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Avant de me confronter à Hel, je devais en apprendre plus sur son royaume. Découvrir quelque chose, je devais retourner sur les lieux pour en savoir davantage. J’étais maintenant certain qu'Emil n'était pas mort. Certain qu'il avait agi ainsi pour faire cavalier seul et ne pas nous entraîner dans une situation plus dramatique qu'elle ne l’était déjà.

Je feuilletais des livres dans le but d'en savoir plus, mais les pages ne m'apprenaient rien. En fait, à part relire la même chose, je ne faisais aucun progrès. J'espérais que je ne faisais pas ça pour rien. Je reposais et reprenais d'autres livres. Mais Nibelheim restait un très beau et surprenant à la fois, en plus d'être mystérieux. Au final, je n'avais absolument rien appris sur ce royaume, hormis le fait que Hel n’était pas celle que je croyais. J’étais maintenant certain que Kairi avait compris sa véritable nature. Mais j’avais besoin de le confirmer.

J'avais beau jouer le roi fort et stoïque, j'étais assez inquiet pour la suite. Pour moi, Hel n'était pas qu'un simple esprit. Je ne remettais pas en doute la puissance des esprits de Kairi, ni même Yutis mais Hel semblait appartenir à une autre catégorie.

Je sortis de la bibliothèque en mettant ma capuche sur la tête afin de ne pas attirer l'attention. Je me promenai de façon incognito dans le royaume afin d'observer la configuration des lieux, sans me faire surprendre. Il y avait les soldats de Vdrike un peu partout, je devais rester discret. Cet elfe était un hommage cruel, en venir aux mains contre lui ne serait pas la bonne option pour le moment. Il était Bahamut en personne, et l’affronter n'aurait aucune utilité. Il semblait intrigué par Kairi.

Alors que j'étais perdue dans de profondes pensées, je me rendis compte que j'avais percuté un garçon. Il avait des cheveux étranges et semblait plus grand que Kairi. Il était fin et avait des yeux noisettes. Sur sa clavicule était inscrit 027. Je répétais ce chiffre dans ma tête car je savais que je l’avais déjà vu inscrit quelque part. Ou que j’en avais entendu parlé.

Non, impossible. Cela me revint à présent. Il faisait parti des prisonniers envoyés dans l’arène, acheté par l'un des maîtres des jeux.

—J-Je suis désolé !
— Pourquoi t’excuses tu ? Lui demandais-je.

Le jeune garçon était paniqué à l'idée que je lui adresse la parole. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi mais son visage était rouge. Ses yeux enflés comme s’il avait pleuré.

—C'est plutôt à moi de m'excuser, je n'ai pas regardé où je marchais et je t'ai bousculé.

Je compris qu'il était l'esclave sexuel de cet elfe. Il était l'esclave de Vdrike, pas étonnant. Mais j’avais là, un atout de taille contre mon adversaire. Je pourrais certainement me servir de cet humain afin d'entrer dans cette grotte, Vdrike avait posté des gardes à cet endroit pour protéger les lieux.

—Tu es le prisonnier de Vdrike, n’est-ce pas ?
—C-Comment connaissez vous Vdrike ?
—Est-ce que tu veux, bien qu’on discute dans un endroit plus discret ?

Il hocha la tête sans même me poser des questions, puis il me guida dans un petit parc vide, recouvert par la neige.

—J'ai un marché à te proposer, lui dis-je honnêtement. J’ai besoin de ton aide pour infiltrer cette grotte. Si tu acceptes de m’aider, je te promets de t’emmener en lieu sûr.

Vdrike avait abusé de ce jeune garçon avant que je  le rencontre. Depuis notre position, je voyais l’accès à la grotte, mais gardée par deux de ses hommes. Si j’arrivais à les neutraliser sans qu'ils appellent leur chef, je pourrais pénétrer à l’intérieur sans problème. Mais pour ça, j'avais besoin de son aide.

Je pus voir un sourire sur ses lèvres. En fait, ce que je lui proposais était assez simple. Enfin, non. Il devait faire diversion en acceptant de passer du temps avec Vdrike, juste le temps pour moi de faire ce que je devais faire ici. Je n’avais pas beaucoup de temps pour chercher un indice d'Emil à l’intérieur, mais je devais le faire quand même. Je me devais de prendre ce risque.

— Je compte sur toi…Euh...

Merde, j'étais mal à l'aise, je ne savais pas son prénom. Ce n’était pas digne d'un roi.

—Vdrike m'a pris mon nom, en même temps que ma dignité.

Ce garçon était humain et avait pris la décision d'abandonner son identité au moment même où il était tombé entre les mains de cet elfe. Je pouvais comprendre sa réaction, ce n’était pas évident. Il avait du terriblement en souffrir.

