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Il ne nous restait plus que deux jours avant le grand départ et nous ignorions si nous rentrerions chez nous tous, un jour. Kairi allait devoir contrôler trois pouvoirs en même temps en plus de la volonté d'Aïra. De nous deux, Kairi était le plus courageux. Accepter un destin auquel il n'était pas promis. Alors avant de partir pour Vah'Nalla, je voulais rester avec lui le plus longtemps possible.

—Kairi, comment te sens-tu ?
— Eh bien... je... hésita le garçon. Je...
— Je vois bien que tu es complètement perdu, et c'est normal. Mais n'oublie jamais que tu n'es pas seul.
— Pardonne moi...
—Arrête, je ne t'en veux pas. Je suis là, le rassurais-je.

Je ris quand il se détendit un peu plus. J'étais content de l'avoir retrouvé, mais triste de le mêler encore à cette histoire. Il méritait une vie plus heureuse, loin de ce conflit dénoué de sens, mais il était là. Vaillant et bienveillant dans ses décisions. Chaque fois, il m'impressionnait.

—Et puis, nous n'avons pas encore quitté Iris, lui dis-je.
— Tu as raison, je suis désolé.

Il doutait de sa force mais c'était son côté humain qui ressortait.

—Non, tu es le garçon le plus courageux du monde. À vrai dire, je t'envie beaucoup.
— V-Vraiment ? Me regarda-t-il.

Kairi m'offrit son grand sourire en même temps que sa question. Ce sourire niais était plein de chaleur. Il était la chose la plus belle qu'il possède.

—Kairi, si jamais je ne reviens pas, sache qu'Iris t'appartient.
—H-Hein ? Mais tu...
—Je ne compte pas mourir, mais je ne peux pas garantir notre sécurité. Si ta vie est en danger, je donnerai la mienne pour te sauver.

La première fois, je n'avais pas su protéger Aïra des siens. Aujourd'hui, je me devais de veiller sur Kairi pour lui, mais aussi pour ce garçon aux cheveux blancs.

—Si nous revenons vivants, j'accepte de t'épouser, Killik.

C'était une raison suffisante pour me battre jusqu'au bout. Je souris à mon compagnon et quand je me penchai pour l'embrasser, Emil ouvrit la porte de notre suite.

—Mustang a ouvert les yeux, mais Valkyria a insisté pour qu'elle se repose.
—C'est vrai !? Sursauta Kairi en s'éloignant de moi.

Syphie avait grandement aidé Mustang à se remettre de ses blessures. Les progrès de Kairi étaient impressionnants, ce don ne devait pas tomber dans les mains d'Ardyn. Mais quelque chose avait changé en lui. Il semblait plus mature et réfléchi quand il le fallait. Il gardait sa naïveté mais il était encore plus courageux. Il n'avait pas hésité à me sauver pendant l'épreuve de Yutis alors qu'il m'avait oublié.

Kairi avait un regard différent, et quand il se tourna vers moi pour me regarder, j'en compris toute l'étendue.

—Killik, apprend moi à manier une épée ! Me demanda Kairi.
—Non, c'est dangereux, rétorquai-je sans réfléchir.

Ma réponse le contraria. Mais il ne le quitta pas du regard. Kairi maniait le pouvoir des esprits, la volonté d'Aïra, il pouvait bien porter une épée sur lui. Il était prêt à présent. Mais il devait comprendre que s'en servir contre quelqu'un changerait son existence à tout jamais.

—Très bien. Mais pas n'importe laquelle alors.

Emil me regarda, surpris par ma réponse.

— Killik, ne me dis pas que...
—Si, lui dis-je simplement.

Kairi me remercia et Emil partit sans rien ajouter. Demain, nous irions voir Mustang et Valkyria. Mais pour l'heure, il était encore trop tôt, et bientôt je serai séparé de Kairi.

Installé sur le lit, je mis ma tête sur ses genoux pour fermer les yeux, et me plonger dans mes pensées.

