Chapitre 18 -La réalité des choses

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Les longues et belles robes de soirées, celles fascinant tant ma sœur, sont de sortie. Chaque femme est sur son trente et un, leur plus beau bijou au cou. On se croirait à l'une de ces soirées mondaines dont les gens aisés raffolent. Ils peuvent s'exhiber, montrer leur richesse ainsi que leur générosité à travers des dons aux sommes plus astronomiques les unes que les autres. Typiquement le style d'évènement faisant rêver mais auquel nous n'aurions au final pas envie de participer.

- Cette photo elle est vraiment indispensable ? Se plaint Charlee alors que nous sommes dans la file d'attente pour se faire photographier avec le commandant.

- Oui ! Je la veux depuis plusieurs années maintenant !

- T'aimes les vieux ?

Je lève les yeux au ciel face à ses absurdités. Sa fausse moustache lui retire toute crédibilité. A chaque fois que je le regarde un fou rire me prend, c'est le prix à payer pour passer la soirée avec lui sans que personne ne le sache. Ce petit côté d'interdit est amusant. Je me sens comme une adolescente sortant avec un garçon que mes parents m'auraient refusé de fréquenter. Le « badboy » du coin que l'on retrouve dans toutes les histoires à l'eau de rose. Sauf que Charlee est tout sauf ce genre de spécimen. Menteur oui, mais mauvais non.

En repensant à ce fameux mensonge toujours pas digéré, je me tourne vers lui avec une petite boule d'appréhension dans le ventre. Notre baiser de tout à l'heure ne doit pas interférer dans l'objectif que je m'étais fixée, je veux connaitre la vérité.

Cherchant d'abord soigneusement les mots que je vais utiliser, je ne dis rien. Je laisse mon cerveau tourner jusqu'à trouver la phrase que je considère parfaite.

- Ma sœur adore les soirées comme celle-ci. J'imagine que c'est ma mère qui lui a transmis cette amour pour les belles choses.

Parler de ma famille va peut-être l'aider à s'ouvrir sur la sienne. Je veux y aller en douceur mais s'il n'est pas réceptif, je vais devoir utiliser l'approche plus direct, celle qui potentiellement est fâcheuse. J'espère que nous n'en arriverons pas jusque-là.

- Ta famille à l'air sympa, me répond-il d'un ton neutre.

- Et la tienne est comment ?

Voilà, nous abordons la question qui fait mal, celle qu'il a pris soin d'éviter depuis le début. Cependant, je n'abandonne pas comme ça. Je le regarde donc avec insistance afin qu'il ne se défile pas, il va devoir répondre à mes interrogations sinon je ne pourrai jamais lui faire confiance. Nous avons bien ri, nous nous sommes même embrassés, maintenant il est l'heure d'avoir une conversation sérieuse.

- Tu m'as menti à notre rencontre alors j'aimerais avoir la vérité ce soir.

- Il n'y a rien à dire sur ma famille tu sais. Elle n'est pas intéressante.

- Je veux simplement savoir ce qu'il en est réellement, peu importe qu'elle soit intéressante ou non.

- Qu'est-ce que ça va t'apporter de le savoir ?

Le fait qu'il me réponde sur la défensive m'agace. Je croyais qu'il pourrait enfin me dire la vérité sur cette histoire, qu'il se sentait assez proche de moi pour me raconter ce qui le rend triste, mais apparemment non. Tout ce qui touche le sérieux, il n'est pas prêt à me le partager. Notre relation est donc peut-être qu'un simple jeu pour lui ? Une raison de plus pour s'amuser ?

Je me sens envahis de doutes alors que nous sommes à cinq couples d'avoir notre photo. Avec Charlee, je me suis directement sentie à l'aise. Je pouvais parler de tout et n'importe quoi avec une aisance déconcertante. C'était la première fois que je ressentais le sentiment de pouvoir tout raconter à quelqu'un, d'avoir une oreille attentive à la moindre de mes paroles. En fait le problème est là, il écoute mais ne se dévoile pas. Seulement une relation, qu'elle soit amicale ou plus, se base sur l'échange entre deux individus. Cela doit aller dans les deux sens aussi bien dans la parole que dans l'écoute. Nous n'en sommes visiblement pas là.

Une traversée pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant