Chapitre 19 - Le cliché

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Je suis pathétique. Me voilà en train de pleurer pour un garçon. Comment ai-je pu en arriver là ? Pourtant, je ne parviens pas à stopper mes sanglots qui me donnent l'air d'être une potiche sans cervelle.

- Si tu continues à pleurer, je me barre !

Les paroles si réconfortantes d'Apollon me sont d'une grande aide. Nous aimons tous nous faire crier dessus lorsque nous nous sentons déjà mal.

- Je n'ai pas de médicament contre les larmes alors arrête merde !

Il devrait prendre des cours de communication. Même un bûcheron perdu au fin fond des montagnes serait plus doux que lui. Je ne sais pas par qui il a été élevé mais les bonnes manières n'ont apparemment pas été transmises. La sympathie, la compréhension, la compassion, ce sont des termes dont il doit ignorer l'existence.

Je ravale un sanglot et essuies mes perles de larme d'un revers de la main. Je ne vais pas rester là, planter face à lui, et continuer de pleurer indéfiniment. Je vais plutôt aller me calfeutrer dans ma chambre, à l'abris des regards. Surtout de son regard.

Me voyant partir, Apollon se place soudain entre la porte et moi. A quoi joue-t-il ? Peut-être qu'au fond ça l'amuse de me voir dans cet état. Le malheur des autres doit le faire jubiler.

- T'as une morve qui sort du nez, tu ne vas quand même pas te montrer avec ça devant les autres passagers.

Je le maudis intérieurement pour son tact et attrape du papier toilette pour me moucher. Je vide mes voies nasales avant d'enfin quitter les lieux. Dans le couloir, les autres voyageurs passant par-là me dévisagent. Je dois avoir une mine affreuse. Me sentant déjà mal, être jugée de la sorte me met encore plus mal à l'aise. J'aurais peut-être dû rester cachée dans les toilettes des garçons.

Deux mains chaudes viennent se poser sur mes épaules. En tournant la tête, je remarque qu'il s'agit d'Apollon. Celui-ci lance un regard noir aux personnes arpentant le couloir dans lequel nous nous trouvons. Tente-t-il de m'aider ? Je ne sais pas à quoi il joue mais je ne veux pas qu'il me porte secours. Je suis persuadée que si je le laisse faire, je lui en serrai redevable et il ne manquera pas de me le rappeler. Il est donc hors de question que j'ai un service à lui rendre !

D'un coup d'épaule, j'enlève ses mains posées sur ma peau. D'un pas rapide, je quitte ces lieux devenus trop fréquentés. J'ai besoin de retrouver le calme de ma chambre. Crier toute ma colère envers Charlee sous ma douche.

- Hey toi ! Tu vas où ?! Me crie Apollon en me courant après.

- J'ai un prénom je te signale ! Me retournais-je vers lui.

- Je sais.

- Alors utilise le !

- Non.

Chacun de ses mots, de ses phrases lorsqu'il m'en fait, me surprennent. Elles sont complètement incohérentes. Il me court après comme s'il souhaitait me parler mais lorsque nous entamons une discussion, il retombe dans ses réponses courtes sans intérêt. Ce soir, je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec tout ça.

- Pourquoi est-ce que tu viens me parler ? Je croyais qu'on devait vivre chacun de notre côté.

- Tu veux connaitre la vérité ? C'est Charles qui m'a obligé de t'accorder une danse ce soir pour m'excuser de mon comportement la dernière fois.

- Donc t'es en train de me faire des excuses là ?

Tel un enfant ne voulant pas avouer sa bêtise, il regarde de gauche à droite en prenant soin de ne pas poser ses yeux sur moi. Il reste muet, comme à son habitude. Je n'appelle pas cela des excuses moi.

Une traversée pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant