Chapitre 15 - Plan compromis

561 66 13
                                    


Qu'est-ce qui m'a pris d'inviter Charlee ? J'ai beau touiller mon chocolat chaud depuis une heure, je me pose sans cesse cette question. A quel moment ces mots ont-ils eu envie de sortir de ma bouche ? Je sais qu'apprendre à mieux le connaitre me ferait plaisir, mais habituellement je suis plus subtile. Inviter ouvertement un garçon ne m'est encore jamais arrivé. Je suis en terrain inconnu. L'aventure commence.

- Mademoiselle votre boisson ne vous convient pas ?

Le serveur me sort brutalement de mes pensées. J'en fais même tomber ma serviette à terre avec mon coude. Il me la ramasse gentiment avant de me fixer longuement. Il attend ma réponse, je me secoue donc intérieurement pour lui donner ce qu'il attend.

- Non c'est parfait.

- Il doit pourtant être froid depuis le temps qu'on vous l'a servi non ?

- Absolument pas.

En réalité, il est glacé mais je n'ai pas envie d'en avoir un autre. Cela serait du gâchis et j'ai horreur des personnes qui ne terminent pas leurs plats. Une commande, c'est comme un engagement, on promet de terminer ce que l'on a souhaité manger. Ne pas le respecter serait trahir sa parole.

Je fais alors mon plus beau sourire au serveur, qui finit par aller voir un autre client du restaurant. Je me laisse alors replonger dans mes pensées un court instant jusqu'à apercevoir Apollon à l'entrée. Aussitôt, je me sens amère. J'ai envie de le crier dessus sans raison apparente. Mes doigts se crispent autour de ma tasse blanche de chocolat chaud et les muscles de ma mâchoire se contractent. Ce garçon m'agace rien qu'à sa simple vue.

Afin qu'il ne me repère pas en train de le fusiller du regard, je termine de boire ma boisson froide. Je ne pourrais même pas décrire le goût qu'elle avait tellement mon cerveau est obnubilé par cet être sans âme arrivant dans ma direction.

A mon niveau, il passe sans même faire attention à moi. Tant mieux, mon petit stratagème pour ne pas me faire repérer a plutôt bien marché. Il part s'installer à une table dont la distance me convient assez pour faire redescendre la pression que j'ai accumulée en le voyant. Etant derrière moi, je ne vois plus son visage boudeur qui donnerait envie de pleurer à un clown.

Malheureusement, je me fais trahir par ma chère amie italienne qui fait son entrée dans le restaurant. J'avais complètement oublié que nous devions nous voir.

- Bella !

Son petit coucou de la main, qui accompagne ses paroles, me grille instantanément. Je sens le lourd regard d'Apollon s'abattre sur mon dos. Ses yeux océans déversent des flots déchainés sur ma pauvre personne. Sans même le voir, j'arrive parfaitement à savoir qu'il me scrute nonchalamment.

- Tuo amico te fixe plutôt méchamment, m'informe Isabella en prenant place face à moi.

- Je sais, dis-je en soufflant.

- Ça ne va toujours pas entre vous deux ?

- Je crois que ça n'a jamais été en fait.

- Tu veux qu'on aille ailleurs peut-être ?

- Si ça ne te dérange pas, oui je préfèrerais, avouais-je tout bas afin qu'Apollon ne m'entende pas, bien qu'il soit de toute façon trop loin.

- Ma sì, certo.

Je me lève et remets ma veste avant de quitter les lieux, sans me retourner. Isabella et moi flânons dans les différentes boutiques de luxe du navire. Ayant toutes les deux le même budget, nous faisons simplement du lèche vitrine. Cependant, mon italienne préférée reste subjuguée durant de longues minutes face à la devanture d'une enseigne spécialisée dans les robes de soirées.

Une traversée pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant