Le retour du commissariat jusque chez Tristan n'avait pas été des plus simples. Ce dernier s'était arrêté plusieurs fois pour rendre tout ce que contenait son estomac. A chaque fois, il revenait vers moi après en me sortant un "Désolé", puis tentait tant bien que mal de reprendre sa route. J'avais de la peine pour lui et je ne comprenais pas pourquoi il s'était mis dans cet état. Lorsque nous sommes enfin arrivés chez lui, je me rendis vite compte que son état ne datait pas du soir même mais de plus longtemps. D'habitude son appartement était propre et rangé. Là, la vaisselle s'était entassée dans l'évier de la cuisine et sur le plan de travail. Le sofa du salon était couvert de linge sale et la table basse disparaissait sous des dizaines d'emballages en tout genre.
-"Bon, une chose après l'autre." Dis je à voix basse pour moi même.
Ma priorité était de m'occuper de Tristan. Je l'emmenais de ce fait dans la salle de bain. Après l'avoir fait s'asseoir dans la douche, je lui retirais son pantalon et sa chemise. Il se laissa faire, fixant le mur d'en face le regard dans le vide. Une fois en sous vêtement, je pris la pomme de douche et fis couler l'eau sur un mur pour attendre qu'elle chauffe sans l'éclabousser. Une fois tiède, je maintins la pomme au dessus de sa tête afin de le mouiller. La tête baissée et le genoux remontés contre sa poitrine, Tristan ne disait toujours rien.
-"Ok Tristan... Je vais te laver les cheveux, tu pense pourvoir étaler le gel contre ton corps?"
Sans un regard vers moi, il tendit sa main attendant visiblement que je lui verse du savon dans le creux de sa paume. Pendant qu'il se frottait négligemment je lui savonnais ses cheveux. Une fois rincé, je pris une grande serviette et lui passa autour des épaules. Comme il tremblait de froid je lui frottais les bras afin de le réchauffer. Au bout de quelques minutes, je l'aidai à se relever.
-"Tu crois pouvoir te laver les dents tout seul?"
Une nouvelle fois, seul son silence me répondit. Il se contenta de prendre sa brosse à dents et son dentifrice. Je quittai la pièce afin de m'attaquer au second problème: Son appartement! J'attrapai l'ensemble des emballages sur la table basse et les mis à la poubelle. Ensuite, je passais au linge qui traînait partout et mis une machine à tourner. Entre temps Tristan qui avait fini était parti dans sa chambre. Je saisis une bassine dans la cuisine et vint la déposer à côté de son lit. Il avait réussi à se mettre dans les draps, son boxer mouillé toujours sur lui. Je m'arrêtais pour le regarder une minute. Ses yeux étaient encore plus cernés que lorsque je l'avais vu enchaîner ses gardes lors de mon accident. Je passais ma main sur son front, écartant ses mèches de cheveux qui s'étaient collées à sa peau et qui lui tombaient presque devant les yeux. Il ne réagit pas. Malgré la fatigue et malgré la cuite qu'il venait de se mettre, il était toujours aussi beau. J'avais envie de m'allonger à ses côtés et de le prendre dans mes bras, de lui demander ce qu'il se passait, mais je savais que ce n'était pas le bon moment. A la place je me levai et sorti de la pièce en laissant la porte entre ouverte au cas où.
J'envoyais un SMS à Julien pour lui demander me ramener Nouki et mes cours. Il accepta sans poser de question. Lorsqu'il me ramena ma boule de poil, on pouvait lire le malaise qu'il ressentait sur son visage mais une nouvelle fois ne me demanda rien. A la place, avant de partir il me dit:-"Je suis là si tu as besoin de parler Cassie."
Pour réponse, le l'avais serré fort dans mes bras en le remerciant et avais ajouté:
-"Je ne sais pas ce que je ferrais sans toi".
-"Tu serais probablement en train de te lamenter de ne pas connaître quelqu'un d'aussi exceptionnel que moi" M'avait-il répondu en m'adressant un clin d'œil malicieux.
J'avais passé le restant de la soirée à bosser mes cours sur le canapé de Tristan avant de sombrer dans le sommeil, Nouki contre moi.
