sunny book [rb]

je n'arrive plus à être heureuse

je n'arrive plus à être heureuse

Je crois que je me noie.

Où est passée la pureté que l'année dernière, je touchais du bout des doigts ? Où sont passées les soirées sans maux de tête et les nuits sans larmes ? Les fleurs de cerisier de la rue Falguière ont fané ; le ciel est si gris et mes poumons sont plein de mélasse.

Pourquoi je retombe ?

Je recherche ce sentiment de bonheur tranquille que j'avais cru enfin saisir, mais il me glisse entre les doigts. Encore. Je ne pense plus ; je vis. Je vis parce que je ne peux pas mourir, mais au fond, est-ce que je vis vraiment ?

Mes journées sont si démêlées et n'ont plus aucun sens, mon emploi du temps ne me sert plus à rien et je suis si fatiguée. Je suis lasse de mes tempes qui se serrent et de ma vision qui se brouille, je suis lasse de ma voix qui se casse et des pleurs de fatigue.

Ce rouge à lèvres que je ne mets plus par plaisir mais par habitude, et parce que de toute façon on ne me reconnaîtrait plus sans. Cette teinture qui était un essai désespéré de changer mais qui déjà m'ennuie. Mes yeux qui collent le matin et le café qui n'a pas de goût. Les cours inintéressants et les disputes idiotes.

Il n'y a plus de lumière.

Et pendant la journée je ris, parfois, et j'ai même l'illusion que tout va bien. Mais dès que je suis seule avec mes pensées, je me retrouve face au vide immense qui grignote mon âme. Je n'ai même pas de bonnes raisons de me sentir ainsi. Et ça ne fait que rendre les choses pires.

La chute fait encore plus mal maintenant que je sais à quoi ressemble le sommet de la montagne.

J'ai envie de vomir et j'ai si peur et je ne sais plus où je vais.

Je m'étais promis d'arrêter de me mettre à nue sur ce livre, sur ce compte ; je m'étais promis d'écrire pour moi. Mais j'ai tant besoin d'attention, donc je le fais quand même. Je suis si pathétique. Pauvre petite chose en manque d'amour. Comme je vais chercher les câlins et les mots doux, comme je me réfugie dans les histoires romantiques, comme je me consume d'envie de me sentir aimée. De sentir que je vaux quelque chose.

Parfois je pense à l'avenir mais je ne vois qu'un tunnel sombre. Pas de lumière au bout. À quoi ressemble la lumière ? Il m'a fallu si peu de temps pour oublier, deux mois à peine.

À quel moment j'ai fait les mauvais choix ? Au fond, la Bête noire n'attendait que ça depuis des années, une faiblesse, une migraine, un trébuchement, pour me sauter dessus. Je me bats et j'attends la suite, j'attends la fin. Mais quand arrivera-t-elle ? Quelle est-elle ? Existe-t-elle ?

Je me sentais tellement chez moi, voilà que j'erre à nouveau dans le noir.

Si seulement j'arrivais à en parler, à en parler vraiment, et non sur le ton de l'humour.

Comme je me noie dans la musique ou les réseaux sociaux pour éviter de penser trop. Comme je ne mange que du sucré pour remplir le néant. Même la consommation ne m'apporte plus de joie. Où suis-je ? À quel moment ai-je perdu le chemin ?

Je vais le retrouver, je le sais. Je m'accroche à pleines mains à mon espoir. J'attends de remonter. Mais ça se fait attendre et j'ai si peur d'avoir rechuté pour de vrai. Laureen me l'a dit il y a peu, on ne guérit jamais vraiment de la dépression. Elle a raison et je suis terrifiée.

Je préfère croire que ce n'est que passager. Après tout je ris et je souris et je taquine. Je ressens. Et quand je suis avec les gens que j'aime je veux me dire que ça va aller. Je le veux si fort.

Ça va aller.

Ça va aller.

Ça va aller.

Je ne sais quand ni comment mais les cerisiers de la rue Falguière seront en fleurs à nouveau et le vide dans mon âme sera comblé par des rires et des caresses. La Bête noire retournera se terrer dans un coin de moi et le ciel sera bleu.

Courage à moi-même et à tous.tes celleux qui traversent le même genre de passe. Ça va aller, je le sais. On va le faire. Les cerisiers refleuriront.

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