Hayden [Réécriture]

1 [Réécriture]

                         Hayden

Septembre 2019

Je ne pensais pas y arriver et pourtant j’y suis. Le jour où nous prenons notre envol, où l’on quitte le nid. Je me sens prête, enfin…
— Ça y est ? me dit Ellison, ma petite sœur, quand j’arrive dans le salon. 
— Oui, ça y est.
  Elle me fait un petit sourire, que je lui rends.
— Ho mon petit bébé qui part pour la fac, dit ma mère mettant ses mains sur ses lèvres qui commencent déjà à trembler.
— Chérie tu ne vas pas te mettre à pleurer maintenant, lance mon père en entrant dans la pièce, il nous embrasse à toutes les trois puis s’assoit une tasse de café dans les mains.
— Elle va juste à la fac maman. Puis elle ne sera pas toute seule, Jess sera là.
— Toi, tu es insensible !
— Ce n’est pas nouveau, répond ma sœur.
Les voir se chamailler me fait sourire. Ils vont me manquer.
Après plusieurs pleurs de ma mère, nous nous retrouvons dans l’allée devant ma petite coccinelle bleue qui est ma toute première voiture. Je suis tellement contente que mes parents me laissent partir avec. Au début mon père ne voulait pas, il préférait que je prenne l’avion, mais je n’étais pas d’accord. Surtout que Jessy, lui, il est parti avec sa voiture.
— Tu es sûr que tu as tout ce qu’il faut ?
— Oui maman, on a vérifié ma valise trois fois il ne manque rien.
— Bien, toute façon tu m’appelles et je t’enverrai s’il te manque quelque chose.
— C’est bon Laurie je crois qu’elle va s’en sortir. On veut juste que tu sois heureuse.
— Mais ? demandé-je sachant que même si mon père est cool il a toujours un petit "mais" quelque part.
— Mais fais attention aux fêtes et à l’alcool.
— Tu me connais, tu n’as pas à t’inquiéter pour ça.
— La fac change des gents ma puce. N’oublie pas, sans regret.
Il me fait un clin d’œil ainsi qu’un petit sourire.
— Tu vas nous manquer ma chérie, et dis à ton frère de nous appelle de temps en temps.
— Je lui passerais le message.
Mes parents me prennent dans leurs bras à tour de rôle me disant des mots à l’oreille. Tous les cinq nous avons une très grande complicité, malgré quelques chamailleries. Mon frère lui, a deux ans de plus que moi, c’est un vrai tombeur et il le sait. Ça fait deux ans qu’il est parti à Boston pour les études et ne rentre pas souvent à la maison. Mais là, je vais le rejoindre et j’ai hâte de le retrouver. Un regard a ma petite sœur et je me dis que maintenant c’est elle qui va me manquer. Quatorze ans et un caractère déjà bien définie, tout le contraire de moi, elle sait ce qu’elle veut et n’a pas peur de dire ce qu’elle pence. Là où elle est la starlette de son collège, moi j’étais la fille toujours plongée dans ces bouquins. Malgré nos différences on est comme les deux doigts de la main, ma petite sœur c’est toute ma vie.
— Ha, sœurette tu vas trop me manquer.
— Tu vas m’étouffer si tu continues, dit-elle alors que je la serre fort contre moi.
Je la serre un peu plus, rigolant, les yeux humides.
— Ho arrête ! je sais que tu adores quand je te serre fort dans mes bras.
Elle ronchonne, mais je sais qu’elle m’adore.
— Bon, je dois y aller sinon je vais arriver tard. Je vous aime.
— Au revoir chérie, et appelle-nous surtout.
Aller de l’avant, et ne jamais reculer.
Alors je n’écoute pas cette voix qui me dis te faire demi-tour, je lève les yeux dans le rétro pour un dernier signe de main a ma famille puis je me concentre sur la route. Devant moi. Toujours devant.