Chapitre 39 - Une dernière nuit à deux

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Nous ne pouvons déceler la longueur de la nuit qu'en étant victime d'insomnie. Ne pas réussir à fermer l'œil durant les interminables heures qui la composent est une véritable torture. Chaque seconde parait plus longue dans l'obscurité. La noirceur dévore le temps, elle le rend infini. Il est si facile de s'y perdre, de devenir fou en ne voyant pas la fin du tunnel s'approcher. La seule lueur d'espoir brillant durant la nuit est celle d'un compagnon d'insomnie. Ni Apollon, ni moi, n'avons succombé à l'appelle de Morphée. Nos discutions sont bien trop palpitantes pour y couper court.

Confortablement allongés sur un transat, dont le matelas est presque aussi moelleux que celui de mon lit, nous échangeons sur divers sujets. Ma tête calée dans le creux de son cou, je l'écoute me détailler les ruelles de Montréal. Il a pris le pari de réussir à me faire voyager là-bas seulement à l'aide de la parole. Depuis bientôt une heure, je me balade dans la ville québécoise au gré de ses mots. Je découvre la promenade le long du port, le jardin botanique près du parc olympique, le célèbre Mont Royal et ses hectares de verdure. Je n'ai encore jamais mis les pieds dans cette ville et pourtant j'ai l'impression de la connaitre.

- Il y a un parc pour chiens au pied du Mont Royal, mes parents habitent juste à côté alors c'est là que j'emmène Groot jouer.

Le nom de son compagnon à quatre pattes me fait toujours autant sourire. Il faut être vraiment fan des Gardiens de la Galaxie pour affubler son chien d'un tel nom. Et malgré qu'il m'ait répété apprécier cette saga, j'ai encore beaucoup mal à me faire à cette idée.

- Pourquoi est-ce que tu ne laisses pas ton chien à tes parents quand tu pars en croisière ?

- Un jour, je suis parti tout un week-end et ma mère m'a raconté qu'il a passé les deux jours allongés devant la porte d'entrée. Depuis, je le prends toujours avec moi.

- Vous êtes inséparables, rigolais-je.

- Contrairement aux gens, les animaux ne me rebutent pas. Leur présence est même agréable.

Rapidement, je me redresse et m'appuie sur mon coude. Son visage se trouve juste sous le mien, il me détaille avec incompréhension.

- Je te préviens, si tu t'apprêtes à me comparer à un animal et que c'est pour cette raison que tu m'aimes, je m'en vais de ce pas !

J'ai beau être très sérieuse, cela ne l'empêche pas d'exploser de rire. Je frappe son torse pour l'obliger à s'arrêter, mais cela à l'effet inverse. Je ne l'ai jamais vu autant rire, c'est déroutant. Derrière son épaisse carapace se cache un jeune garçon beaucoup moins impassible que celui qu'il laisse transparaitre. Il est comme un œuf de pâque au chocolat noir croquant à l'extérieur, et fourré d'une ganache légère au chocolat au lait. Un pur délice du début jusqu'à la fin que je serais prête à dévorer chaque jour de l'année.

Je passe ma jambe par-dessus ses cuisses, l'emprisonnant à la taille où sa chemise blanche est suffisamment remontée pour laisser la peau de son ventre à l'air libre. La naissance de ses abdominaux n'échappent pas à mes yeux, je les contemple quelques instants avant de m'assoir à califourchon sur lui. Toujours hilare par ma dernière phrase, ses bras recouvrent son visage pour étouffer ses rires. Je saisis ses poignets afin de le dégager, il doit être témoin de mon regard de tueuse qui l'assassine en ce moment même.

- C'est bientôt fini ce cirque !

- Désolé, mais tes répliques sont tellement improbables qu'elles me font rire, pouffe-t-il toujours.

- J'étais sérieuse pour une fois. Mon père adore me comparé à divers animaux alors il est hors de question que tu t'y mettes aussi !

Ma confession le calme doucement. Ses rires finissent par cesser, enfin il prête de nouveau un peu d'attention à ce que je lui raconte. Il réalise également la position que j'occupe sur lui et découvre la proximité de nos bassins. Aussitôt, son sérieux reprend le dessus. Il se redresse à l'aide de ses coudes, son torse faisant face au mien. Mes hanches sont obligées de descendre un peu plus bas sur ses cuisses afin qu'il puisse s'assoir.

Une traversée pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant