Conte populaire norvégien recensé par Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe dans leur recueil Norske Folkeeventyr (contes populaires norvégiens), publié à Oslo en 1841.
Il était une nouvelle fois à Ledzima, un pauvre homme qui avait tant d'enfants qu'il ne pouvait pas tous les nourrir, et encore moins les vêtir. Ses enfants étaient tous très beaux – ils tenaient ça de leur mère – et très gentils – comme leur père – et le plus grand surpassait ses cadets. Sa beauté était celle d'un flocon de neige étincelant dans le soleil du matin, une beauté délicate mais inaltérable. Le père aimait tous ses enfants de tout son cœur et il se serait volontiers sacrifié si cela avait pu les sauver. Mais hélas, il ne pouvait que travailler très dur pour ramener un peu de pain à la maison, ou quelques vieilles nippes que sa femme raccommodait.
Un soir d'hiver, il faisait si froid dehors que la glace prenait sur les murs intérieurs de la chaumière et que le feu peinait à brûler le peu de bois qui leur restait. La nuit était noire, la neige tombait à gros flocons et le vent soufflait, hurlant en se déchirant sur les arbres dénudés par le froid. Toute la famille était blottie devant la cheminée, cherchant à se tenir chaud, lorsque des petits coups réguliers se firent entendre contre la porte. Le père se leva pour voir ce qui se passait et lorsqu'il ouvrit la porte, il se retrouva devant un grand loup gris. Celui-là même qui avait aidé Ivan dans sa quête de l'Oiseau de Feu, mais c'est une autre histoire. Le loup gris, donc, se trouvait là, de la neige jusqu'aux jarrets et du givre plein sa fourrure.
— Bonsoir à toi, bon père, salua-t-il.
— Bonsoir à toi, loup gris. Que veux-tu ?
— J'aime ton fils aîné. Si tu me le donnes en mariage, je vous rendrai aussi riches que vous êtes pauvres.
Devenir riche n'était pas pour déplaire à l'homme car il pourrait enfin veiller sur ses enfants et les protéger convenablement sans avoir à craindre que le froid ne les emporte. Mais d'abord, il devait s'entretenir avec son fils. Il retourna dans la maison et expliqua à ses enfants, entre deux claquements de dent, qu'un grand loup gris attendait dehors et leur avait promis de grandes richesses en guise de dot pour épouser l'aîné.
Le jeune Leif refusa immédiatement, craignant que le loup ne veuille simplement le dévorer et préférant rester avec sa famille pour tâcher d'aider son père du mieux qu'il le pouvait. Mais ses parents et sa fratrie argumentèrent tant et plus, lui présentant qu'il serait plus heureux qu'eux et que, en épousant le loup gris, il les sauverait tous. Leif avait bon cœur et ne pensait jamais à lui en premier. Il finit donc par accepter et il empaqueta ses affaires comme il le put avant de dire adieu à sa famille. Puis il sortit dans le froid pour aller trouver le loup gris.
Ils n'échangèrent pas un mot, le loup gris se contenta de lui faire signe et le jeune homme grimpa sur son dos en laissant derrière lui la misérable cabane dans laquelle il avait grandi. A la vitesse du vent, le loup gris s'en alla et ce ne fut qu'au bout d'un long moment qu'il prit la parole.
— As-tu peur de moi ?
— Non, je n'ai pas peur.
Le loup ne répondit pas et ils continuèrent leur chemin, passant les montagnes, sautant les rivières et les vallées. Cela dura si longtemps que Leif finit par coller son visage contre la fourrure du loup et s'endormit. Ils arrivèrent au pied d'une montagne et le loup tapa du pied sur le sol. Le pan de roche s'ouvrit, révélant un palais tout entier sculpté dans la pierre et éclairé de bougies. Réveillé, Leif ouvrit de grands yeux et songea qu'il n'avait encore jamais vu plus belle demeure.
Le loup gris le mena jusqu'à une belle salle où flambait un feu de cheminée et où la table était dressée, couverte de plus de nourriture qu'il n'en avait vu dans l'année. Ce qui ne voulait pas dire qu'il y avait profusion de plats, simplement un souper léger.
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Contes pour attendre Noël
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