***

C'était il y a un an. Nous venions d'échapper à Gildarts. Ma relation avec mon frère s'était dégradée le jour où j'avais hérité d'Iris. Chassé du royaume, il s'était rendu à Praguaa où il avait tué l'ancien, Rahoï III. Il avait fait en sorte que la compagne de ce dernier le trahisse pour s'infiltrer dans leur royaume et prendre le pouvoir. Une fois le trône atteint, il s'était débarrassé de sa maîtresse.

K-Kairi ?

Nous venions de tomber de ce ravin. Je saignais suite à notre descente brutale mais aussi parce que j'avais reçu une balle dans l'épaule. Il pleuvait abondamment, et je n'avais aucun de signe de vie de Kairi. Milla était à côté de moi malgré ses blessures.

Je me relevais difficilement. La chute m'avait blessé, j'étais affaibli et inquiet pour Kairi. Je ressentais sa présence mais sa lumière s'éteignait doucement. Je devais faire vite et le retrouver !

« Faîtes que Kairi soit sain et sauf, Anémoi Thÿellai ! » Priais-je à répétition dans ma tête.

Je marchai à côté de la jument sous cette tempête de pluie. Je devais pousser la végétation qui se dressait devant moi pour avancer encore et encore. Je ne pouvais pas abandonner ce petit humain, il était l'un des premiers à m'avoir tenu tête. Non, cela allait au-delà, c'était de ma faute si aujourd'hui, il en était arrivé là, alors il devait vivre. Je comptais faire de lui mon époux. Il n'avait pas le droit de mourir, pas à cause de ma relation avec mon frère.

KAIRI !?

En dégageant quelques branchages, je tombais nez à nez sur lui. Le garçon était littéralement empalé sur une épaisse branche. Kairi était à peine conscient mais je ne perdais pas de temps et me précipitais à terre, n'hésitant pas à me mettre à genoux pour tenter de l'aider.

Reste avec moi...Kairi !

Je perdais mes moyens pour la première fois depuis longtemps. Je revoyais le visage d'Aïra juste avant qu'il ne trouve la mort. Et ce n'était pas le destin que j'allais laisser Kairi choisir. Je ne voulais pas être impuissant une fois encore.

Kairi ! Kairi ! Je suis là, tout va bien, Kairi. Tout va bien.

Je caressais sa joue pour le rassurer, mais surtout pour l'empêcher de fermer les yeux. Sa peau était froide et humide, trempée par la pluie. Je devais le sauver. À tout prix.

J'avais quelques notions en magie mais ça devrait suffire à le maintenir en vie jusqu'à notre arrivée à Iris. Et après un long moment de lutte, je venais de réussir à le maintenir en vie. Seulement, son état était critique...l'hémorragie s'était temporairement arrêtée mais il devait avoir un suivi d'urgence.

Arrivé à Iris avec Kairi dans mes bras, des soldats m'aidaient à le mettre sur mon lit. J'avais fait appel à plus d'un guérisseur pour le sauver.

Pendant tout ce temps, j'étais resté à ses côtés dans l'espoir qu'il ouvre les yeux. Psychologiquement, je m'étais malheureusement préparé à accepter sa mort. Mais au fond de lui, Kairi s'était battu. Pas à cause d'Aïra, mais parce que son courage n'avait pas de limite.

***

En y repensant aujourd'hui, mes sentiments pour lui étaient nés après cette histoire. Mais pour Kairi, pas parce qu'il était Aïra. Et Kairi m'aimait pleinement, sans que ses sentiments ne se confondent avec ceux de son prédécesseur.

À présent, je voulais chérir chaque moment à ses côtés. Je n'avais pas su protéger Aïra des Alèthéias et quand le moment de lui raconter mon histoire viendrait, j'avais peur qu'il me déteste.

Je savais donc que Kairi utiliserait cette épée pour faire le bien, mais que le moment venu, il devrait s'en servir.

KILLIK ( KAIRI, Vol.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant