Chapitre 15 : L'écharpe Violette

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Je suis dans la chambre de Scorpius. On se prépare pour aller en ville.
Il fouille dans ses vêtements pour trouver une écharpe, parce-que j'ai oublié la mienne. Je ne sais pas où était ma tête quand j'ai fais mon sac, mais sûrement pas sur mes épaules.

Scorp finit par en trouver une violette au fin fond de son armoire :

« Et voilà. Elle était à ma mère. Je l'ai gardée parce-qu'elle y tenait beaucoup. »

Il me regarde, tout en souriant en pensant à ce souvenir.
Je bafouille en la lui rendant :

« Oh, non, mais Scorpius... Je peux pas la mettre, c'est...
- Je suis sûr que ma mère en serait très heureuse. Mets-la, Albus. Ça ne me dérange pas du tout. »

Il sourit toujours, mais son visage a changé, ses traits se sont légèrement durcis. C'est sûrement à cause de tous les souvenirs qui remontent à la surface. Il fixe le vide.
Je suis très ému, sans vraiment trop savoir pourquoi. Je prend Scorpius dans mes bras, ou plutôt, je me réfugie dans les siens. Je ne sais pas trop, en tout cas, on se serre l'un contre l'autre.
Il finit par dire, inaudiblement :

« Albus, en réalité, mon père n'était pas aux courses, tout à l'heure. »

Je fronce les sourcils, je ne comprends pas bien.

Je fronce les sourcils, je ne comprends pas bien

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Il semble mal à l'aise. Et triste.

« Et... Il était où?
- À la tombe de ma mère. C'est son anniversaire, aujourd'hui. Son anniversaire de naissance. Elle aurait dû avoir 41 ans tout pile.
- Oh, je murmure, sans parvenir à trouver autre chose à dire.
- Je n'y suis pas allé parce-que mon père n'a pas voulu. Je ne sais pas pourquoi je ne te l'ai pas dit ce matin. Désolé.
- Ne t'excuse pas. Je comprends. Enfin non, je ne peux pas comprendre... je n'ai jamais traversé ça, heu.... Je ne sais pas comment dire...
- Laisse, c'est pas grave. Vraiment. T'inquiètes.
- Mais ... tu veux aller la voir?
- Oui. J'adorerais.
- Alors, allons-y.
- Mon père ne voudra pas...
- Si tu veux y aller, tu y vas. Tu es majeur, non?
- Oui, oui... mais il dit qu'elle ne voulait pas que j'y aille tout le temps. Pas plus de deux fois par mois, parce-qu'elle voulait que je me concentre sur moi, que je vive ma vie, tout ça.
- Moi, je pense qu'il faudrait que tu y ailles, Scorpius. Mais c'est à toi de décider.
- Je pense que je vais y aller. Elle le mérite.
- C'est vrai. Est-ce-qu'on peut y aller à pieds?
- Oui.
- C'est parfait, dis-je en lui adressant un petit sourire. »

Je l'embrasse sur la joue et je me rends soudain compte que de grosses larmes roulent le long de ses joues. Il s'aperçoit que je le regarde et il essuie ses joues mouillées. Je le serre contre moi sans rien dire.

« J'ai fais mon deuil depuis très longtemps, tu sais, Albus. Mais je... Je sais pas. Elle me manque tellement... Et puis... Hum. Parfois, les soirs, j'entends encore mon père pleurer dans le salon, et quand je descend les escaliers, il est dans la cuisine, endormi, avec une bouteille à la main. Tu vois ce que je veux dire par là. »

Il me regarde, en essayant d'arrêter de pleurer. Je le regarde aussi, un peu pétrifié, sans savoir quoi répondre, comme toujours.

« Désolé d'avoir dit ça. Je devrais pas tout déballer comme je viens de le faire. Tu n'es pas mon psy. Excuse-moi, Al.
- Je t'écoute, et c'est tout, je suis sûr que ça te fait vraiment beaucoup de bien. Je veux t'écouter, et être là pour toi.
- Tu as raison.
- Continues, si tu as autre chose à déballer.
- Non, non, ça va. Merci, Albus. Merci beaucoup, pour tout. »

Je n'ose pas bouger, il semble si fragile. Je caresse ses cheveux, il a posé sa tête contre mon épaule.
Il se redresse alors et me sourit. Il a les yeux rouges mais a arrêté de pleurer.