*****
Je fus réveillée le lendemain matin par la lumière qui provenait de la cuisine. Je me rendis compte que j'étais couverte d'un plaid et une odeur de café provenait de la cuisine. Je me levai en regardant l'heure; il était un peu plus de huit heure et il faisait encore nuit dehors. Lorsque j'arrivais dans la cuisine,, Tristan était assis sur un tabouret du bar de la cuisine et buvait son café en silence. Un verre d'eau avec un médicament effervescent dedans était posé juste à côté de lui. Quand il sentit ma présence, il se retourna.
-"Bonjour." Lui dis je.
-"Salut.."
Il baissa les yeux. Je mis de l'eau à chauffer et pris un sachet de Earl Grey dans un placard. Un silence pesant s'instaura. Une fois que mon thé infusa, je me mis contre le plan de travail face à lui, et je me mis à le fixer. Au bout de longues minutes Tristan engagea la discussion.
-"Je suis vraiment désolé pour hier... Tu n'étais pas censé être mêlée à tout ça."
Je hochais la tête avec un air désapprobateur.
-"Ah oui ? Et c'est dans tes habitudes de te murger de la sorte?"
Ma voix avait été un peu plus forte que je ne l'aurais voulu.
-"De toute façon qu'est ce que ça peut te faire?"
Le ton était aussi monté de son côté si bien que la colère me gagna.
-"Qu'est ce que ça peut me faire? Tu es sérieux là? Tu t'es vu hier Tristan? Tu pouvais à peine marcher hier! On aurait dit un gamin buvant pour la première fois sauf que toi tu as presque trente ans et que tu es censé te conduire en adulte!"
-"Oh ça va !! J'ai déconné c'est bon! Fous moi la paix avec ça!"
-"Te foutre la paix? Et puis quoi encore? J'ai été obligé de venir te chercher au commissariat! C'est quoi ton problème à la fin?"
-"Mon problème? Tu veux vraiment le savoir?"
Il s'était levé en criant cette dernière phrase. Je croisa mes bras sur la poitrine et ferma les yeux pour me calmer. Une fois que la colère était quelque peu retombé, je le regardais avec rancœur.
-"Oui! Je veux savoir pourquoi tu te bourre la gueule comme ça."
J'étais calme mais froide. Il me fusilla du regard avant de me répondre.
-"Mon problème? C'est toi! Cassandra Drake."
Il n'avait pas cillé en disant cela. Sa réponse avait eu l'effet d'un coup de poing et au vu du ton acerbe qu'il avait employé, c'était l'effet recherché. Je continuais de le fixer décontenancée. Il fut le premier à rompre le contact visuel.
-"Et merde alors!"
En criant cela, il fit voler le verre qui se trouvait devant lui. Ce dernier se brisa contre le mur à cause de la violence du choc. Je continuais de le fixer stoïque, sans savoir quoi dire ou quoi répondre. Il s'assit et prit sa tête entre ses mains.
-"Tu es mon problème Cassie..." Dit-il si bas que ce fut presque inaudible. "Cette nuit là... Je... Depuis le temps que je te désirais... Lorsque tu as commencé à me toucher, à m'embrasser, je savais que cette fois je ne pourrais pas te résister... Et puis... Nous l'avons fait..."
Sa voix se brisa.
-"Je n'avais jamais rien vécu d'aussi fort. Lorsque je me suis tourné vers toi pour te prendre dans mes bras et te dire à quel point ça avait été incroyable, tu t'es mise à hurler... Tu as éprouvé du dégoût pour ce que nous venions de faire et envers moi. J'ai cru que j'allais devenir fou..."
Mon cœur se serra lorsque j'entendis ses explications. Mes larmes commencèrent à couler le long de mes joues. Il releva ses yeux vers moi et je pu voir que même si il ne pleurait pas, ses yeux émeraudes étaient remplis de larmes.
-"Dis quelque chose... Je t'en prie". Implora t-il.
Je fermais les yeux une seconde et j'inspirais profondément. En les rouvrant je vis que Tristan me fixait toujours. Il n'y avait plus aucune once de rancœur à mon encontre, seulement de la tristesse et de la crainte.
Je m'approchais et le contemplais pendant quelques instants. Il baissa la tête mais je pris son visage en coupe. Lentement mes lèvres se rapprochèrent des siennes jusqu'à les trouver.
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Si la raison commandait nos sentiments [En Pause]
RomantikCassie Drake a vingt deux ans et mène une vie irréprochable. Elle est étudiante en droit dans l'une des université les plus réputées de France. Elle partage sa vie avec Etienne, son petit ami ingénieur ainsi que Nouki, son bouledogue français depuis...