Un souhait pour Noël [Vkook]

Chapitre 3

Le gardien venait de passer pour s'assurer que plus personne ne traînait dans le parc, par chance la nuit avait camouflé le corps mince de Jungkook qui s'était dissimulé derrière un arbre en attendant le passage de l'homme à l'uniforme. Mieux valait qu'on ne l'attrape pas à rôder par ici, ce n'était jamais très bien vu de dormir sur le banc d'un parc supposé fermé.

Une fois le tour du gardien effectué par deux fois, Jungkook retourna s'asseoir sur le banc. Après tout, il ne faisait pas trop froid pour un mois de décembre et il était bien habillé, il allait survivre, pour sûr. Mais dans quelles conditions... Par chance ce soir il ne faisait pas mauvais, la météo avait eu la clémence de l'épargner, mais ça ne risquait pas de durer, il savait que des perturbations étaient en chemin et il craignait bien d'être toujours à la rue le jour où il pleuvrait ou neigerait, d'ici quelques jours.

Assis sur son banc, enroulé dans sa doudoune sous laquelle il avait enfilé un pull rouge, il maudissait sa famille et les larmes avaient commencé à couler naturellement. Comment, dans un pays comme celui-ci, pouvait-on à la fois être si avancé technologiquement et si en retard moralement. Oui il voulait tracer sa propre voie, oui il aimait les hommes, et alors ? Qui est-ce que ça pouvait bien déranger ? Qui est-ce que ça pouvait bien intéresser ? C'était comme choisir entre un rideau rouge ou jaune, il n'y avait aucune raison valable pour rejeter celui qui choisirait telle couleur, il n'y avait pas plus de raison pour se voir imposer l'une des deux couleurs. Eh bien lui, il avait la sensation qu'on voulait absolument lui imposer une couleur qui, plus que lui déplaire, l'écœurait profondément.

« Putain de merde, » lâcha-t-il est balayant ses larmes d'un revers de la manche rageur.

Le ciel dégagé pourtant était magnifique, constellé de myriades d'étoiles toutes plus lumineuses et rassurantes les unes que les autres. Un léger sourire prit place sur les lèvres de Jungkook : ces étoiles lui faisaient penser à Jimin. Il était le seul qui le comprenait vraiment, mais avec l'université, ils ne se voyaient plus autant qu'avant et il lui manquait énormément. Le jeune garçon avait vraiment l'air heureux de partir en voyage, et Jungkook était ravi pour lui, mais il aurait bien aimé avoir quelqu'un à qui se confier. Lui révéler tout ce bordel, ça reviendrait à inquiéter le pauvre étudiant qui ne méritait que de profiter de ses belles vacances, Jungkook ne pouvait pas lui faire ça.

Alors il regardait les étoiles, parce que quelques mois plus tôt, Jimin lui avait assuré qu'une vieille histoire racontait que s'il adressait un vœu à la plus éclatante d'entre elles, alors il se réaliserait. Pour cela, il fallait faire un vœu sincère, simple, un vœu qui venait du plus profond du cœur. Mais son cœur, Jungkook sentait qu'il était déchiré et complètement vide, que chaque battement le faisait souffrir et entrecoupait sa respiration haletante de sanglots. Alors, chassant de nouvelles larmes qui menaçaient, il se mit à parcourir le ciel d'un regard désespéré et ses yeux coururent d'étoile en étoile avant de se fixer sur l'une d'elle. Elle irradiait la voûte nocturne de sa lumière. C'était elle.

Ses membres tremblaient, il avait les mains transies par le froid ; il aurait dû prendre des gants, il n'y avait même pas songé, et finalement il avait enroulé ses doigts dans un simple t-shirt qu'il avait dans son sac. Ainsi, alors que sa mâchoire claquait doucement, il se recroquevilla sur le banc, posa ses mains enroulées dans le tissu chaud contre son cœur et, après un bref soupir qui avait fait naître devant lui un petit nuage de vapeur blanche, il s'adressa à l'étoile :

« Je voudrais simplement quelqu'un qui me comprenne et soit toujours là quand j'en ai besoin. »

Un instant, il crut voir l'étoile briller, mais c'était simplement la larme qu'il avait au coin de l'œil qui lui avait donné cette impression erronée. Alors, dans un nouveau soupir, il s'allongea sur le banc et, malgré les quelques larmes qui s'échappèrent encore, il ferme les yeux et sombra lentement dans le sommeil.

Plongé dans les bras réconfortants de Morphée, il ne vit pas l'éclat surnaturel que revêtit, l'espace de quelques brèves secondes, l'étoile.