« Ça va mieux, dit-il. On y va ?
- Oui, mais je ne prendrais pas cette écharpe.
- Ça me ferait plaisir, vraiment. S'il te plaît.
- Je ne veux pas gêner ton père...
- Ça ne le gênera pas. Je t'assure.
- Bon, Scorp, D'accord. Mais je ne la mettrais que dehors, je ne veux vraiment pas mettre ton père mal à l'aise. Et c'est parce-que ça te fait plaisir.
- Comme tu veux. »

Je met l'écharpe dans la poche de ma veste, qui est assez grande, et on descend ensemble. Drago fixe la télé, qui n'est pas allumée.
Lorsqu'il nous entend, il saute sur ses pieds et nous fait un sourire, et maintenant, je me rend compte que tout est faux depuis ce matin et peut-être même hier. Ses sourires, ses clins d'œil, ses gentilles phrases, sa bonne humeur... Tout.
Avec Scorp, on sort très vite après avoir prit de l'argent et nos manteaux.

Drago avait l'air si malheureux... j'en ai mal au cœur.

Une fois dehors, je mets l'écharpe. Elle est douce, et pas trop longue. Je l'adore. Scorp me regarde. On se sourit. Il se penche vers moi et enfouit son visage dans l'écharpe.

« Elle a toujours son odeur, dit-il. »

Je souris, même si je suis un poil gêné de porter cette écharpe si personnelle et familière pour Scorpius.

On marche dans la rue en se tenant la main, ça tient chaud. Je le regarde. Il a l'air content, mais un peu troublé.

J'enlace nos doigts et il me jette un coup d'œil. Je souris. On continue de marcher et on arrive au cimetière en quelques minutes. Je serre encore plus la main de Scorpius en franchissant le portail. Il tremble légèrement.

Il connait le chemin sur le bout des doigts et nous emmène directement à la tombe.

Il lâche alors ma main et s'agenouille devant, à même le sol, les mains dans l'herbe encore givrée.

Je n'étais jamais venu ici. La pierre tombale est simple mais se distingue de toutes les autres ; elle est haute et colorée. Il y est inscrit en argenté ;

Astoria Greengrass Malfoy
14 décembre 1982 - 29 juillet 2019
Sorcière talentueuse,
Mère fabuleuse,
Femme merveilleuse

Scorpius me dit que c'est son père et lui qui ont écrit les inscriptions et que par "femme", ils ont voulu dire femme humaine, et pas épouse, car Drago ne voulait pas la qualifier d'épouse. Pour lui, elle était encore plus. Ils ont choisi une jolie écriture en italique et en arabesques.

La tombe est vraiment magnifique. J'ai les larmes aux yeux. Je m'assois à côté de Scorp et passe un bras autour de ses épaules, jusqu'à ce qu'il me demande de le laisser seul un moment. Il s'excuse, me sourit et je m'éloigne, effrayé à l'idée d'être de trop. Je m'assois sur un banc, le plus loin possible. Je ne veux surtout pas le déranger.

Il me rejoint dix minutes plus tard. Il a les yeux encore plus rouges que tout à l'heure, mais je ne dis rien. Il s'assoit à côté de moi sans rien dire, puis il se jette sur moi et m'embrasse soudainement, sur les lèvres. Ça me surprend. Il me serre très fort et je le serre très fort aussi.

Je sens bien qu'il a vraiment besoin de ces baisers maintenant, alors je l'embrasse longtemps et avec le plus d'amour possible, et peu importe si il y a des gens autour, peu importe si ils pensent qu'on ne respecte pas les cimetières ni les morts, peu importe si il fait très froid, peu importe s'il y a des gens qui ne supportent pas de voir deux garçons s'embrasser. Peu importe, merde.
Tout ce qui compte, c'est mon Scorpius.
Mon Scorpius triste, malheureux, fatigué, épuisé et sans maman.

Ma raison - ScorbusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant