'avais pas perdu cet être ? Anaëlle se posait aussi cette question parfois, mais elle savait également que Tom était bien plus à plaindre qu'elle. Lui n'avait jamais reçu la moindre parcelle d'amour, et toute la force et la détermination qui l'habitaient aujourd'hui, il ne les devait qu'à lui.
La jeune brune se reconcentra sur le visage de Merope Gaunt, alors que Tom ouvrait la bouche pour engager le dialogue :
"Mère...
-Tom ? Ça fait si longtemps... tu es le portrait craché de ton père..."
À cette annonce, Jedusor se renfrogna. Sa mère venait de le comparer à l'homme qu'il haïssait le plus au monde, même encore aujourd'hui alors qu'il n'était plus.
"Physiquement peut-être, mais rien de plus, lâcha le préfet de Serpentard. Mère, je sais que vous avez possédé un médaillon avant de mourir... je veux le retrouver...
-Le médaillon en or ? Celui de notre famille ?
-Oui Mère. Qu'en avez-vous fait ?
-Je l'ai vendu quelques jours avant de mourir... mon ventre était trop gros pour me permettre de voler encore, je ne pouvais plus fuir aussi vite qu'avant... pourtant j'avais besoin de manger toujours plus, pour te nourrir toi...
-À qui l'avez-vous vendu ?
-Je l'ai échangé contre quelques pièces chez Barjow et Beurk. Je sais que j'aurais pu en obtenir plus, mais ils ne voulaient pas... et il fallait que je mange..."
Le voile de la Mort qui recouvrait l'héritière de Serpentard ne suffisait pas à masquer la honte de la revenante. Son visage reflétait une grande souffrance, la sensation d'avoir donné le meilleur de soi sans que cela n'ait suffi.
"Ne pensez pas ça de vous mère, intervint Tom. Ce sont eux les fautifs. Ils ont profité de vous, et je vous vengerai. Mais pour ça j'ai besoin de ce médaillon."
Merope Gaunt répondit par un timide hochement de tête, mais une faible lueur dans ses yeux traduisait un profond soulagement.
Après ce court entretien, un silence pesant s'installa. Il était temps pour Tom de mettre fin à cet échange, mais le jeune homme savait que sa mère possédait de puissants pouvoirs magiques et qu'elle était la descendante d'un mage célèbre encore plus puissant. Le sorcier de sixième année se sentait sûrement mieux en présence de sorciers puissants. Et pour tout dire, Anaëlle était dans le même cas. Elle avait le sentiment d'être tirée vers le haut, de pouvoir exploiter pleinement son potentiel depuis qu'elle passait du temps avec Tom. En soi, c'était une faiblesse, car elle était incapable de garder confiance en elle sans aide extérieure, mais qu'importe après tout, puisqu'elle avait trouvé un moyen de surmonter cette faiblesse ?
Tom Jedusor finit par mettre fin à cet échange avec l'autre monde, et l'image de sa mère se dissipa dans les derniers rayons de la journée, alors que l'héritier de Serpentard emboîtait la Pierre de Résurrection sur une bague qui donnait l'impression d'avoir été conçue pour l'accueillir.
Un lourd silence planait à présent dans la salle de classe. Seuls les écritures mal effacées sur le tableau ainsi que les parchemins en vrac sur le bureau attestaient du passage lointain d'âmes vivantes dans cette pièce. Tom finit cependant par relever le regard vers celui d'Anaëlle. Il s'approcha ensuite d'elle, et sa camarade attendit qu'il dise quelque chose. Il ne fit pourtant qu'approcher encore et encore, jusqu'à ce que la préfète de Serpentard soit mal à l'aise et se sente obligée de reculer d'un pas.
Le regard du Fourchelang se faisait insistant et semblait sonder le cœur de la jeune femme, ce qui gênait particulièrement cette dernière. Anaëlle ne put retenir un léger sursaut lorsque Tom se pencha vers ses lèvres.
"À quoi est-ce que tu joues ? s'empressa-t-elle de demander, la voix chargée d'étonnement et d'une pointe de colère.
-Les imbéciles qui nous entourent sont les esclaves de leurs cœurs, commença alors Tom Jedusor. Deux d'entre eux peuvent sortir ensembles alors même qu'ils ne partagent aucune valeur, simplement parce qu'ils sont tombés amoureux. Nous, nous sommes différents. Nous avons su mettre notre ressenti de côté pour mieux exploiter notre intelligence, et nous pouvons choisir par qui être attirés. Tu es belle, intelligente, vicieuse, puissante. Par conséquent, tu es un choix judicieux. Si il y a bien une personne dont j'ai envie de me rapprocher physiquement, c'est toi. Sans être prisonnier de l'amour. Alors si tu l'acceptes, je propose qu'on fasse ensemble tout ce qui peut nous procurer du plaisir, quand nous le souhaitons. Qu'est-ce que tu en dis ?"
Son interlocutrice resta muette quelques instants, surprise. Jamais elle n'aurait pensé recevoir ce genre de proposition... Mais, en réfléchissant bien, elle n'avait rien à y perdre. Elle ne comptait pas tomber amoureuse de quelqu'un un jour, alors au final, entreprendre ce genre de relation avec un garçon qu'elle trouvait beau et qu'elle respectait était sûrement ce qu'elle pouvait choisir de mieux.
L'expression de perplexité sur le visage d'Anaëlle laissa ainsi place à un léger sourire lorsqu'elle releva les yeux vers Tom.
"Je trouve que c'est une bonne idée. En plus, comme ça, on pourrait mêler l'utile à l'agréable, et être plus efficaces lorsque nous travaillons.
-C'est aussi mon point de vue."
Le jeune mage noir repris alors son mouvement, et ses lèvres rencontrèrent bientôt celles d'Anaëlle.
La sorcière de sixième année avait souvent entendu d'autres filles parler des baisers qu'elles échangeaient avec des garçons. Elles parlaient beaucoup de sensations qui semblaient remonter du plus profond de leurs entrailles, d'explosions de joie, ou de tout un tas de choses dans le genre. Mais Anaëlle ne ressentait rien de cela. Il n'y avait que le plaisir, une détente accrue, ainsi que la curiosité. Elle profitait, tout simplement.
Bientôt, leurs deux corps se détachèrent, et les deux sorciers se regardèrent.
"C'est plutôt agréable, dit Anaëlle.
-Je trouve aussi, lâcha Tom. Si à un moment donné tu veux aller plus loin, on pourra utiliser la salle de bain des préfets.
-Pas de problème, mais pas toute de suite. J'ai des devoirs à faire."
Beaucoup de leurs camarades auraient sûrement été surpris voire même choqués par le détachement dont ils faisaient preuve, mais après tout, Tom et Anaëlle étaient différents. Rien ne les liait à part leur raison, leurs intérêts, et ils étaient donc parfaitement maîtres de leurs émotions, ne ressentant aucun empressement d'aller plus loin tout de suite.
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La Force Des Souvenirs [Tome 1]
FanficVous connaissez l'histoire. Les gentils, le retour du bien. Comment Harry Potter et le reste des gentils ont gagné contre le méchant Voldemort. Mais tout le monde n'est pas du côté des gentils. Et pas seulement par crainte des représailles. Notre hé...