Chapitre 1

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Trish

Un an plus tôt

Café en main, je pousse la porte menant au sous-sol. C'est ici que je travaille, La Galerie d'Art Ezra. Je suis en poste depuis près de trois ans et j'adore mon job. Je suis seule, personne pour me faire chier ou me distraire. Une panoplie d'œuvres plus anciennes les unes que les autres attendent de passer sous mon peigne fin afin d'être noté en valeur, en âge ainsi qu'en authenticité. Mes résultats académiques me permettraient surement de bosser dans un des meilleurs musées de la ville, certains m'ont même approchées, mais il ne faut pas tenter le diable. Je suis bien dans mon trou, et je dois y rester.

— Si ce n'est pas ma charmante employée !

— Ezra ! Comment ça va ce matin ?

—  Nerveux, comme avant chaque expos.

— Et chaque fois je vous répond quoi ?

— Que ce n'est pas bon pour votre coeur, disons-nous en même temps avant de rigoler.

            Ezra Logen est un homme dans la soixantaine. Il est charismatique, intelligent, et aussi mordu de l'art que moi. C'était un de mes professeurs à l'époque. Tout un hasard, non ? Le jour au j'ai appliqué ici, de par une petite annonce dans le journal, je me suis dis que le satané créateur avait enfin eu pitié de moi. Je le remercie d'ailleurs, car je ne pouvais trouver mieux. Mon patron tient la galerie et gère deux employés, moi et Anita, sa fille. Cette dernière approche la quarantaine, mais elle ne les fait pas avec son look bohême. C'est une artiste dans l'âme, une peintre d'exception. Parfois elle fait partie du lot des expositions, ce qui donne droit à quelques verres de vins dégustés en guise de célébration lorsqu'un client repart avec une de ses toiles. Je les adore tous les deux, ils sont devenus depuis trois ans ma seconde famille, bien mieux que la première en tout cas, mais bon, passons.

            La sonnette d'entrée de la galerie se fait entendre, un carillon agressant qui heureusement ne parvient pas entre les murs de mon atelier. Je crois que Ezra commence à avoir des problèmes d'audition, en plus de son palpitant défaillant, sinon qui endurerait ce truc à chaque visite ? On dirait un chiot qui se prend la queue.

— Je vous laisse, il y a des clients qui vous attendent alors que moi, ce sont des statuettes poussiéreuses, je lui lance avant de déguerpir.

Ezra sait que je suis une accro du boulot, s'il savait aussi à quoi je suis accro ! Il n'insiste donc pas et me laisse filer. Par chance pour moi puisque les matins débutent toujours de la même façon, c'est-à-dire avec une putain d'envie de jouir, plusieurs fois. Mon Dieu que je déteste ça ! Une fois la porte refermée, je m'empresse de poser mon sac à main ainsi que mon café, puis je déboutonne mon jeans. Dans ma poche, je trouve mon faux tube de rouge à lèvre qui s'avère être nul autre que le Womanizer. C'est un vibrateur succionneur de clitoris en version miniature. L'engin parfait pour la débile que je suis.

Le pantalon maintenant aux genoux, suivi de ma culotte, j'installe mon appareil et je le démarre sans attendre. Il est silencieux, discret, mais donne une sacrée sensation entre les jambes. Comme j'ai du travail par-dessus la tête, je dois faire vite, alors je m'adosse à la porte et passe la ganse de mon trench coat autour de mon cou. Ce dernier reste toujours accroché ici, pour faire bonne figure, mais il ne me sert qu'en cas de strangulation, comme maintenant. J'ai appris avec le temps à maitriser mes orgasmes. De leurs durés à leurs intensités, je sais ce que j'ai à faire pour en finir le plus rapidement possible. L'étouffement érotique est une action qui se doit d'être maitrisé, sans cela l'orgasme ressentit pourrait très bien être votre dernier. Non, mais, imaginez la tête de Ezra s'il me retrouvait pendue à la porte avec la chatte à l'air, le pauvre, son coeur lui lâcherait une bonne fois pour toute ! C'est donc pour cette raison qu'à moins de 30 centimètres de moi se trouve un banc d'appoint afin de me redresser, juste au cas où.

