Chapitre 23

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Trish

Il est 23 heures et aucun signe d'Avery. Il avait pourtant dit qu'il viendrait dormir avec moi, je n'ai pas rêvé ! J'en suis d'ailleurs à me dire que j'ai rêvé tout ce s'est produit ce matin tant son absence me pèse.

J'ai hâte de sortir d'ici. Les infirmières sont au courant de mon dossier et si certaines d'entre elles sont professionnelles, d'autres le sont moins et me font sentir comme une malade mentale.

« Ouais, je suis la tarée qui s'explose les parties intimes à coup de chaussures ! »

Je pourrais me cacher derrière mon histoire et leurs cracher à la gueule qu'elles aussi seraient détruite, misérable et instable si elles avaient vécues mon histoire, mais je ne suis pas comme ça. Non, moi je me tais, j'absorbe et je souffre en silence depuis aussi loin que je me souviennes.

Cela me rappelle à quel point j'ai été montré du doigt lorsque j'étais petite, avant que je change de nom. Chaque fois qu'on m'appelait à l'école, au dentiste, chez le médecin, le nom d'Amy Lee Sherwood résonnait comme un synonyme du diable. J'étais pourtant une victime, mais les parents des enfants ne pouvaient s'empêcher de prendre les leurs dans leurs bras en me regardant avec pitié. Putain j'avais horreur de ça ! Je n'ai rien demandé ! J'étais une enfant moi aussi, qui ne demandais qu'à s'amuser, mais les jeux auquel je jouais depuis si longtemps leur faisaient peur. Et il y a de quoi !

Mon entourage, aussi mince soit-il, croit que je suis dans le déni. B pense que je me suis forcé à oublier, comme si je ne savais pas qu'elle savait. Son regard et ses réactions à mon endroit ont changé du jour au lendemain, c'était pas difficile de comprendre qu'elle avait fait des recherches sur moi. Et il y a Peter, qui me fout sous le nez ces séances d'hypnoses à la con.

La raison est simple, je me souviens de tout, presque dans les moindre détails, et d'aussi loin que ma mémoire me le permet, mais bon sang, vous, vous pourriez vivre avec ces images ? Sûrement pas ! C'est donc ce que je fais. J'imagine que ce n'est pas moi, que je ne suis pas, Amy Lee Sherwood. Néanmoins, c'est mon nom, et je rêve un jour de me le ré approprier sans qu'il ne représente la haine ou la pitié d'autrui. Pas pour moi bien sûr, les gens ne me détestes pas, mais qu'il n'inspire plus le malheur. C'est ce que je souhaite par dessus tout.

Aujourd'hui je suis Trishia Barton, c'est un nom commun, mais ce n'est pas moi. Même mon mec jouira en m'appelant de cette façon. C'est pathétique, mais à quel moment pourrais-je lui dire ce que je suis, d'où je viens et ce que j'ai vécue ?

Avery paraît si protecteur, c'est encore plus difficile pour moi d'essayer d'amorcer le sujet. Et surtout, je l'aime, je ne veux pas le faire fuir avec mon passé de merde. Quel homme ne partirait pas en courant en sachant cela ? Déjà qu'il m'aime pour ce que je suis, c'est énorme en sachant justement ce que je suis.

Je vais prendre un bain, il est plus de minuit, mais qu'est-ce que j'ai à faire de toute façon. L'eau quasi tiède me fait du bien, elle revigore les plaies que je me suis infligée. J'ai mal, mais davantage pour ce que mes démons m'ont poussé à faire. Les minutes passent et le manque d'Avery est si grand que j'en suis à nous remettre en question.

Peut-être a-t-il voulu seulement être gentil avant de foutre le camp pour de bon ?

Peut-être a-t-il réfléchi et s'est rendu compte à quel point je suis tordu ?

Les larmes coulent sur mes joues parce que j'y croyais. Je pensais que je tenais ma rédemption avec lui, mon happy end comme dans les romans à l'eau de rose, mais non, je suis dans la réalité et il n'y a rien de bon pour Amy Lee Sherwood. Ma naissance est un échec, comme ma vie. Je ne fais que me battre à contre courant et je dois l'avouer, c'est épuisant.

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