Prologue

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Voici la fin de mon histoire, enfin du moins le clap final du premier tome de ma vie. En fermant mon énorme valise bordeaux, je sais qu'un long voyage m'attend. Au sens propre comme au figuré. Mais j'ai choisi tout cela avec beaucoup de précautions, je ne pars pas sur un coup de tête. Après quatre ans à tout planifié de A à Z, je suis contente de voir mon projet se concrétiser. Terminée la vie plate et sans encombre que j'ai toujours mené et que j'ai souhaité voir changer le jour de mon dix-huitième anniversaire.

Je me souviens parfaitement de cette date. Je venais d'avoir mon baccalauréat quelques semaines plus tôt, c'était enfin les vacances d'été. Avec mes parents et la grande blonde aux allures de top-modèle qui me sert de sœur, nous sommes partis fêter l'obtention de mon diplôme et mon anniversaire chez mes grands-parents. Pour la première fois de mon existence, j'ai pris l'avion, direction l'Angleterre où ils étaient tous les deux installés pour leur retraite. J'étais excitée comme une puce à l'idée de partir hors des frontières de France. Pas que je n'aime pas mon pays, mais si le monde est vaste c'est bien pour être découvert, non ? Alors pourquoi imposons-nous des limites ? Cela peut paraître stupide, mais les franchir a libéré en moi un nouveau sentiment. Celui-là même qui m'a fait souhaiter, en soufflant mes bougies, d'avoir une vie trépidante.

C'est également lors de ce voyage qu'une autre lumière a commencé à scintiller au plus profond de mon être. Lorsque je l'ai vu amarré au loin tandis que nous passions en voiture, une vague de plaisir m'a submergé au point que j'ai cru me noyer, ne sachant plus comment respirer. J'ai été si attirée par ce navire que je n'avais qu'une chose à la bouche : « Queen Mary II ». De là, j'ai commencé, tant bien que mal avec la mauvaise connexion au réseau de chez mes grands-parents, à écumer les moindres informations sur ce bateau. Ma mère m'a même dit :

« C'est devenu une obsession ton histoire de géant des mers. Tes petits amis, tu ne les regardais pas et tu n'en parlais pas avec autant d'amour. »

Elle n'avait pas tort. La passion venait de me chambouler, chose que jamais je n'ai connue avec qui que ce soit. Les imbéciles qui étudiaient à mon lycée n'avaient pas grand intérêt. Toujours à parler de football ou de jeux vidéo, à croire qu'il n'y avait que ça d'intéressant dans notre monde. Malgré ce bas niveau, j'ai tout de même réussi à trouver Fabien. C'était le moins stupide de tous et ses petites blagues m'avaient fait fondre. Notre relation a tenu un an avant que chacun n'évolue sur des chemins différents. Nous nous sommes donc quittés en bons termes, bien qu'aujourd'hui nous ayons complètement perdu contact.

Par moments, il m'arrive de regretter notre éloignement. J'aurais aimé savoir ce qu'il est devenu après toutes ces années. Ce qu'il fait de sa vie de jeune homme de vingt-deux ans. Nous aurions tellement de choses à nous raconter. Mais la vie est ainsi, elle rapproche puis sépare des gens. Beaucoup trouvent cela triste de dire adieu.

Quand je vois mon amie Ludivine pleurer parce qu'elle quitte ses parents quelques semaines en été afin de partir entre copines, je me demande si j'ai un cœur. Je m'apprête à laisser mes proches sans me retourner et ça ne me fait rien. Je n'ai aucun sentiment négatif. Je dois même avouer que je suis heureuse de commencer une nouvelle vie ailleurs. Mes parents, ma sœur, Ludivine, mes amis de la faculté, j'ai l'impression que personne ne va réellement me manquer. Pourtant je suis attachée à eux, mais les avoir au téléphone ou via Skype me suffit amplement.

Comment connaître la vie si l'on reste accroché à un même environnement ? Voyager, faire de nouvelles rencontres, partager et surtout bâtir son propre monde dans un pays qui m'est étranger. Les Canadiens n'ont qu'à bien se tenir car je compte devenir l'une des leurs. M'habiller avec des chemises à carreaux, aller couper du bois dans la forêt, partir dans mon chalet à la campagne tous les week-ends et manger du sirop d'érable. Bon, je l'avoue ces idées sont complètement clichées. Mais en France, je portais bien des marinières, mangeais du pain et du fromage, jouais à la pétanque de temps en temps et partais en vancances dans notre maison secondaire en Normandie. Je préfère voir tout cela comme des traditions.

En tant que nouvelle génération, nous sommes garants de ces petites choses qui représentent l'identité de notre pays. Ce n'est pas parce que je pars pour une durée indéterminée au Canada que je dois oublier toutes ces années vécues en France ou les origines de mon père norvégien. Plus jeune, il m'arrivait parfois de dire : « God morgen » ou « God kveld » au chauffeur du bus scolaire. Ce dernier me toisait toujours d'un regard interrogateur, ne comprenant pas ce que je pouvais bien lui raconter. Un jour, après être montée dans son véhicule depuis plus de trois ans, il m'a réprimandé par un : « Arrête de m'insulter ! ». Il m'a fallu dix bonnes minutes pour lui expliquer qu'il s'agissait juste d'un « bonjour » et d'un « bonsoir » en norvégien.

En repensant à tout ce que j'ai vécu depuis ma naissance, je me dis que ce premier tome de ma vie n'a pas été si calme que ça. Je l'ai plutôt bien rempli et ce, jusqu'à la dernière page. Désormais, à moi seule de faire mieux pour ce second ouvrage qui s'annonce encore plus riche d'aventures. 

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Voici le prologue de mon tout premier roman d'amour. Jusqu'ici je n'ai fait que des fanfictions et j'avais envie de me lancer dans quelques choses de "nouveau" du coup voilà mon travail. 

J'espère que vous aimerez Une traversée pour aimer.

Une traversée pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant