... et t'attendre à Noël

VINGT-ET-UN.

RUBRIQUE NECROLOGIQUE.

Louis,

Son fils,

Greta et Willem,

Sa mère et son beau-père,

Mylène,

Son ancienne compagne,

ainsi que toute sa famille ont l'immense

douleur de faire part du décès de

NIKOLAAS VAN ANDEL

1980 – 2011

Le 23 mai, à l'âge de 31 ans, Nikolaas van Andel

trouvait la mort à la suite d'un court mais éprouvant

combat contre le sida.

La cérémonie aura lieu dans le crématorium DUC dierencremator,

à Amsterdam, aux Pays-bas, le pays originaire du défunt – ce

samedi 26 mai, à 14 heures.

***

21 décembre 2011.

« C'est tordu. Complètement tordu et déplacé », voilà ce que se répétait Erwin en boucle depuis une heure – temps depuis lequel il patientait dans l'aérogare d'Amsterdam. Et malgré ses quarante-deux ans, c'était la première fois que le père de famille allait prendre l'avion. Et non pas pour voir une femme (il avait passé l'âge) mais on pouvait dire qu'il était question d'amour malgré tout. Mais c'était surtout la curiosité qui guidait ses pas. Ca, et l'audace. Cette même audace dont il n'avait jamais fait preuve jusqu'à ce qu'il constate cette absence de lettres.

Erwin exerçait depuis plus de vingt ans maintenant et si les premières années, il n'avait pas vraiment fait attention à cette correspondance enfantine, elle l'interpelait maintenant. Chaque année, l'homme se demandait si les lettres seraient au rendez-vous et surtout, il essayait de deviner la correspondance qui pouvait lier ces deux personnes. Un homme et une femme, à en croire les noms sur les enveloppes. Ce n'était que des enfants quand ils avaient commencé et maintenant, quel âge pouvaient-ils avoir ?

Erwin avait eu la réponse la semaine passée. Vingt-neuf et trente ans. Mais ce n'était pas la seule réponse que le hollandais avait obtenu. Et celle-ci, il aurait bien aimé s'en passer. Car si Klaas n'avait pas écrit de lettres de Noël cette année, c'est parce qu'il était mort.

Erwin posa sa main sur le sac qu'il portait en bandoulière. Il vérifia rapidement que son billet se trouvait bien dans la poche de devant avant de reporter son regard sur l'immense baie vitrée qui donnait sur la piste de décollage. Son avion venait d'être avancé et bientôt, Erwin embarquerait. La Suisse. Jamais le quarantenaire n'avait pensé y mettre les pieds un jour. Comme tout touriste qui se respecte, il avait songé aux pistes de ski ouvertes à cette saison, aux lacs si célèbres et aux spécialités de la région. Pourtant, cette idée n'avait fait que lui effleurer l'esprit car dans sa valise à lui, on ne trouvait pas de boots, de bonnet ou autres tenues de saison. Lui, il avait des brochures de journaux découpés, des notes qu'il avait rédigées et un carnet sur lequel il avait reporté les différentes adresses de Nikolaas ainsi que celle de Lise qui n'avait pas changé au fil des années. Peut-être avait-elle racheté la maison dans laquelle elle se trouvait ? C'était la seule théorie qu'Erwin avait trouvé car il refusait de croire que Klaas avait écrit au souvenir de Lise durant toutes ces années. Leur histoire ne pouvait pas prendre fin ainsi. Tous deux morts. Ou disparus. Erwin refusait d'aller à Genève pour trouver une réponse aussi tragique. Non, Erwin avait besoin de rêver un peu. Rien qu'un peu.