—Que dirais-tu que je te donne un prénom, dans ce cas ?
—Ce ne sera pas la peine. Tant que je serai lié à Vdrike, je ne veux pas d'une identité. Si je dois mourir de ses mains, je préfère qu'il n'emporte pas mon véritable moi.

Puis il me tendit la main.

—Et vous, quel est votre nom ?

Je fixais sa main. Elle était petite et toute tremblante. Je sentais la sincérité de cet humain et son envie d'un avenir meilleur.

—Killik.

J'acceptai volontiers de serrer sa main. J’étais sûr que Kairi s'entendrait bien avec lui. Ils se ressemblaient, pas forcément physiquement mais, ce sourire sincère et cette envie de se battre étaient les mêmes. Il finit par accepter ma requête. Il devait me faire gagner assez de temps contre Vdrike.

Cet enfant acceptait une énième humiliation pour me venir en aide et changer son destin. 

Arrivé devant les deux hommes, les maîtriser n’était que l'affaire d'une minute, puis je pus rentrer dans la grotte.

Je me dirigeais directement dans la salle où avait eu lieu notre précédent affrontement. C’était ma dernière solution, mon dernier espoir. Je fouillais partout, n’ignorant aucun espace, aucune roche, ni même le moindre cristal. Mais à nouveau, il n'y avait rien. Mais quelque chose me disait qu'Emil était vivant. Je le savais, je le sentais ! Cet homme était incapable de mourir dans de telles circonstances.

Je touchais les murs et fixais la glace. Je devais mal m'y prendre. Emil venait de Djinn, donc les terres de feu. Logiquement, il pouvait manier cet élément comme moi pour le vent.
Un instant… le vent embrasait toujours la flamme…et si Emil avait…

Pourquoi n’avais-je pas penser à la magie de mon ami avant ? Je devais remonter dans les souvenirs pour comprendre son raisonnement. À l'époque, nos parents n'avaient pas de bonne relation et nous avions mis un stratagème avec Emil pour nous retrouver, et communiquer. Il gravait toujours dans son feu un message que je découvrais grâce à la magie du vent. En embrasant le feu ardent de mon ami, je pouvais lire ses messages à mon attention.

Logiquement, il aurait reproduit la même chose ici. je me concentrai en prenant une grande inspiration, je finis par expirais en laissant une trainée de fumée sortir par ma bouche.

J'utilisais ensuite la magie du vent afin de détecter la chaleur dans l'air. Dans un premier temps, je peinais car cela faisait longtemps que je n’avais pas eu recours à cette méthode. Je n’étais pas un mage dans l’âme. Je préférais manier la faux.  Mais le vent détecta un concentré de chaleur après une longue minute de silence. Quand je trouvai enfin le message, ce dernier était écrit en ancien Djinn.

Bien évidemment, Emil avait pensé à tout. L’écrire dans cette langue pour être certain que personne d’autre que quelqu’un de confiance ne puisse le comprendre. Malheureusement, je ne maîtrisais pas cette langue, je n’étais pas capable de le déchiffrer par moi-même.

La seule personne de confiance sur qui je pouvais compter dès à présent était Mustang. Le roi de Djinn l’avait fait exprès pour que personne ne puisse le lire, personne sauf elle. L’ancien Djinn était une langue perdue, oublié par un grand nombre de personnes, mais je savais que Mustang maitrisait cette langue grâce à Emil.

Je sortis de la grotte avec mon objectif atteint, mais je tombai nez à nez avec une personne dont le visage était recouvert d’une capuche.

—Laissez-moi deviner. Vous m'avez suivi, Valkyria ?

J'entendis un léger son de voix rire, puis laissais la silhouette camouflée porter ses mains sur son visage pour retirer cette capuche. Une sombre chevelure noire jaillit ensuite, laissant le visage froid et expressif de Valkyria au grand jour.

—Je suis intriguée. Vous connaissez Vah’Nalla, j'ai le droit d'en savoir plus sur vous.

Cette femme pleine de mystère m'intriguait. Je pourrais peut-être me servir d'elle, si elle y tenait autant.

— D’accord, vous avez gagné.

Je venais d'être pris en flagrant délit par cette maudite reine. Valkyria ne pouvait pas être pire que Vdrike de toute façon, alors autant lui dire franchement la vérité. Je sentais au fond de son regard qu’elle avait envie de m’aider. Elle devait avoir des raisons d'agir de la sorte, cela allait au-delà de notre première rencontre. J’ignorais pourquoi mais si l’avoir à mes côtés m’apportait un avantage, alors je n’allais pas dire non.

Les Alèthéias qui se tournaient le dos dans ce conflit me divertissaient. Ils étaient puissants mais divisés à cause de l’impact qu’avait eu Aïra sur eux.

KILLIK ( KAIRI, Vol.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant