KILLIK ( KAIRI, Vol.2)

Page 6.

Je venais de faire tout un long trajet pour  rencontrer Mustang pour  que j’apprenne qu'elle soit absente. La chance n'était clairement pas de mon côté. Je me rendais directement en ville afin de me renseigner auprès de la population. Mustang avait repris le flambeau de Djinn en attendant le retour d'Emil. Pour elle, il était absolument impossible qu’il meurt dans ces conditions, elle qui n'était qu'un simple soldat de mon armée pensait de la même manière que moi. Quelque chose n'allait pas avec cette histoire. Je savais qu'elle n'était pas attirée par la royauté, elle ne le faisait pas pour la richesse, mais pour faire ce qu’il lui aurait demandé.

Emil et Mustang avaient toujours été très proches. Ils se connaissaient depuis l'enfance et quand je l’avais rencontré, ils étaient déjà amis. Mais, Emil était tombé amoureux d'elle. Ce regard amoureux qu'il avait ne me trompait pas. Mustang ne montrait rien sur ses sentiments. Il était difficile de la comprendre tant elle restait impassible. Pour reprendre un trône, il ne fallait pas seulement de la force physique mais également du courage. Diriger tout une puissance demandé une force de volonté inébranlable, et Mustang avait ça en elle. Elle n’était pas liée à Valkyria pour rien.

La mort d'Emil nous avait beaucoup affecté. Je comprenais sa peine, j'avais en plus perdu Kairi ce jour là. Décidément, Dieu ne me portait pas dans son cœur.

Finalement, j'arrivais dans un coin surprenant des terres chaudes de Djinn. Le territoire souffrait de sécheresse très intense et persistante. Cela était lié au pouvoir de Kairi entre sa maladresse à le manier, et sa perte de mémoire. Mais étrangement, cet endroit semblait ne pas appartenir au royaume, il y avait une terre bien ferme et fertile, pleine de vie de végétation. Le lac brillait grâce aux rayons du soleil, offrant une autre vision de Djinn. Plus au loin, je vis la silhouette d’une femme.  De dos, elle se tenait debout face au lac à regarder le royaume à perte de vue. Le vent chaud souffla et fit onduler sa magnifique chevelure sombre.

— Mustang, tu vas bi...

Je m'arrêtais. Il s'agissait bien d'elle. Mais elle ne regardait pas le décor du royaume, mais bien la stèle d'une tombe où des fleurs venaient d’être déposées. Sur la stèle, il était inscrit Emil III. Elle avait fait une tombe en sa mémoire. Je ne pus m'empêcher de repenser à cet ami que j’avais perdu. Il avait accepté Kairi et me rendais compte qu'aujourd'hui, je les avais perdu tous les deux. J'avais un doute concernant sa mort mais pour l’heure, il était impossible de l’affirmer. Avec Mikleo, nous n'avions pas retrouvé son corps ni même un cheveux, rien. Et c’était bien ça le problème.

— Mustang, tu ne dois pas vivre avec de regrets.

Ses longs cheveux noirs couvraient l'intégralité de son dos. Elle avait mis une légère veste rouge en gardant sa combinaison noire, assortis à ses escarpins.

— Je voulais juste lui offrir un dernier hommage.

Elle souriait tristement. Mustang était une femme forte, mais la mort d'Emil l'affectait énormément. Je voyais des cernes apparentes sous ses yeux rouges et constatais un amaigrissement du corps. Elle tentait de rester forte mais parfois, pleurer était la seule solution.

— Mustang, est-ce que tu l’aimes ?

Un visage amoureux ne pouvait pas me tromper. Être dur le point de pleurer pour une personne, ça c’était une belle preuve d'amour.

— Eh bien, que dirais tu de le lui dire en face, hein ?
— Mais Majesté, Emil est mort !

Mustang n'était jamais venue lorsque Mikleo et moi allions à Nibelheim. Alors logiquement, elle le pensait mort. Je me devais finalement de la mettre au courant sur nos recherches. Je pris le temps de lui expliquer mon nouveau périple, dans évoquer un seul instant Kairi.

Notre propriété était de trouver Emil. Cela faisait une année que j’attendais un miracle, mais je savais que je devais prendre les choses en main si je voulais mériter ma place aux côtés de Kairi. Mais je ne le faisais pas uniquement pour moi, mais pour également Aïra. Cette histoire ne s’arrêtait pas uniquement à Hel, c’était bien plus complexe que cela. Les Alèthéias étaient impliqués depuis bien trop longtemps dans cette guerre sans fin pour ne pas vouloir y mettre un terme définitivement.

— Majesté, concernant Kai…

Il s’était mis à pleuvoir avant même qu’elle ne prononce complètement son nom. La pluie coulait le long de mon visage et cela me permit de cacher les larmes que je versais.

— J'ai abandonné, lui répondis-je.

Je ne pus m'empêcher de la couper. Mustang s'inquiétait pour moi car elle savait que Kairi avait perdu la mémoire. Qu’il avait une place importante dans mon cœur. Cependant, il n’était pas malheureux pour autant, alors je n'étais pas totalement abattu. Kairi avait eu la chance de survivre et cela n’avait pas de prix à mes yeux. De le savoir en vie suffisait à me battre pour lui. Et ainsi, j’avais le sentiment de ne pas l’avoir complétement perdu.

— Vous avez le droit au bonheur, Majesté. Au même titre que Kairi.

Mustang mit sa main sur mon épaule pour me rassurer. La pluie qui coula sur sa peau blanche la rendait encore plus belle. Mustang et Valkyria se ressemblaient tellement. Mais Mustang affichait moins de haine que la reine de Vah’Nalla.

— Vous êtes un bon roi, le peuple vous aime. Alors ne gardez par ce fardeau pour vous seul. Kairi ne le voudrait pas.

Je ne cherchais pas à être heureux. J'étais plus dans l'optique que si Kairi se portait bien, alors moi aussi. Au final, mon existence dépendait de la sienne.

Parfois, je repensais à notre première rencontre dans la forêt de Syphie. Je pensais que c’était un tissu de mensonges ces histoires d’âmes-sœurs qui se réincarnaient pour retrouver leur moitié. Kairi m’avait prouvé que par amour, tout était possible. Je l’avais perdu une fois, puis une deuxième, mais il n’était pas question de le perdre une nouvelle fois.

Avais-je le droit de ne pas abandonner mes sentiments pour lui ? De continuer à rêver de nous ? Même si je le voulais, jamais je ne pourrai en aimer un autre que lui, j'étais profondément amoureux de ce garçon.

Était-ce trop présomptueux de ma part de souhaiter qu'il revienne à mes cotés ?