Dans mon cas, je le pratique depuis que j'ai 13 ans, j'en ai 25 aujourd'hui, alors faites le compte. Pourquoi si jeune ? Bande d'obsédé, la curiosité est un vilain défaut. Vous saurez tout en temps voulu, pour l'instant vous me distrayez et le manque commence à se transformer en douleur, alors fermez-la !
                             ***                                 

            Je suis de retour chez moi vers 18 heures. Après un saut rapide à l'épicerie, j'ai aussi du passé chez le teinturier. Je demeure dans un simple trois pièces, dans un quartier modeste. Mon appart en remplis d'artéfact en tout genre, de matériel pour justement les évaluer, et de poussière. Je déteste faire du ménage. Régina, ma voisine de palier, vient s'occuper de ma salle de bain une fois par semaine, je la paye grassement juste pour ne pas avoir besoin de m'occuper de cette tâche. Vous voyez un peu comment je suis. Quelque fois elle me demande plus cher encore pour passer la balayeuse, enfin, sa balayeuse, ce que je ne refuse jamais. Étant à la retraite, Régina à tout son temps et s'ennuie un peu. Elle possède maintenant une clé et s'affaire comme bon lui semble lorsqu'elle juge mon logis inacceptable. Je ne manque pas de moyen, donc je m'en fiche, au moins quand je reçois des gens c'est toujours passable niveau propreté.

Nous sommes vendredi soir, la semaine est enfin terminée et comme d'habitude je m'apprête à rendre visite à Mace. On se fréquente depuis près de 6 ans, mais ce n'est pas mon copain, je vous assure. Je ne pourrais même pas le qualifier en fait, parce que notre relation est strictement basée sur les besoins de chacun; sexuel bien entendu. Je ne sais rien de sa vie, de son boulot. Je ne sais pas non plus son nom de famille. Tous ces petits détails ne nous servent à rien.

Nous nous sommes rencontrés chez un psy, psy que j'ai d'ailleurs abandonnée au profit d'une après-midi débridé avec Mace. Ce dernier venait de claquer la porte du bureau en insultant le professionnel. Moi, je me tenais sur son chemin, au comptoir et en train de donner mon nom à la réception, quand il a foncé sur moi. C'était mon rendez-vous d'inscription, parce qu'enfin, pour la première fois, je voulais demander de l'aide. J'en avais assez. Néanmoins, à la place je me suis retrouvée chez Mace, bâillonnée, étranglée, et baisée jusqu'à plus soif. Depuis ce jour, nous nous servons l'un de l'autre afin d'assouvir nos envies de débauches. De cette façon, j'arrive à mieux fonctionner dans la vie, à mieux me concentrer. J'ai conscience que cela peut paraitre exagéré, mais fiez-vous à moi pour vous l'expliquer.

Imaginez un instant que le mec le plus bandant, le fantasme numéro un de votre vie, vous chauffe. Il vous caresse encore et encore, rendant votre souffle erratique, votre peau moite de sueur, ainsi que votre féminité humide à souhait. Ses baisers, ses mains, sa langue, prodiguent une combustion à vos neurones. Vous être fin prête à passer à l'acte, son membre titille votre antre brulant, mais il n'y pénètre jamais. Ce moment, où vous vendriez votre mère pour le sentir s'enfoncer. Et bien cette sensation, c'est celle que je ressens au moins 10 fois par jours, depuis aussi loin que je me souvienne.

Mace est la seule personne qui arrive à me comprendre sur ce point puisqu'il est presque comme moi, je dis bien presque. Ses besoins sont un degré au-dessus puisqu'il s'adonne aussi à des pratiques différentes avec d'autres filles, des trucs que je ne ferais jamais. Ensemble, il s'agit plus de bondage, de bdsm et de voyeurisme. Quelques fois une personne nous regarde et je kiffe carrément. Mace est super appliqué malgré son esprit tordu, il ne m'a jamais blessé, pas dans le sens ou la douleur n'était pas recherché en tout cas. Au début je lui en ai voulu, car comme j'en étais rendu à me faire aider, plonger dans la noirceur de la luxure avec lui m'a rendue encore plus exigeante, voire dépravée. Toutefois, comme c'est un dominant, il est vite arrivé à tempérer ma bête afin de la rendre accro à nos rapports, ce qui fait que je prie les jours de passer en vitesse afin de me réveiller les vendredis.

De plus, le physique de mon compagnon est alléchant, je ne peux pas le cacher. Mace est grand, bien bâti, et a les cheveux noirs, tout comme les yeux. Un onyx ténébreux qui une fois activé dans les plaisirs de la chaire, devient hypnotique. Sa force est d'autant plus pratique pour les prouesses qu'il nous fait subir. Je ne connais pas son histoire comme je vous l'ai mentionné plus haut, mais ce que je peux vous dire, c'est que ce gars refuse de se faire aider. Il aime baiser, martyriser, rabaisser, et j'en passe. L'unique chose que je sais c'est que le jour de notre rencontre était sa première et seule semaine de consultation chez un psychologue. Il n'arrête pas de me dire que je suis sa rédemption, que je suis une démone mise sur son chemin. Que s'il n'avait pas quitter ce bureau, il ne m'aurait jamais croisé. Je ne vais pas m'en plaindre, même si je sais qu'il n'est pas bon pour moi. De toute façon, personne ne l'est, puisque moi-même je ne suis pas une bonne personne.
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À plus les trolls😈

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